L’épidémie de fièvre Ebola fait de nouveau peur, après la psychose née des fausses alertes en juin dernier. Les Maliens qui semblaient tout simplement baisser la garde, craignent d’être sur la route de cette sale maladie subitement devenue un problème mondial de santé. Le risque de son intrusion sur le territoire malien est d’autant plus élevé qu’on assiste à l’abandon des messages de sensibilisation diffusés par les médias publics.
Mais le plus inquiétant est l’incapacité du pays à soumettre à un contrôle sanitaire efficace les personnes franchissant ses frontières. En Guinée voisine, l’épidémie a déjà fait 363 morts. Selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé(OMS), à la fin de la semaine dernière, ladite maladie avait tué plus de 933 personnes sur 1711 cas confirmés, suspects ou probables. Environ 282 personnes en ont succombé au Liberia, 286 en Sierra Leone et deux au Nigeria.
L’horrible maladie se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés. Elle provoque une fièvre caractérisée par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.
Rien ni personne ne semble être à l’abri, pas même les agents de santé qui sont censés maîtriser les gestes qui épargnent. Un médecin américain et une missionnaire de la même nationalité ont été atteints par le virus au Liberia où ils luttaient contre l’épidémie au sein d’une ONG humanitaire. Ils on été rapatriés par avion sanitaire et admis dans des hôpitaux spécialement équipés à Atlanta dans le sud-est des Etats-Unis.
Outre les deux Américains, un missionnaire espagnol de 75 ans ayant contracté Ebola également au Liberia a été rapatrié à Madrid. La sortie d’Ebola hors du continent africain pourrait faire bouger les lignes en matière de remède, car les deux Américains auraient favorablement réagi à un médicament qui n’avait jamais été testé sur l’homme avant.
En attendant, les Africains devraient prendre leur mal en patience. Lors du sommet Etats-Unis- Afrique, le président Barack Obama a annoncé qu’il n’y a pas suffisamment d’informations sur le traitement testé sur les deux cas américains pour l’envoyer en Afrique de l’Ouest. Selon le Centre pour le contrôle des maladies, le CDC d’Atlanta, il y a eu un nombre important d’appels au sujet d’Ebola après que l’arrivée des deux patients américains ait été annoncée.
Comme au Mali, la psychose semble avoir gagné les auteurs de ces appels dont certains auteurs, près d’une demi-douzaine, ont été choisis pour des tests qui ont été négatifs à l’Ebola. Dans les aéroports européens et américains, les passagers en provenance d’Afrique sont soumis à des tests de dépistage. Des cellules d’isolement sont installées dans certains cas pour prendre en charge les malades ou tous suspects développant les symptômes d’Ebola.
Il ne faut pas laver les morts
A défaut d’un traitement, des mesures sont conseillées pour éviter la maladie, à savoir: ne pas se serrer les mains d’un malade d’Ebola, ne pas toucher tout animal trouvé mort en forêt, ne pas manipuler sa viande ou encore toucher sans protection les vomissures, le sang, la selle d’un malade souffrant ou ayant succombé d’Ebola.
Il vaut mieux ne pas dormir avec le malade de la fièvre Ebola, rester sans protection près d’une personne qui en est malade et ne pas toucher ou manipuler les vêtements et autres objets souillés par le malade. Manipuler les vêtements et linge des malades s’avère dangereux; il faudra donc prendre le soin de les bouillir avant de les laver.
Le plus difficile est que certaines coutumes et rites traditionnels doivent être abandonnés pendant l’épidémie. Ainsi, on ne doit pas toucher ou laver les cadavres morts d’Ebola, chose difficile à concevoir pour beaucoup de proches des victimes. Les pratiques de scarification coutumière et les tatouages qu’aiment les femmes doivent être aussi évitées pendant l’épidémie.
De nombreux hommes d’affaires maliens vont dans les pays touchés par l’épidémie comme le Nigeria où l’état d’urgence a été décrété pour faire face à la menace. Pourtant, selon les spécialistes, une des meilleures façons d’éviter une épidémie est de ne pas voyager dans un pays qui en est le foyer.
Soumaïla T. Diarra