Voici quatre mois environ que des Officiers de l’Armée malienne croupissent en prison au motif d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, de détention d’armes, etc. Ils sont militaires ou gendarmes, mais des policiers se trouvent également dans le lot. Incarcérés dans des bâtiments insalubres à Kati, leurs cachots, ils n’ont retrouvé un semblant de liberté qu’après l’alerte des défenseurs des droits de l’homme.
Et, dans la foulée d’une visite du tout nouveau Ministre de la Justice, M. Malick Coulibaly, ils firent face au Procureur de la République qui leur notifia les chefs d’accusation. Transférés au Camp I de la Gendarmerie de Bamako, ils attendent toujours d’être fixés sur leur sort. Certes, leurs conditions de détention se seraient améliorées, mais toujours est-il que l’inquiétude demeure.
À présent, le Général Hamidou Sissoko – le pauvre – et ses co-inculpés s’interrogent réellement sur ce qu’ils auraient fait. Leurs avocats n’attendaient plus, en effet, que l’ouverture d’un procès afin que la vérité éclate. Et ce, d’autant plus qu’ils restent convaincus de l’innocence de leurs clients. Quant à leurs familles, elles réclament également une telle éventualité dans le but de « blanchir » complètement leurs proches. Ceci est d’autant plus important que l’on continuerait à porter gravement atteinte à certains droits des détenus de l’après 30 avril 2012.
Pour preuve, la semaine dernière, leurs avocats avaient réclamé la liberté provisoire pour les prévenus. La demande a été systématiquement rejetée par le parquet sans la moindre explication. Toutefois, nous-a-t-on rapporté de même source, leurs avocats ne démordraient pas et comptent saisir les juridictions supérieures du pays et même internationales au besoin.
Selon l’un d’eux, que nous avons approché, sous couvert d’anonymat, cette » histoire de coup d’Etat ne serait autre qu’une cabale de la restauration ». Et notre interlocuteur d’ajouter : «Parmi mes clients, il y a le Commandant Mamadou Lamine Konaré. Comment pourrait-on imaginer un seul instant qu’il puisse s’aventurer dans une histoire de Coup d’Etat alors qu’il se donnait corps et âme à son pays ? Je ne saurais à aucun instant croire à une telle histoire. Pour la simple raison que je sais qu’il venait de participer à la libération d’une trentaine de ses compagnons pris en otages par les bandits armés « .
Bref, de tout ce qui précède, il pourrait retenir deux choses : à Kati, siège de l’ex- junte, il aurait été un moment question de règlement de comptes, et on aurait pris peur. Ou est-ce parce que les « déchus » de mars 1991 sont revenus au devant de la scène politique? L’on aurait ainsi décidé de châtier les tombeurs. Dans les deux cas, c’est l’armée malienne qui en pâtit. Autant alors tourner la page !