La mise en œuvre effective du protocole d’accord du 2 octobre 2011 en vue de son extinction définitive et des mesures propres à améliorer les revenus des travailleurs figurent en bonne place dans le paquet de doléances .
L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) se prépare à aller en grève les 20 et 21 août prochains. La centrale a déposé un préavis de grève sur la table du gouvernement en ce sens et sauf aboutissement de la conciliation qui va être bientôt mise en place, un arrêt de travail devrait paralyser l’essentiel de l’Administration et tous les services dont les travailleurs sont affiliés à la centrale syndicale.
Hier, dans un entretien qu’il nous a accordé, le secrétaire général adjoint de l’UNTM, Maouloud Ben Kattra a confié les raisons qui ont incité la centrale à annoncer un débrayage. A l’en croire, l’UNTM s’est résolue à déposer le préavis, un peu malgré elle. La centrale, dit-il est consciente de la situation politique, sécuritaire, sociale et économique du pays. Pour lui, l’UNTM est un acteur important de la vie publique de notre pays qu’il faut nécessairement prendre en compte. Il rappelle que la centrale suit l’exécution du protocole d’accord signé en 2011 qui n’est pas totalement éteint. Malgré tout, les responsables de la centrale ont mis trois années à attendre sans mettre en ébullition le front social compte tenu de la situation dans laquelle se trouve le pays.
Il y a aussi les résolutions du 12ème congrès. Le gouvernement a été saisi de cette plateforme. Le secrétaire général adjoint déplore que malgré tout, le gouvernement n’a donné aucune réponse. Il y a longtemps qu’à la Bourse du travail, on attend la mise sur pied d’un mécanisme de dialogue social pour éteindre le protocole d’accord de 2011. Six mois après le congrès, aucun dialogue n’est amorcé sur les revendications. C’est donc cette attitude du gouvernement qui a poussé la centrale syndicale à déposer un préavis de grève à l’issue de la réunion du 5 août dernier.
Le texte comporte 17 points de revendication qui vont de la mise en œuvre du protocole d’accord du 2 octobre 2011 à la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.
La centrale syndicale réclame la mise en œuvre effective du protocole d’accord du 2 octobre 2011 en vue de l’éteindre définitivement. Pour l’UNTM, il s’agit là d’un protocole déjà signé et qu’il reste tout juste à éteindre. Le deuxième point de revendication est le relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice. Le secrétaire général adjoint estime que compte tenu du coût de la vie, les travailleurs ont besoin de ce relèvement du taux d’indice. La centrale syndicale demande la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salariales (ITS), le relèvement du salaire minimum inter-entreprises garanti (SMIG), et l’augmentation du taux des allocations familiales. Mise ensemble, ces mesures permettront un relèvement du niveau de vie des travailleurs.
La modernisation et la sécurisation de l’Administration générale (moyens logistiques, techniques, humains et financiers), la relecture de la Convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse des salaires au niveau des EPA et EPIC, la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007, font partie des points de revendication. Sur le dernier point cité, la centrale syndicale a très mal pris la dernière mesure de hausse du coût de l’électricité que l’UNTM considère prise en violation d’un accord sur la baisse du coût de l’électricité en 2007.
Elle demande le maintien et renforcement de l’Usine malienne des produits pharmaceutique, la maitrise des prix des produits de première nécessité, la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER, la régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur, la relecture de tous les contrats miniers, la ratification les conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 et la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.
Au ministère du travail, de la Fonction publique et des relations avec les institutions, on confirme avoir reçu le préavis de grève et que l’on va réagir comme d’habitude en pareille circonstance.
Mamadou Konaté, conseiller technique en charge du dialogue social, explique que les services du Premier ministre ont été saisis et qu’une réunion a déjà eu lieu avec les 11 départements concernés par les points de revendication. Beaucoup ont déjà réagi et les autres devraient le faire incessamment, indique-t-il. Le département s’attache à regrouper les réactions des différents ministères pour préparer son mémoire en défense.
Sur un autre plan, la centrale syndicale a été saisie pour produire son mémoire et proposer des noms de conciliateurs pour signer l’arrêté de mise sur pied de la commission de conciliation. La centrale n’a pas encore réagi, indique Mamadou Konaté qui assure que le département l’a déjà fait, et qui estime que de ce côté les choses devraient aller vite. Il ne partage pas le point de vue de Maouloud Ben Kattra sur la volonté de dialogue du gouvernement. Pour lui, beaucoup a été fait pour ce qui est du protocole de 2011 et le département s’est toujours montré soucieux de maintenir le dialogue social.
Il assure que plusieurs rencontres ont eu lieu sur les revendications et que le département déploiera tous ses efforts pour trouver un terrain d’entente et éviter le débrayage annoncé.
A. LAM