De jeunes (originaires du nord selon toute vraisemblance) se sont constitués ça et là en groupes d’auto-défense pour suivre de vraies formations militaires avec à la clé le maniement des armes. L’objectif visé semble-t-il par ces milices, parce que las d’attendre une réaction adéquate de l’Etat, est de libérer les régions tombées aux mains des salafistes d’Ansardine et du Mujao. Sauf qu’ils ne rassurent ni les autorités militaires maliennes encore moins la population.
Actuellement, des groupes d’auto-défense sont en train d’essaimer un peu partout à Bamako et à l’intérieur du pays. Il s’agit entre autres du Ganda Izo, du Ganda Koy, du Front de Libération Nationale (FLN). Les camps d’entraînement de ces milices sont essentiellement basés dans la région de Mopti, la porte d’entrée du septentrion malien, notamment à Soufroulaye et à Sévaré. Tous ont pour objectif la libération des trois régions occupées par les Salafistes. Dans ces camps, c’est une formation militaire digne de ce nom qui est pratiquée aux jeunes volontaires : tactique de combat rapproché, maniement d’armes de guerre etc. bref, c’est de vrais militaires qui sont en train d’être formés parallèlement aux normes de recrutement de l’armée nationale.
Si l’essentiel des camps d’entraînement de ces jeunes, estimés à des milliers, est basé à Mopti, donc connus des autorités, d’autres par contre seraient discrètement créés pour former des jeunes au nom de la reconquête du nord comme en témoigne le démantèlement de ce camp d’entraînement à Sokorodji en commune VI du district de Bamako la semaine dernière. Environ 32 jeunes ont été arrêtés par les forces de défense et de sécurité. Quel était le but réel de cette milice en formation dans la capitale pendant que les autres camps sont installés vers la ligne de front ?
L’Etat dubitatif sur la question des milices d’autodéfense
La création des groupes d’autodéfense trouve sa justification non seulement par l’inaction du gouvernement pour la libération des régions occupées, mais aussi et surtout par l’important rôle qu’ont joué les milices d’autodéfense du Ganda Izo et Ganda Koy dans la lutte contre la rébellion touareg des années 1994.
Cependant cette année la situation, caractérisée par le coup d’Etat du 22 mars et l’occupation des 2/3 du territoire suivi du départ de l’administration de ces régions, semble plus compliquée pour les nouvelles autorités. Même si un apport éventuel des groupes d’autodéfense dans la reconquête du nord n’est pas négligeable, les autorités militaires à qui revient le devoir régalien de libérer les territoires occupés et laver l’affront sont dubitatives quant à leur implication effective.
Encore que ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire n’est pas pour rassurer. Ces propos en disent long « Après cette formation militaire, il ne serait pas bien de nous laisser errer dans la nature comme ça. Dans les camps, on nous apprend tout et ça pourrait être source d’insécurité pour le pays si on ne nous recase pas », nous a confié un élément sous le couvert de l’anonymat.
Il est donc important aujourd’hui que les autorités prennent le problème à bras le corps afin de recadrer cette question de milices et parer éventuellement à d’autres problèmes dans un avenir très proche.