Après l’arrestation par le Ministre de la Justice de l’huissier exécutant de la démolition dite “arbitraire” de 309 concessions couvrant 24 hectares à Kalabambougou, ainsi que du secrétaire général des syndicats du Centre National d’Appui à la Maladie (Cnam), le sieur Sidiki Djiré, les victimes de la casse ont initié plusieurs actions devant les tribunaux. Ce matin, l’affaire est enrôlée devant le tribunal de la Commune IV.
L’affaire de la démolition dite “arbitraire” de 309 concessions couvrant 24 hectares à Kalabambougou sera devant le tribunal de la Commune IV du District de Bamako, aujourd’hui mardi 12 août 014, et puis après devant la Cour d’Appel de Bamako, le jeudi 14 aout 2014.
Deux actions judiciaires initiées par les victimes de la démolition. L’action devant le tribunal de la Commune IV vise à établir le caractère arbitraire de la démolition des 309 concessions et à obtenir des dédommagements des fautifs de ladite casse. Et l’action devant la Cour d’Appel s’attaque à la décision ayant conduit à la démolition par les soins de l’huissier de justice, Me Alou Kéïta.
Rappelons que cette affaire de Kalabambougou a d’abord commencé par une action en justice de l’Union Malienne Raoul Follereau (Umrf) contre les sieurs Lassine Camara et Chakaba Kéita aux fins de les expulser de leurs concessions et de détruire celles-ci. Lorsque l’Umrf a obtenu gain de cause, appel fut fait aux services de Me Alou Kéïta pour exécution.
Malheureusement, au lieu de faire expulser les sieurs Lassine Camara et Chakaba Kéita de leurs concessions et de détruire celles-ci, Me Alou Kéïta a plutôt fait expulser 309 familles de leurs concessions et les a démolies. A coup de grues, entre le 18 et le 26 juin 2014. Il aurait ainsi agi sur ordre du secrétaire général des syndicats du Centre National d’Appui à la Maladie (Cnam), le sieur Sidiki Djiré. Le Cnam serait partie au procès contre les sieurs Lassine Camara et Chakaba Kéita, mais aurait été débouté parce que la loi interdirait qu’un syndicat initie une telle action.
Depuis la démolition de leurs concessions, les victimes, qui n’ont pratiquement plus que leurs yeux pour pleurer, se battent auprès des plus hautes autorités et des juridictions compétentes pour faire toute la lumière sur cette affaire, afin qu’elles soient mis dans leur droit. Elles ont ainsi mis en place l’Association Siguida Ton de Kalabambougou 24 hectares (AS.T.K), qui devint membre de l’Union des Associations et Coordination des Assocaitions pour le Développement et la Défense des Droits Demunis (Uacdddd), une organisation dont le cheval de guerre est la défense des droits des démunis au Mali.
Suite aux démarches entreprises par l’AS.T.K et l’Uacdddd, le Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me. Mohamed Ali Bathily, organisa une visite sur le site de démolition à Kalabambougou, le mardi 05 août courant. Objectif: se rendre compte par lui-même de l’étendue des dégâts. Il s’est fait accompagner du Procureur général près le tribunal de la Commune IV du district de Bamako, de l’huissier exécutant, Me Alou Kéïta, et de plusieurs personnalités.
C’est à l’issue de cette visite que le Ministre ordonna l’arrestation et la mise à la disposition de la justice de l’huissier exécutant. Sur le site même de démolition et en présence des victimes. Dans la soirée du même mardi 05 août 2014, le secrétaire général des syndicats de la Cnam, M. Sidiki Djiré, ainsi d’autres complices furent également arrêtés et mis à la disposition de la justice.
Ce jour-là, le Ministre Mohamed Ali Bathily s’était adressé aux victimes de la casse de Kalabambougou en ces termes: “N’ayez plus peur de dénoncer les spéculateurs fonciers. Conformément à la vision du président de la République, du Premier ministre, chef du gouvernement, de l’ensemble des membres du gouvernement, nous ferons de notre mieux pour mettre fin à certaines mauvaises pratiques. Même si les fautifs rentrent dans les trous de fourmis, nous irons les chercher”. Aussi avait-il demandé aux dites victimes de constituer leurs dossiers et de prendre des avocats, afin qu’elles soient mis dans leurs droits.
Ces conseils ne sont apparemmment pas tombés dans des oreilles de sourds, l’affaire sera devant le tribunal de la Commune IV du district de Bamako, aujourd’hui 12 août, et la Cour d’Appel de Bamako, le jeudi 14 août.
Tougouna A. TRAORÉ