Le voyage du président IBK pour se rendre au Sommet de la CEDEAO des 11 et 12 juillet à Acra (Ghana) a levé un coin de voile sur l’affaire de la saisie du Boeing 737 pour « déclaration de vente frauduleuse ». Le retour de l’avion avec le tintamarre qui l’a accompagné était-il pour cacher le côté finance qui entoure sa libération après plusieurs semaines de stationnement à l’aéroport de Charleston, en Caroline du sud aux Etats-Unis d’Amérique, suite à une saisie opérée par les autorités américaines? Selon l’hebdomadaire malien d’informations générales, d’enquêtes et d’investigations Le Sphinx, la libération de l’avion aura coûté plus d’un milliard de FCFA.
« Il a fallu encore racler les caisses du Trésor public malien pour plus d’un milliard de nos francs afin de pouvoir récupérer ce Boeing dont les conditions d’acquisition restent à clarifier », selon le journal. En plus, les Maliens attendent encore qu’on leur apporte la preuve que cet avion est bel et bien la propriété du Mali puisqu’il a été immatriculé à l’étranger –plus précisément à Aruba- et au nom d’une nébuleuse société appelée Jet Magic, basée à Malte, écrit le Sphinx.
Le journal va plus loin : « Nous avons pisté cet avion car dans l’aviation civile rien ne se perd, tout étant traçable. Et l’avion au sujet duquel nous avons enquêté est bien le Boeing 737-700 construit sous le numéro 30328, avec comme n° de ligne : 377, numéro de test registration N1787B. Il a effectué son premier vol le 7 septembre 1999. Il est donc âgé d’environ 14 ans et 9 mois. Après de multiples tours de passe-passe, il se trouve actuellement immatriculé sous le numéro P4-PRM au nom d’une société dénommée Jet Magic et qui se trouve basée à Malte. Des informations qui correspondent bien aux caractéristiques de l’avion payé par IBK avec l’argent des Maliens.
L’avion d’IBK était bien immobilisé à l’aéroport de Charleston
Justement, dans le cadre de la traçabilité, cet avion a été vu le 21 juillet dernier à Charleston, une ville de Caroline du sud aux Etats-Unis. Il y serait arrivé suite à une saisie depuis Genève où il était arrivé venant d’Accra (Ghana). Il a été vu à Charleston exactement le 21 juillet 2014 à 10h 23. Plus précisément à 06 h 23 mn heure locale. Etonnant pour un Boeing parti en entretien à Genève comme on le laissait entendre dans l’entourage d’IBK. Parce que le constructeur américain – Boeing- exige certes un plan d’entretien technique pour les avions sortis de ses usines, mais cela se fait dans des ateliers spécialisés et aucun d’eux ne se trouve à Charleston où l’avion a été immobilisé. Il nous revient que l’avion était frappé d’une mesure de saisie par le fisc américain. Non pas parce que le Mali a des problèmes avec les Américains, mais une de nos sources nous apprend que c’est la société en charge de la gestion de l’avion présidentiel –JetMagic – basée à Sliema dans l’île de Malte-, qui aurait peut-être des comptes à régler avec les autorités américaines. Il convient de préciser que Jet Magic est source de questionnements et tout le monde cherche à y voir plus clair. Pour la bonne et simple raison que c’était une compagnie aérienne irlandaise créée en 2003. Elle n’a fonctionné que pendant un an avant de disparaître.
Jet Magic exploitait une petite flotte composée de trois avions de fabrication brésilienne : deux Embraer 145 et 1 Embraer 135. Sa clientèle-cible était les voyageurs d’affaires. Elle assurait au départ la liaison Belfast, Edimbourg et London City et a dû recourir à la location d’avions pour satisfaire sa clientèle. Parce que l’Embraer 135 n’était pas encore certifié pour les opérations de l’aéroport de London City.
Se développant très rapidement, Jet Magic a cherché à étendre ses activités vers d’autres pays européens, notamment en exploitant ce qu’on appelle en termes touristiques « la ligne du soleil » par des offres incluant les destinations suivantes : Alicante, Nice, Barcelone, Milan et Rome. Des lignes qui seront par la suite exploitées par AerLingus, lorsque JetMagic a fait faillite, après seulement un an d’exploitation.
Jet Magic, une société fantôme
En effet, JetMagic a subitement cessé de fonctionner le 28 janvier 2004 après la saisie d’un de ses avions par Aer Rianta pour défaut de paiement des droits d’atterrissage. Et subitement, revoilà la compagnie Jet Magic qui jaillit des ténèbres. Cette fois-ci basée à Malte. C’est cette société nébuleuse qui gère le Boeing censé appartenir au Mali. Il faudra d’ailleurs que les autorités maliennes prouvent que cet avion appartient réellement au Mali, puisqu’il a été immatriculé sur l’île d’Aruba dans les Petites Antilles néerlandaises, il fait partie du Royaume des Pays-Bas . Bizarre !
Et surtout, que personne n’essaye de s’informer sur cette compagnie, Jet Magic, parce qu’elle refuse de communiquer sur son site web, sous le prétexte qu’elle transporte des chefs d’Etat et de hautes personnalités. Comme toute indication sur son existence, les informations du site web se résument à cette phrase.
Comment un Etat sérieux peut-il traiter avec une compagnie pareille ? IBK doit des explications aux Maliens et surtout, il faut que les papiers de l’avion soient brandis devant tout le monde afin de convaincre que cet avion a été bel et bien acheté et demeure une propriété du Mali. De sérieux doutes persistent car aucune raison ne pourrait justifier qu’un avion appartenant au Mali soit immatriculé dans un endroit qui rappelle les hauts faits de la mafia. En plus, elle est immatriculée par une société censée renaître de ses cendres, après une faillite causée par des dettes et des fraudes fiscales.
L’ombre de Tomi Michel
De toute façon, Jet Magic rappelle une autre société du nom d’Afriq-jet et appartenant à l’ami d’IBK, le « parrain des parrains » de la mafia corse. Il s’agit de Michel Tomi. Nous en saurons davantage dans les jours à venir.
Des informations laissent aussi apparaître que le Boeing 737-700 censé appartenir au Mali est suivi de très près depuis quelques années par les services américains de sécurité, suite à de multiples transactions aussi douteuses les unes que les autres.
C’est le cas de la société créée et enregistrée en Inde, Akira Investments, qui se serait occupé de la vente de l’avion. Akira Investments est aussi implantée à Monaco où son adresse coïncide avec le domaine que possède dans cette localité le propriétaire de cet avion, le richissime Reg Grundy. Justement, cet avion a été déclaré comme vendu par le même Reg à la société Akira investments depuis maintenant neuf bonnes années. Ce qui a expliqué le premier changement d’immatriculation avant qu’une troisième immatriculation bizarre n’intervienne, sous le numéro P4-PRM.
Il a été démontré les accointances existant entre Reg Grundy et Akira investments. En effet, depuis plusieurs années, les enquêteurs sont sur la piste de cette société indienne qui fait régulièrement un don de 200 000 dollars américains à la Fondation pour l’Entreprise en Australie. Une structure jugée très proche du Parti libéral australien dont Reg Grundy est un des grands défenseurs.
On ne peut s’empêcher, dès lors, de penser que de fausses opérations de vente de l’avion ont toujours été montées pour échapper au fisc parce la même société Akira Investments s’est distinguée dans ce genre d’opérations, notamment avec le cas de la prétendue vente du célèbre yacht «Boadicea». En effet, en 2008, Akira investissements a déclaré être le propriétaire du super yacht «Boadicea», qui a été par la suite largement signalé comme appartenant à
Grundy, avant d’être vendu en 2009, pour prendre le nom combien évocateur de «Reborn» (Renaissance). Un chapitre entier des mémoires de Grundy, sorti en 2010, a été d’ailleurs consacré à ce yacht «Boadicea». Le Mali doit-il traiter avec ce cercle dont les pratiques sont aux antipodes de la clarté !
De toute façon, cet avion payé par IBK est immatriculé sous le numéro P4-PRM. Une immatriculation non appropriée pour un avion de commandement du Mali. Donc pas conforme pour un avion censé appartenir à notre pays. Les avions enregistrés sur place au Mali doivent toujours porter l’indication internationale TZ qui accompagne un chiffre. De même, le code IATA attribué au Mali est 73W. Il n’y a pas un secteur aussi bien réglementé que celui de l’aéronautique internationale. Ce qui permet toujours la traçabilité d’un avion.
Une autre source nous indique que c’est plutôt NetJets International, la société américaine qui a vendu l’appareil, le 30 juin 200 à Akira Investments Pvt Ltd qui aurait des problèmes avec le fisc de l’Etat de Caroline du Sud. En effet cette dernière est bel et bien basée dans une petite localité nommée Okatie, en Caroline du Sud. En tout état de cause, ça sent la magouille à mille lieues. On soupçonne Red Grundy de l’avoir créée pour les besoin de la cause.
Un avion objet de transactions douteuses
En réalité, le Boeing payé par IBK est enregistré à Aruba, une île des Caraïbes dans les Petites Antilles. Elle est située au large des côtes du Venezuela. Une île faisant partie du Royaume des Pays-Bas. Selon les dispositions légales en vigueur dans cette localité, ni IBK ni le gouvernement du Mali ne peuvent immatriculer un avion sur cette île. Il faut être ressortissant du Commonwealth ou créer une société (même off-shore) sur cette île, pour pouvoir y faire enregistrer un avion. On voit mal le Mali créer une société off-shore à Aruba pour mériter d’y immatriculer son avion. Soyons sérieux !
L’immatriculation P4-PRM ne peut donc avoir lieu que sous le couvert de la société Jet Magic chargée de la gestion de cet appareil. Cette société, rappelons-le, est basée à Malte. Comment a-t-elle pu enregistrer un avion à Aruba. Mystère et boule de gomme ! Mais c’est encore une zone d’ombre qui entoure l’acquisition de cet avion Ladji Bourama Air Force One. Ce qui pose
d’ailleurs le problème de l’appartenance réelle de l’avion à la République du Mali. Ce n’est pas sans rappeler les fanfaronnades de Moussa Mara devant les députés, lorsqu’il osait affirmer, péremptoire, que l’avion laissé par ATT n’appartient pas au Mali. Le ridicule ne tue point dans ce pays. Il nous revient de source résidant sur place aux Etats-Unis d’Amérique, que cet avion, source
de contentieux, était pisté par les limiers américains. Il a fait l’objet de transactions aussi douteuses les unes que les autres ces dernières années. Ce que confirment des informations tirées de différentes sources de traçabilité des avions.
En effet, censé être vendu par le propriétaire australien à une société indienne depuis 2002, cet avion a été vu l’année dernière avec le même propriétaire, portant les initiales RJ. R pour le propriétaire, Reg Grundig, et J Joy pour son épouse. Une photo de l’avion a été prise l’année dernière avec ces initiales. Bizarre non !