La gestion géo – stratégique du nord du Mali, après la guerre contre les djihadistes et l’organisation des élections dans les différentes localités du pays, est toujours d’actualité. Des Maliens, au-delà de tout nationalisme et soucieux du devenir du Mali, s’expriment, de plus en plus, sur la question. C’est le cas de Malamine Tounkara ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) et de la Chambre consulaire de l’UEMOA.
Suite à l’attaque et l’occupation de notre pays par des forces extrémistes plus connues sous le vocable de terroristes, de narcotrafiquants, de djihadistes tout court, le Mali, héritier des grands empires médiévaux, qui faisait la fierté des Africains, est devenu un pays insécurisé, faute d’une gestion laxiste de ses frontières d’Etat, d’une administration en plein doute, d’une armée désorganisée, d’un tissu social fissuré en lambeau…
La Transition actuelle menée par le Président intérimaire Dioncounda Traoré aidé par un gouvernement transitoire avec aux manettes Django Sissoko, ont tenté, dans un baroud d’honneur, de recoller les morceaux. La série est en cours.
C’est dans ce contexte que nous avons approché Malamine Tounkara.
Selon cet économiste chevronné, « il n’y a pas de paix et développement sans sécurité ». Voilà pourquoi il appelle « à la sécurisation du Nord dès la fin des hostilités au septentrion de notre pays, à la sécurisation de l’armée nationale en la restructurant et en respectant la hiérarchie militaire ». Cela veut dire en clair qu’un Général, un Colonel, un Commandant ou un Capitaine ne doivent plus être sous commandement de leurs subordonnés comme on en a vu récemment.
L’opérateur économique demande aussi « la pacification de Tessalit, une zone hautement stratégique » située presque sur le Méridien zéro et considérée par certains comme le centre du Monde et à partir duquel on peut contrôler tous les trafics aériens internationaux. Vu sous cet angle, « Tessalit peut être un tremplin dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme international ». Faut-il développer ici le concept de pays frontières international ? Faut-il mettre sous tutelle Tessalit ?
Si le mot tutelle paraît trop fort, il est loisible « de mettre sous bail » cette localité. C’est ce que pense notre compatriote Malamine Tounkara pour qui « ce statut permet non seulement la sécurisation de la ville mais aussi son développement ». La création d’une base internationale et interarmes à Tessalit en lui donnant un statut particulier avec une base sous contrôle international des forces françaises, américaines, britanniques, chinoises, maliennes, tchadiennes, nigériennes… Le résultat attendu est la sécurisation des frontières et des lignes de démarcation allant de la Mauritanie jusqu’en Libye ou au Tchad en passant par le Mali, le Niger, l’Algérie, le Nigeria, des zones d’influence par excellence des troupes terroristes.
Certains nationalistes seront tout de suite tenté de dire que cette option ressemblera à du néocolonialisme en laissant le nord entre les mains des forces internationales. « Que non ! » répond Mala lequel avertit que la force en question doit être composée des éléments de l’armée malienne. Elle n’aura pas d’influence sur la gestion politique du pays. Elle n’aura qu’une seule mission : « Sécuriser le nord du Mali, le temps de donner à Tessalit et ses villages satellites une base de développement durable ». Et à l’opérateur de poursuivre : « La lutter contre le terrorisme international n’est pas l’apanage du seul Mali ». Avant de conclure : « Il faut aujourd’hui pour le Mali une armée républicaine restructurée, moralisée et éduquée avec comme passion le service public ».
Comme quoi l’armée ne doit pas être au service de la drogue. Le Mali a besoin d’une armée de développement, disciplinée, encline au service de la Nation toute entière. Une armée de métier tout court.
Sécuriser d’abord le nord du Mali
L’idée germée par Mala est aujourd’hui expérimentée au Tchad. Car en lisant ses propositions, on constate que c’est ce qu’il avait dessiné pour Tessalit avec la création d’une base internationale interarmes pour sécuriser le nord avec les armées de tous les pays partenaires concernés et amis.
La France est finalement arrivée à cette solution avec le Tchad comme épicentre de cette opération. Beaucoup de Maliens ont réagi sur notre site pour dire que l’idée était de notre compatriote Mala. Au finish, c’est le pays d’Idriss Deby qui s’en sort plutôt bien avec une base internationale installée sur ses terres.
Pour l’opérateur économique que nous avons rencontré avant-hier, il était optimiste sur la question de Tessalit arguant que « le Tchad pourrait être une arrière base pour le Mali ». Il s’est dit « satisfait de ce type de coopération nord – sud entre deux pays historiquement liés ».
Certains ont mal compris le cas de Tessalit car il ne s’agit point d’une annexion ou néocolonialisme, mais de la sécurisation d’un pays illégalement occupé.
A notre avis, le Mali ne peut être en état de dépendance par rapport à une rébellion (un pays vassal).
Pour conclure, Malamine affirme haut et fort que « la lutte contre le terrorisme est mondiale et qu’un accord de coopération militaire entre la France et les pays riverains du Sahara ne sera qu’une panacée à l’instabilité « djihadiste » internationale ».
Propos rassemblés par Issiaka Sidibé