* Les pèlerins maliens de l’année 2014 se classent en trois groupes principaux :
D’abord, ceux de la filière gouvernementale : au nombre de 1.000. Ils se rendront aux lieux saints de l’islam par des vols affrétés par la compagnie saoudienne NASAIR, représentée par l’agence malienne « Al-Madina ». C’est, en effet, NASAIR qui a obtenu, au détriment du groupement « AMSA-MAXI AIR LTD », le marché public de transport des pèlerins de la filière étatique.
Ensuite, ceux qui se rendront aux lieux saints par des vols réguliers de compagnies de transport ordinairement admises en Arabie Saoudite (Royal Air Maroc, Air France, etc.)
Enfin, ceux qui comptent se rendre aux lieux saints par des vols spéciaux affrétés par des agences maliennes, sans passer par le duo « NASAIR-AL-MADINA » ni par des vols réguliers. C’est cette dernière catégorie dont les pèlerins sont menacés de ne pas pouvoir mettre les pieds sur le sol saoudien et, du coup, de ne pas pouvoir effectuer le pèlerinage.
En effet, cette année, le royaume saoudien a pris des mesures sévères pour favoriser la compagnie NASAIR qui, rappelons-le, est saoudienne. Ainsi, le royaume a exigé des pays d’Afrique subsaharienne (Mali, Niger, Burkina Faso, etc.) de diviser les pèlerins de leur pays respectif, entre la compagnie saoudienne NASAIR et leur compagnie aérienne locale (si elle existe). Dans l’hypothèse où un de ces pays (comme c’est le cas du Mali), ne possède pas de compagnie aérienne nationale susceptible d’assurer le transport des pèlerins, alors ceux-ci n’ont que deux choix : passer soit par NASAIR, soit par des vols réguliers, et non par des agences de voyages affrétant des vols spéciaux.
Concernant le cas particulier du Mali, l’Autorité Générale de l’Aviation Civile saoudienne a, par une lettre du 29 mai 2014 signée du capitaine Mohammed Ali Jamjoom, fait savoir à la direction de l’Aviation Civile du Mali qu’aucune autre compagnie que NASAIR (en anglais « FLYNAS ») ne sera autorisée à transporter des pèlerins à partir du sol malien. L’Autorité Générale saoudienne est revenue à la charge en réitérant son avertissement à travers une lettre datée du 17 juin 2014.
Menace sur l’ordre public
C’est dire qu’en dehors des pèlerins transportés par NASAIR (représentée par l’agence « Al-Madina ») et de ceux qui empruntent des vols réguliers de compagnies desservant ordinairement l’Arabie saoudite, tout pèlerin qui passe par une autre compagnie ou agence ne sera admis sur le sol saoudien. Or, sur les 8.000 pèlerins officiellement recensés cette année, près de 4. 000 sont en train de passer par ces agences interdites de transport vers le sol saoudien. Le pire est que les agences en cause cachent la vérité à leurs clients en leur promettant un voyage qui n’aura sans doute pas lieu. L’Etat malien, pourtant officiellement informé de la mise en garde saoudienne, ne fait strictement rien pour détromper les citoyens intéressés et les orienter vers les partenaires autorisés. D’où le grave péril qui plane sur le voyage des pèlerins en question, voire sur l’ordre public.
De nombreuses agences de voyages maliennes, après avoir vainement tenté d’obtenir auprès des autorités saoudiennes une autorisation de transport, ont commencé à corriger le tir, de peur de se brouiller avec leurs clients : elles ont pris langue avec l’agence « Al-Madina » pour lui confier leurs pèlerins. Tel est selon nos sources, le cas par exemple, des agences suivantes : AMASER (165 pèlerins), Al-MOUSTOUR (170 pèlerins), Al-HIJRA (125 pèlerins), Al-MAWADA (430 pèlerins), KASO VOYAGES (260 pèlerins), KOUREKAMA (105 pèlerins), KUMBI VOYAGES (550 pèlerins) et WAGADOU (200 pèlerins).
En revanche, de nombreuses autres agences, comme le groupement « AMSA-MAXI AIR LTD », selon nos informations, continuent d’espérer une entente avec les autorités saoudiennes et une autorisation de transporter leurs pèlerins sans passer par le groupement « NASAIR-AL-MADINA ». L’affaire risque fort de mal tourner car nous savons de sources sûres que les Saoudiens sont décidés à ne pas lever leur interdiction : tout pèlerin ou agence qui persistera à vouloir contourner NASAIR et sa représentante « Al-Madina » court le risque de rater le pèlerinage 2014. Et ce serait bien dommage.
Youssouf Z. Kéita