Arrivé la semaine dernière à Bamako, avec le secret espoir de rencontrer le président de la République, l’acquéreur de la troisième licence de téléphonie mobile a vu les portes du palais présidentiel se refermer, pour la seconde fois consécutive, à son nez. Et ce, en dépit de l’intervention d’un membre du gouvernement, réputé influent auprès d’IBK.
Seule consolation pour Appollinaire Compaoré : réussir à se constituer un pool d’avocats maliens et français, chargés de le défendre dans le contentieux qui l’oppose à son partenaire malien : SOAD –SARL (Société Ouest –Africaine pour le Développement).
Ces dernier vient de porter plainte contre lui, devant le tribunal du Commerce, pour non –respect de leur protocole d’accord portant sur 5 milliards CFA. Avant de réclamer 500 millions CFA de dommages et intérêts.
Au cours de son séjour, qui aura duré du 08 au 10 août derniers sur les berges du Djoliba, le richissime opérateur burkinabè de la téléphonie mobile s’attendait à ce que le président IBK lui déroule le tapis rouge. Ou, à tout le moins, le recevoir en audience. Erreur. Il est reparti comme il est venu : bredouille.
Selon nos informations, c’est sur les conseils de Me Mountaga Tall, ministre de l’Enseignement Supérieur, et du frère du secrétaire général du ministre de l’Economie et des Finances, un certain Papa Cissé –devenus ses nouveaux amis –que Appollinaire Compaoré a débarqué dans notre capitale. Avec, nous dit –on, la garantie de rencontrer le Chef de l’Etat.
Informé de la présence de l’acquéreur de la troisième licence de téléphonie mobile dans ses murs IBK serait tombé dans une colère noire : « je vous ai toujours dit que je ne veux pas rencontrer cet homme », aurait –il lancé aux « amis » d’Appollianire Compaoré. Sans le moindre regard, ajoutent nos sources.
Selon nos informations, le refus d’IBK d’accorder une audience au richissime opérateur burkinabè de la téléphonie mobile est à lier à sa sulfureuse réputation.
Réputé ‘ ‘instable’’ dans ses relations avec ses partenaires, habitué des palais de justice tant en Afrique qu’en Europe, Appollinaire Compaoré peine à convaincre les nouvelles autorités maliennes de sa bonne foi. Surtout, après ses démêlées avec l’ex-junte militaire au pouvoir ; mais aussi, son partenaire malien qui l’a aidé à obtenir la troisième licence de téléphonie mobile.
Les raisons de la plainte de SOAD –SARL
Pour obtenir la troisième licence de téléphonie mobile, mise en vente par le gouvernement de transition, planor Afrique –SA, dont le président –directeur général n’est autre que Appollinaire Compaoré, a fait appel aux services de la SOAD –SARL, en qualité d’intermédiaire. Aux fins de l’assister, auprès des autorités maliennes. Sa mission : aboutir à la signature de la convention entre Planor Afrique –SA d’Appollinaire Compaoré et le gouvernement d’alors. C’était courant 2012.
Selon le protocole d’accord, signé le 19 avril 2012, SOAD –SARL devrait percevoir à l’issue de la signature de la convention, une commission fixée au taux de 10 % du prix d’achat de la licence.
Soit 5 milliards CFA. Une somme que Appollinaire Compaoré accepte de verser à SOAD –SARL dès la signature de la convention. Aussi, Planor Afrique –SA s’était engagée à céder à SOAD –SARL 10 % des actions de la nouvelle société de droit malien qui va naître : Alpha Télécom –SA.
Cependant, au regard de la crise politico –sécuritaire intervenue, entre –temps, dans notre pays, les deux partenaires (Planor Afrique –SA et SOAD –SARL) décident de réexaminer leur d’accord.
D’où la signature, le 11 avril 2012, d’un nouveau protocole d’accord. Qui régira, désormais, leurs relations d’affaires. C’est ainsi que Moumouni Norris Kouda, agissant pour le compte de la société Planor Afrique –SA s’engage à l’article 2 dudit nouveau protocole d’accord à payer à SOAD –SARL la somme forfaitaire de 100 millions CFA, représentant ses frais et débours pour l’obtention de la 3e licence de téléphonie mobile, en attendant le démarrage effectif des activités de la nouvelle entreprise : Alpha Telecom –SA.
Et ce, dans un délai de 60 jours. A l’expiration de ce délai, Planor Afrique –SA adresse une correspondance à SOAD –SARL pour solliciter un délai supplémentaire. C’était le 09 juin 2013. Délai qui lui a été accordé.
Mais coup de théâtre : ce nouveau délai, aussi, n’a pas été honoré par Appollinaire Compaoré. Après plusieurs négociations infructueuses, la SOAD –SARL saisit le cabinet d’avocats A.B.M. Lequel adresse, le 13 mai 2014, une lettre de mise en demeure à Planor Afrique –SA. Afin qu’elle respecte ses engagements. En vain. Et ce qui devrait arriver, arriva.
Société de droit malien, ayant son siège social à Baco –djicoroni, à Bamako, SOAD –SARL assigne Planor Afrique –SA, société anonyme, sise à Ouagadougou, au Burkina Faso, devant le tribunal de Commerce pour le paiement intégral de sa commission, estimée à 5 milliards CFA. Avant de réclamer 500 millions CFA de dommages et intérêts.
Pour sa défense, Appollinaire Compaoré s’est attaché les services d’un avocat français et deux autres maliens : Me Magatte Seye et Me Baber Gano.
Avec toutes les preuves qui l’accablent dans ce dossier, le richissime opérateur burkinabè de la téléphonie mobile réussira t –il à convaincre le tribunal du commerce de sa bonne foi ?
Le procès, qui se tiendra dans les semaines à venir, sera t –il l’exception pour cet homme qui se vanterait de n’avoir jamais perdu un procès en Afrique ? « Qui vivra, va verra ! », comme dirait l’autre.
Au dernières nouvelles, Appollinaire Compaoré sera à Bamako le 04 septembre prochain. Pour une ultime tentative de décrocher un audience avec IBK ? Ou pour les derniers réglages de ce procès, qui s’annonce périlleux pour son image de golden boy ?
Nous y reviendrons !
Oumar Babi