Hier, jeudi 14 août 2014, l’Amical des médecins en spécialisation au Mali (Amesma) a tenu un sit-in devant l’Assemblée nationale du Mali pour réclamer le payement de leurs frais de formation. Environ une centaine de médecins avait pris d’assaut la devanture de l’Assemblée nationale afin d’avoir des conditions d’études décentes durant leur spécialisation qui a du plomb dans les ailes depuis huit mois. Selon le président de l’Amesma, Dr Drissa Sangaré, l’Etat refuse de prendre en charge quelques 510 médecins spécialistes en cours de formation.
« Nous sommes aujourd’hui en sit-in à l’Assemblée nationale pour la requête d’une solution à nos problèmes qui n’ont que trop duré. Depuis huit mois nous sommes dans les rues. Les professeurs qui sont censés nous dispenser des cours nous ont renvoyé pour des raisons de non paiement des frais de formation. Aujourd’hui, le ministère de la santé traine à payer nos frais de formation. Les professeurs ont conditionné la reprise des activités pédagogiques et des stages dans les hôpitaux au payement de ces frais, sans quoi nous allons vers une année blanche » a souligné le président de l’Amesma, Dr Drissa Sangaré. Après avoir tenue un sit-in le 4 et 5 août 2014 au ministère de la santé, ils ont décidé de récidiver, cette fois-ci en tenant leur sit-in devant la représentation nationale afin d’avoir gain de cause. Sur des banderoles, on pouvait lire : « rien n’est trop cher pour la santé de la population » « les thésards et les étudiants de la Fmpos soutiennent les CES » « la sécurité, la paix : c’est aussi garantir une formation médicale spécialisée pour son peuple ». Selon le Dr Drissa Sangaré, les dossiers sont bloqués au niveau du ministère de la santé. « Un arrêté du ministère de la santé est apparu pour prendre en charge 189 parmi les 510 étudiants dans la situation, donc juste une goutte d’eau dans le fleuve. On a apporté des rectificatifs en y mettant le nom de tous les étudiants et depuis le ministre refuse de signer la liste. Nous pensons que former 510 médecins pour servir le Mali avec ses 15 millions d’habitants n’est qu’une goute d’eau dans la mer », a fait remarquer le président des médecins en spécialisation. A l’en croire, l’Amical a levé le sit-in du 4 et 5 août dernier sur des promesses du ministre de l’Enseignement Supérieure Mountaga Tall de résoudre le problème au niveau de son département. « Ça fait maintenant dix jours il n’y a pas eu de suite », indique-t-il. Et de poursuivre qu’ils n’ont pas eu d’autre choix que d’écrire au président de l’Assemblée nationale. « Nous sommes aujourd’hui à l’Assemblée nationale pour manifester notre mécontentement. Nous pensons que les députés peuvent interpeller les ministères concernés pour leur demandé de revenir à de meilleurs sentiments. Parce qu’un médecin mal former, chasser des hôpitaux dans un pays en voie de développement comme le Mali est une faute grave », a-t-il dit. Il a fait savoir que beaucoup de leurs collègues sont pris en charge par les partenaires techniques et financiers du Mali (Ptf). Les Ptf payent le double des frais payés par le Mali. Le Mali paye 300 000 FCFA par an et par personnes alors que les Ptf payent 600 000 FCFA par an et par personne. En plus de cela les Ptf leurs donnent des bourses pour se former. « Ils mettent de l’argent pour former les médecins au service du Mali et notre propre pays a de la peine à nous former. Comment vous comprenez ça ? », s’interroge-t-il. Avant de signaler que dans toute la région du nord, il n’y pas de spécialiste en gastro. Un malade qui est à Kayes et qui a un problème de rein et est sous dialyse, il faut qu’il quitte Kayes chaque 2 semaines pour faire ses séances de dialyse à Bamako. Cela est intenable. Nous pensons que si l’Etat arrive à former les 510 médecins au bénéfice des régions ça pourrait diminuer le déplacement massif des populations vers la capitale pour éventuellement des soins. Ça leur permettra de conserver leurs maigres ressources et se faire traiter sur place. « Il y’a certains parmi nous qui ont fini leur formation mais qui n’ont pas eu leurs diplômes parce que les fonds ne sont pas encore payer. Beaucoup d’entre nous sont en 4ème et on veut les laisser tomber », a conclu Dr Sangaré. Mais bien avant 11 heures, les manifestants ont été priés par les forces de l’ordre de quitter les lieux. Affaire à suivre !
Aguibou Sogodogo