Dans un rapport accablant remis aux services de sécurité algérienne par un ancien haut responsable d’Air Algérie, dont une copie a été obtenue par nos confrères d’El Watan, on apprend que le crash du vol AH5017 le 24 juillet dernier pouvait bel et bien être évité. Autre précision de taille apportée par ce document, les conditions d’affrètement de l’appareil posaient problème. La compagnie aérienne espagnole Swiftair dont Air Algérie a affrété l’avion n’est pas du tout fiable.
La compagnie espagnole était d’abord spécialisée dans le fret, avant de se lancer dans le transport des voyageurs. Selon le rapport il « n’est pas membre d’International Air Transport Association (IATA) et encore moins certifiée IOSA qui porte sur la sécurité des appareils« .
Dans ce document, l’auteur accuse la compagnie nationale d’avoir changé certaines clauses dans le cahier des charges relatif à l’affrètement. Il s’est également demandé si Verital, qui doit donner son accord préalable, a audité l’avion ? Pour rappel, Verital est une entreprise publique économique (SPA) qui a pour mission, entre autres, l’expertise et le contrôle technique en aéronautique, la surveillance de la navigabilité des aéronefs immatriculés en Algérie et surtout la réalisation des opérations de contrôle des aéronefs immatriculés en Algérie qui sont requises selon les règles tant nationales qu’internationales applicables pour la délivrance des certificats de navigabilité de ces appareils. Dans son mémorandum, cet ancien cadre d’Air Algérie affirme que l’appareil de Swiftair a subi un contrôle « expéditif » à Marseille trois jours avant, contrairement à la thèse avancée par les autorités algériennes. « L’avion a été contrôlé à Marseille par la DGAC française, mais on sait que c’est un contrôle SAFA qui est expéditif à cause de l’escale, et qui est par ailleurs non approfondi usuellement par manque de temps« , désavoue-t-il.
Très au fait de la gestion de la compagnie nationale, il s’interroge également dans son document pourquoi la compagnie nationale qui, habituellement, affrète des « avions de la même gamme que la sienne, a choisi des MD 83 vieux de dix-huit ans avec des équipements avioniques dépassés ? Pourquoi l’avoir programmé de nuit au Sud sans connaître les vraies aptitudes des pilotes pour ce genre de vol réputé très difficile et confié traditionnellement à des pilotes chevronnés ? »
Il soupçonne ainsi l’actuel président-directeur général de la compagnie nationale d’avoir acheté le silence des pilotes en échange de faveurs sociales. Ce rapport met donc en relief toutes les failles qui seraient à l’origine du crash. Reste maintenant à savoir quelles seront les conclusions définitives de l’enquête prévues dès le mois de septembre prochain pour savoir si réellement c’est uniquement la thèse accidentelle qui a pu causer ce drame.
Massiré Diop