Venue vérifier les conditions de travail des services des douanes, Mme Bouaré Fily Sissoko a discuté des objectifs de recettes avec les responsables et agents
L’administration douanière est l’une des plus anciennes de notre pays et l’une des plus modernes aussi car elle doit être capable de réagir selon le contexte économique.
La douane est chargée de par ses vastes compétences de mettre en œuvre et de faire respecter les dispositions législatives et réglementaires chaque fois que des personnes ou des marchandises, traversent nos frontières. C’est un élément essentiel du fonctionnement de l’économie.
Elle n’est efficace que s’il existe des règles appliquées de manière harmonisée aux frontières. Ces règles s’étendent à tous les volets de la politique économique tels les échanges préférentiels, les contrôles sanitaires et environnementaux, ainsi que la protection des intérêts économiques au moyen d’instruments non tarifaires et de mesures de politique extérieure.
Cette administration sollicitée pour la mobilisation des ressources financières intérieures dont le pays a besoin pour faire face aux dépenses essentielles, est aujourd’hui plus que jamais mise à contribution pour soutenir les finances publiques face aux difficultés économiques criardes du pays. C’est donc pour galvaniser ces soldats de l’économie que leur ministre de tutelle et ancienne de la maison, Mme Bouaré Fily Sissoko, a visité hier matin des services des douanes. Elle était accompagnée de proches collaborateurs, notamment du conseiller technique Amadou Togola, ancien directeur générale des douanes.
Le premier service à recevoir le ministre et sa délégation a été le bureau de Faladié. La délégation y été reçue par le directeur général des douanes, Moumouni Dembélé, accompagné de la directrice régionale des douanes du district de Bamako, Mme Fall Alima Drabo. Ici, Mme Bouaré Fily Sissoko a visité les locaux et l’entrepôt où les gros porteurs en provenance des ports attendent de remplir les formalités douanières avant de rejoindre les magasins des importateurs.
La patronne des douanes du district a relevé des difficultés comme l’espace insuffisant pour les centaines de gros porteurs obligés de squatter les abords des routes.
La délégation ministérielle s’est ensuite rendue à la nouvelle plateforme de Faladié financée par la Banque mondiale et dotée de toutes les commodités de dédouanement des marchandises ainsi que de stockage. Par la suite, Mme Bouaré a visité le bureau du contrôle du transit où les documents de transit des gros porteurs sont vérifiés avant et après les opérations de dédouanement. Ici, le ministre a su apprécier l’avancée technologique des douanes qui, grâce à la plateforme « EBEMI », est aujourd’hui capable de suivre les gros porteurs des ports de chargement jusqu’à la destination finale.
Après la visite de ces importants services de la douane, la délégation ministérielle s’est rendue dans les locaux de la direction générale pour y rencontrer les différents sous-directeurs, les responsables des services techniques centraux, régionaux, bref les soldats de l’économie massivement présents pour l’occasion.
La morosité de l’activité économique. Dans ses mots de bienvenue, le directeur général des douanes, Moumouni Dembélé, a indiqué que cette visite revêtait une importante capitale pour ses troupes et qu’elle avait lieu à un moment extrêmement difficile de la vie économique de notre pays où la douane est fortement sollicitée pour la mobilisation d’importantes recettes fiscales pouvant permettre à l’Etat de faire face à des dépenses essentielles comme le financement du fonctionnement normal de l’administration, le paiement des salaires, le financement des objectifs du gouvernement. « Pour l’exercice 2013, sur une prévision de 333,4 milliards de Fcfa, la douane avait recouvré plus de 337,7 milliards soit un taux de réalisation de 101,2%. Et pour l’année 2014, il est assigné à la douane un objectif de recettes de 375 milliards porté à 385 milliards à l’issue de la loi rectificative des finances au mois de mars 2014. Pour atteindre ces objectifs, les 1943 agents de la douane sont fortement mobilisés », a-t-il assuré.
Cependant, le patron des douanes n’a pas manqué de relever les difficultés qui constituent des entraves à l’atteinte de ces objectifs. « A mi-parcours, les résultats obtenus sont en deçà des prévisions. En effet, à la date du 31 juillet, sur une prévision de 219,6 milliards de Fcfa, il a été réalisé 198,6 milliards de Fcfa soit un gap de 21 milliards dont 16,9 milliards sur les marchandises solides et 4,2 milliards sur les produits pétroliers. Au même moment, les volumes de produits pétroliers importés ont été de 59 millions de litres en moyenne contre une prévision mensuelles de 61,3 millions soit un gap de 2,3 millions de litres. Et l’importation des produits solides a observé une baisse de 7,7%. Ce gap s’explique essentiellement par la morosité de l’activité économique nationale », a-t-il analysé.
Pour faire face à cette situation inquiétante, la direction générale a pris des mesures strictes. « Les services sont désormais invités à observer scrupuleusement les mesures correctives indispensables notamment en matière de prise en charge des marchandises, de scanning et d’évacuation et en particulier une application rigoureuse du Programme de vérification des importations qui doit se traduire par la mise en œuvre des dispositions contentieuses y afférentes le cas échéant », a indiqué Moumouni Dembélé (voir l’Essor d’hier).
Il a rappelé qu’au nombre des innovations institutionnelles, la douane a entrepris la création du Bureau études, appui et communication (BEAC) pour élaborer et mettre en œuvre le programme de communication et de relations publiques. Sur le plan infrastructure, le patron de la douane s’est réjoui du démarrage des travaux de construction de son nouveau centre de formation à Samanko ainsi que de l’installation d’un « Data center » ultra moderne à la direction de l’information et de la statistique grâce à la coopération française. Il a ainsi demandé l’appui du ministre pour la construction d’une nouvelle direction générale initialement prévue dans le budget spécial d’investissement à partir de 2015.
Modernité, compétence et efficacité. Bien imprégnée des difficultés et des ambitions des douanes, Mme Bouaré Fily Sissoko a assuré de la volonté de son département de ne rien ménager pour mettre les agents dans les meilleures conditions de travail. «Les services des douanes ont souffert de la crise. Mais j’ai constaté avec bonheur que chaque service, chaque agent à son niveau, a travaillé et continue de travailler durement pour maintenir le cap », dira le ministre qui a tenu par ailleurs à féliciter les gabelous pour les efforts soutenus dans la mobilisation des recettes.
Mme Bouaré Fily Sissoko a rappelé que le crédo des douanes doit demeurer : la modernité, la compétente et l’efficacité. Faisant le bilan de sa visite, le chef du département de l’Economie et des Finances a insisté sur la qualité du travail. « Mais, pour atteindre cet objectif, il nous faut améliorer notre méthode de travail. Bien sûr, les moyens sont insuffisants, voire dérisoires, mais nous devons nous sacrifier pour le pays », a-t-elle invité tout en encourageant les douaniers à persévérer dans l’effort afin de permettre à l’Etat d’atteindre ses objectifs budgétaires malgré les difficultés économiques actuelles. Elle a ailleurs réaffirmé l’accompagnement de son département aux services des douanes pour l’atteinte des objectifs communs.
D. DJIRE