Les populations de la ville de Gao sont en état d’alerte. En cause, des divergences entre des franges du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) qui contrôle la région depuis le 31 mars.
Les responsables islamistes sont à couteaux tirés à propos de l’application intégrale de la charia. De sources concordantes, la police islamiste s’apprêterait à interdire la vente de tabac et d’autres produits dans toute la région de Gao, y compris dans les boutiques du petit commerce. Or, il se trouve que les principaux et plus grands importateurs de cigarettes sont justement ces Arabes, notamment ceux de Tangara (cercle de Bourem), qui sont les principaux soutiens locaux du Mouvement. Se souciant très peu de la loi islamique et même de l’islam, ces commerçants soutiennent le Mujao pour pouvoir perpétuer la contrebande de produits divers entrant par fraude, sans contrôle douanier, et le trafic de stupéfiants.
De plus, les troupes du Mujao ont été renforcées par l’adhésion massive de jeunes ressortissants des communautés arabes et kounta qui ont rejoint le Mouvement surtout pour en profiter, échapper au chômage et au désoeuvrement. Ils seraient prêts à utiliser les armes pour défendre les intérêts de leur communauté d’origine, principalement des commerçants dont les intérêts liés à la contrebande et au trafic sont menacés par l’interdiction de la vente de certains produits.
Il est sûr qu’ils auraient vite l’aval des responsables militaires du Mujao, vivant également de contrebande et de trafic, dont l’islam radical n’est pas le souci majeur. Ils sont les plus et mieux armés, les plus nantis, et auraient vite raison de l’intransigeance de la police islamiste composée essentiellement de ressortissants des villages de la région auxquels se sont ajoutés des fanatiques provenant de certains pays voisins.
En attendant, Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Eddine, serait en train de ragarder tout ceci avec grand intérêt. Voulant étendre son influence sur la région de Gao, il pourrait profiter d’un Mujao affaibli et déchiré. L’armée également.