Le projet d’intervention militaire, en discussion depuis le début de la crise malienne, a reçu un coup de pouce, avec la demande expresse de Bamako d’une aide militaire à la CEDEAO. Cette demande, vue comme une étape importante par un bon nombre de parties prenantes pour la résolution de la crise, relance pourtant la question sur le principe d’une intervention militaire aux contours encore flous.
Le débat reprend de plus belle après la parenthèse de la formation du nouveau gouvernement au Mali. Ni le principe, ni la forme d’une intervention voulue désormais par Dioncounda Traoré, et que prépare la CEDEAO depuis un certain temps, n’échappent encore aux contradictions de la classe politique malienne et questionnements des observateurs de la crise.
A l’heure où une étape importante vers une intervention militaire est franchie, l’éventualité n’en demeure pas moins délicate. Pas plus sur le plan militaire que dans une perspective de l’avenir d’une sous-région non à l’abri de la menace des groupes islamistes du Nord Mali dont la foi fait loi. L’éventualité d’une intervention qui pourrait néanmoins se préciser sous peu, avec l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, semble dire que la Communauté ouest va privilégier le bâton à la carotte de la négociation. Et il est donc l’heure de savoir et de s’entendre sur les contours de cette intervention.
La CEDEAO et le Mali vers une guerre contre l’Hydre du Nord
Entre la négociation qui semble désormais perdre ses tenants, et l’option de l’intervention militaire, la CEDEAO n’est pas définitivement derrière le choix cornélien. Il n’y a pas moins à gagner à négocier tout et avec tous qu’à se lancer dans une intervention militaire incertaine jusque-là et que le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas encore béni.
Si la demande d’aide militaire de Bamako est « un développement significatif » qui pourrait amener l’ONU à lâcher bride à la CEDEAO, l’autre étape, non moins importante, est une stratégie claire d’intervention qui vise même au-delà la libération du Nord. En effet, une question que semblent négliger partisans de l’intervention militaire devrait trouver sa réponse dès maintenant: celle de l’avenir des groupes islamistes qu’il faut « chasser » du Nord, s’il n’ya pas autres moyens de le libérer.
En clair, il faut prendre garde à ce que, vaincus au Nord du Mali, ces extrémistes ne se répandent dans tout le Sahel par une sorte de régénérations céphaliques qui rendraient finalement invivable toute une sous-région.
Les pays du Sahel, notamment les voisins du Mali, ne seraient pas épargnés par les islamistes d’Ansar Dine et du Mujao, des mouvements pas très loin de se muer en « nébuleuse ». L’intervention que conduira l’armée malienne avec l’appui de la CEDEAO ressemble alors fort à un combat contre une hydre. Il faudrait pouvoir, comme Hercule, trouver le secret d’anéantir définitivement cette Hydre du Nord. Et pour cela, il est plus que jamais nécessaire de sortir le projet d’intervention du flou qui l’entoure encore, pour mettre d’abord tout le monde d’accord et parer à tout éventualité ensuite.