Déverser les déchets sur la chaussée pour protester contre le défaut de ramassage des ordures : le procédé fait tache d’huile dans la capitale. Après les habitants de Missira (L’Essor mardi), ceux des quartiers populaires de Niaréla et Quinzambougou ont, eux aussi, commencé hier à entasser les détritus sur la voie publique, coupant la circulation par endroits.
Dans ces deux derniers quartiers, les habitants ont sans doute été encouragés par les résultats probants obtenus par les mécontents de Missira. Ce quartier a été, en effet, prestement débarrassé de ses tas d’immondices. Les chaussées y ont été totalement nettoyées.
A Niaréla et Quinzambougou, on s’est certainement dit : « pourquoi pas nous ? ». C’est en substance ce qu’une dame en colère a confirmé. «Nous avons constaté qu’il faut déverser les ordures sur les routes afin d’avoir gain de cause. C’est pourquoi nous avons versé nos ordures aux alentours du cimetière de Niaréla et sur la rue Titi Niaré », a-t-elle lâché. Les autorités municipales vont certainement se précipiter pour trouver une solution à l’accumulation des ordures à Niaréla et Quinzambougou. Elles seront sans doute appuyées par le gouvernorat et certains départements ministériels qui se sont fortement impliqués dans le nettoiement des routes obstruées de Missira.
Au passage de notre équipe de reportage hier à Missira pour mesurer les développements sur le terrain, les populations restaient sur le qui-vive, prêtes, assurent-elles, à remettre ça en cas de besoin. Elles ne cachent pas leur ras-le-bol face à la panne du système d’évacuation des ordures. C’est le cas du président du Réseau des communicateurs traditionnels (RECOTRADE), Cheick Tidiane Oumar Soumano, qui estime que l’Etat a la responsabilité de veiller à l’assainissement du cadre de vie des populations. « Nous sommes dans un Etat de droit et il faut se dire certaines réalités. Je ne suis contre aucun pouvoir, mais il faut que l’Etat malien assume ses responsabilités », souligne-t-il en pointant un doigt accusateur vers les maires des différentes communes du district qui, de son point de vue, doivent jouer pleinement leur rôle.
Il en appelle aussi à la mobilisation de l’ensemble des citoyens, estimant que personne ne viendra construire ce pays pour nous. « C’est à nous de le faire », lancera-t-il, ajoutant que le mécontentement populaire en Commune II a pour origine l’incapacité des autorités à jouer leur rôle.
Le 3ème adjoint du maire de la Commune II, chargé de l’assainissement, Abdoulaye Bassolé, donne une explication au débordement des ordures dans la circonscription. « Il y a la fermeture du dépôt de transit appelé Kilimandjaro, situé non loin de l’APCMM d’une part, et d’autre part la fermeture de dépôt de transit du CFP, fermé par le maire du district par intérim, le 18 août dernier par un communiqué (ndlr : la décision était inévitable car le dépôt était totalement saturé). Les services d’hygiène, notamment le groupement d’intérêt économique (GIE), n’ayant plus un dépôt de transit dans la commune, ont arrêté le travail », développe-t-il.
Mais où les ordures enlevées à Missira ont-elles été déposées ?
Youssouf KONATE