Les responsables de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) association ont organisé un atelier, le dimanche 24 août dernier à la Pyramide de souvenir sur le thème » Quelle stratégie de défense et de sécurité pour les régions du nord du Mali « . La présentation du rapport de cet atelier a été faite à la faveur d’une conférence de presse tenue le jeudi 28 août à la Maison de la presse. Celle-ci était animée par la présidente de l’Association, Sy Kadiatou Sow.
D’entrée de jeu, la présidente de l’ADEMA association dira que l’objectif de l’atelier est de contribuer à doter les membres de l’association de connaissances partagées sur les questions brûlantes des régions du nord, en matière de défense et de sécurité, pour mieux soutenir la promotion du dialogue intermalien et les initiatives des différents acteurs, dans une perspective de réorganisation et d’aménagement du territoire en vue d’un développement durable desdites régions. Ce thème a été développé à travers trois sous-thèmes à savoir: « Quelles forces de défense et de sécurité nouvelle pour le Mali » ; « Des groupes de résistance et d’autodéfense : la problématique de leur intégration dans les forces de défense et de sécurité » ; » L’aménagement du territoire dans les régions du nord du Mali « .
Quelles forces de défense pour le Mali ?
Pour la conférencière, l’analyse de la situation fait ressortir beaucoup de faiblesses dont : le déficit de débats publics sur les questions de défense nationale, l’absence de politique de défense nationale formalisée et d’un plan de carrière au sein de l’Armée associés à une insuffisance de plan d’emploi des soldats, l’insuffisance du rôle joué par l’Assemblée nationale dans la définition et le contrôle de l’exécution de la politique de défense.
Elle a déploré le manque de renseignement au niveau de l’armée en matière de défense et la gestion de l’armée par la hiérarchie sur fond de corruption et de népotisme à tous les niveaux de la grande muette. Et d’ajouter que l’insubordination généralisée de la troupe influence dangereusement la sécurité nationale. Elle a également dénoncé la pléthore des officiers supérieurs au sein de l’armée et des forces de défense.
Perspectives et propositions
De l’avis de la présidente de l’ADEMA association, la solution à toutes ces tares passe par le maintien de la forme républicaine de l’État avec un renforcement de la démocratie pour la construction d’une nouvelle armée, la poursuite du processus de reforme du secteur de la défense et de la sécurité en incluant tous les acteurs, la mise en place d’un Conseil national de sécurité en remplacement du conseil supérieur de défense et du comité de défense.
L’ex-gouverneur du District de Bamako a expliqué la nécessité de mettre l’armée malienne à l’abri du népotisme, de la corruption et de la mainmise des clans. À l’entendre, il faut procéder à une démobilisation de certains officiers et soldats inaptes à la fonction militaire pour adapter l’effectif de l’Armée à ses missions, prendre en compte la dimension sous-régionale dans l’élaboration et l’exécution de la politique de défense et de sécurité. Elle a aussi exhorté les autorités maliennes à mettre à la disposition de l’Armée des moyens logistiques conséquents.
Intégration des groupes de résistance et d’autodéfense
Pour sa part, le Pr Aly Nouhoum Diallo dira que malgré les efforts consentis par l’État, l’Armée malienne reste confrontée à la faiblesse des moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission de défense et de sécurisation des régions du nord. En effet, a-t-il ajouté, la création de groupes de résistance et d’autodéfense résulte de la recrudescence de l’insécurité et des exactions sur les populations et l’abandon de celles-ci par les forces armées et de sécurité nationale. Ainsi, pour combler ce sentiment d’abandon, les autorités doivent mettre en œuvre la décentralisation de la sécurité à travers notamment la création d’une police municipale ou des services civiques urbains et ruraux, a-t-il poursuivi. Le régime de IBK doit tirer les leçons du passé et surtout les résultats très controversés de la politique d’intégration des groupes armés ou d’autodéfense dans l’Armée régulière et privilégier le recrutement sur la base de critères de capacité en respectant les principes de transparence et d’équité entre les membres des différents groupes.
Par ailleurs, il a attiré l’attention des décideurs sur la question de la défense nationale. Celle-ci ne doit pas faire l’objet de négociation avec les groupes armés ou d’autodéfense ceci entre dans le cadre de l’exercice de la pleine souveraineté de l’État.
À en croire l’ex-président de l’Assemblée nationale, le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) doit être essentiellement civil et doit prendre en compte la réinsertion des groupes armés surtout dans la voie de l’entreprenariat dans les domaines socio-économiques et non pas par la distribution d’argent.
B.PAITAO