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Un drame qui n’a pas détruit le lien familial
Publié le lundi 1 septembre 2014  |  L’Indépendant




L’évolution de la société à tendance à privilégier la justice et l’envie de la vengeance au détriment des règles séculaires qui ont caractérisé la société malienne. L’histoire que nous allons vous raconter s’est passée dans le village de Danbougou, cercle de Dioïla, région de Koulikoro.

ans cette petite localité du Mali, un drame n’a pas réussi à détruire le lien familial comme ce fut souvent le cas ailleurs. Ce drame est né d’une simple plaisanterie. Soumaïla Dembélé a comparu le 14 août dernier à la Cour d’assises de Bamako pour répondre du crime de coup mortel sur Aly Diallo. Le défilé des témoins ce jour-là a permis de nous renseigner sur le lien qui unit Soumaïla Dembélé à Aly Diallo. Soumaïla était l’époux de la grande sœur de Aly Diallo. Entre l’adolescent Aly et l’adulte Soumaïla, comme le recommande la tradition chez nous, tout se passe très bien. Il arrive entre les deux hommes des plaisanteries que ceux qui ne sont pas du milieu traditionnel malien ont du mal à comprendre.

Un jour du février 2013, derrière le village de Danbougou, Soumaïla trouva son beau frère Aly en altercation avec d’autres jeunes moins âgés que lui. Il lui demanda d’arrêter cette dispute. C’est ainsi qu’Aly tapa Soumaïla sur le dos en lui disant : » même demain, je ferais la même chose « . Pris d’une petite colère inhabituelle, selon son propre terme, Soumaïla se lança à la poursuite de son jeune cousin. » Je lui ai donné un coup de pied et il est tombé à plat ventre. J’ai continué ma route. Sur mon chemin, on m’annonça que le jeune Aly avait une douleur intense consécutive au coup de pied que je lui ai donné. Je suis allé à la maison où j’ai trouvé Aly couché. J’ai pris des dispositions pour le transporter au centre de santé de Beleco « , raconte Soumaïla en tremblant. Aly n’arrivera jamais vivant à destination. Sur place, l’agent de santé a constaté son décès et conclut à une hémorragie interne.

Embrrassé, perturbé, pris de honte et de panique, Soumaïla Dembélé a pris la tangente. Pendant 22 jours, il erra dans la brousse à la recherche de ses idées. Puisque n’ayant plus le courage d’affronter sa belle famille, dont il est l’auteur de la mort de l’unique garçon. Après cette longue errance, la nature a fini par convaincre Soumaïla d’affronter la réalité en face. Il décida de se présenter chez le chef du village pour être traduit devant les autorités. C’est ainsi qu’il a été conduit à la brigade territoriale de la gendarmerie de Fana pour être auditionné. Encore sous l’émotion et le regret l’accusé a retracé le film de son horrible journée et ses 22 jours de solitude aux magistrats de la Cour d’assises. » Mon intention n’a jamais été de lui donner la mort. Je l’aimais comme mon frère « , raconte Soumaïla en larme. Les détails qu’il a donnés en exprimant son regret ont provoqué une vive émotion chez l’assistance qui a compati à sa douleur. Les propos du ministère public tendant à décrire l’accusé comme quelqu’un de nerveux n’ont pas trouvé un écho favorable chez les parents de la victime, en l’occurrence Mamadou Diallo, le père de Ali, Aïssata Diallo, sa mère, le chef du village, Mamadou Dembélé et le cousin de Soumaïla, Youssouf Dembélé. Tous ont décrit Soumaïla comme un jeune homme poli et qui aime son prochain. Ils ont aussi relaté le climat ambiant qui existe entre les différentes ethnies.

A la question du président de savoir si la famille réclame un dédommagement, le père et la mère du défunt sont formels : » nous ne réclamons rien de Soumaïla. C’est la volonté de Dieu qui a fait qu’il en soit ainsi. Ni Soumaïla, ni nous les parents et ni personne ne peut arrêter le destin et le cours de la vie « .

C’est avec ces propos que la Cour composée de trois magistrats et quatre assesseurs s’est retirée pour se pencher sur le dossier. A la reprise, elle a reconnu Soumaïla Dembélé coupable de coups mortels sur son beau frère Aly. En outre, la Cour a accordé des circonstances atténuantes en prenant en compte les plaidoiries du ministère public et le commis d’office, Me Seydou Doumbia. Celui-ci avait dit que l’être humain peut mourir d’un coup aussi anodin que celui que Aly a subi. La Cour, en toute indépendance, a condamné Soumaïla Dembélé à 5 ans d’emprisonnement avec sursis. C’est avec ce verdict que la Cour d’assises a clôturé ses travaux de la 1ère session de l’année 2014 le 14 août dernier.

Moussa SIDIBE
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