À l’occasion du premier anniversaire de l’investiture du président Ibrahim Boubacar Kéïta à la magistrature suprême de notre pays, le comité directeur du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) a produit un document intitulé » IBK, un an après : l’immense gâchis « . Cet imprimé, dont nous avons pu nous procurer une copie, touche à toutes les sections de la gouvernance de l’an I du premier quinquennat du leader du RPM: l’influence de la famille présidentielle sur les institutions de la république, la gestion de la question du nord, le manque de vision du président IBK, la précarité de la situation économique.
A l’entame, le document rappelle les circonstances de l’élection et de l’investiture du président IBK. Ainsi, le 4 septembre 2013, le président a juré de préserver en toute fidélité le régime républicain, de remplir ses fonctions dans l’intérêt du peuple malien, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale et l’intégrité du territoire national.
Selon l’analyse du PARENA, IBK a été élu pour conduire le Mali hors du gouffre occasionné par la rébellion, le coup d’État et l’occupation des régions du nord, mais celui-ci a, au contraire, enfoncé le Mali. Douze mois après son élection, l’immense espérance suscitée s’est transformée en une profonde déception, les chances du pays de se relever et de se redresser se sont envolées à cause d’une gouvernance chaotique caractérisée par la corruption, l’amateurisme et l’incompétence. Ainsi, le président malien a plutôt gaspillé l’immense capital de sympathie dont notre pays bénéficiait au sein de la communauté internationale.
Les dirigeants du PARENA ont mis en exergue la violation de l’alinéa 2 de l’article 37 de la Constitution par le refus du président de déclarer publiquement ses biens dans un délai de 48 heures après son investiture. Autre violation constatée par le parti du bélier blanc, c’est celle de l’article 71 de la Constitution avec la déclaration de guerre du premier ministre Moussa Mara après sa visite mouvementée du 17 mai dernier dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Alors que l’Assemblée nationale est la seule institution qui peut autoriser une déclaration de guerre et le président en informe la nation par un message.
Selon la lecture du Comité directeur du PARENA, le chef de l’État a donné l’impression d’avoir conquis le pouvoir et le peuple malien à coup de canon. En effet, par sa seule volonté, sans aucune consultation du gouvernement et du parlement, 20 milliards de nos francs ont été sortis des caisses de l’État pour acquérir un Boeing 737 non encore immatriculé au compte du Mali. Les travaux d’agrandissement et d’embellissement de la résidence privée de IBK et de plusieurs personnalités du régime, la démolition de l’immeuble du secrétariat général de la présidence, inauguré seulement en 2007, pour être remplacé par un nouvel immeuble ont été également épinglés par le parti de Tièblé Dramé. Les coûts de construction de ce nouvel immeuble de plusieurs milliards de francs n’ont fait l’objet d’aucune inscription dans le budget initial 2014.
Pour expliquer le comble de la mauvaise gouvernance, les cadres du parti du bélier blanc ont dénoncé des marchés de gré à gré de plusieurs milliards de francs CFA attribués aux proches du président de la République. Ils ont également décrié l’emprise de la famille du président sur tous les échelons des institutions de la république.
Gestion de la question du nord par le régime
Il ressort de leur analyse que la gestion du nord s’est caractérisée tout au long de l’année par le déni de réalités et une méfiance injustifiée vis-à-vis de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, les déclarations tonitruantes suivies d’aucun effet, le pilotage à vue, les tâtonnements, l’improvisation, l’immobilisme qui ont conduit au pourrissement de la situation. La visite du premier ministre à Kidal, le 17 mai et la guerre non préparée du 21 mai 2014 sont qualifiées d’amateurisme. Et d’ajouter qu’à cause des errements du président et de son gouvernement le nord échappe chaque jour un peu plus au contrôle de l’État malien. En effet, les groupes armés du nord font la loi jusqu’aux abords de Gao et Tombouctou. Les camionneurs, qui se rendent en Algérie, paient les droits de passage aux barrages installés par les rebelles.
L’image du Mali ternie
De leur avis, le 19 septembre 2013, pour célébrer le retour du Mali dans le concert des nations, une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements se sont rendus à Bamako pour être les témoins oculaires du nouveau départ de notre pays. Le monde entier avait espéré que le Mali allait écrire de nouvelles pages de la gouvernance démocratique sur le continent. Les dépenses de prestige, les voyages incessants et improductifs à l’extérieur, la mauvaise gestion des finances publiques, les passations de marchés douteux et opaques, l’immobilisme dans la gestion du nord ont totalement ruiné la réputation internationale de notre pays. Le Mali a ainsi perdu toute sa crédibilité à l’extérieur.
Situation économique intenable
Les membres du Comité directeur sont formels: la situation financière est tendue. Les ménages tirent le diable par la queue depuis de longs mois. L’activité économique tourne au ralenti. Les commerçants détaillants comme les grossistes sont au bord de l’asphyxie. Dans ce contexte, le ministère des Finances a mis la pression sur les services de l’assiette pour atteindre les nouveaux objectifs rectifiés imposés par la suspension de l’aide budgétaire.
Propositions
Les auteurs du document ne se sont pas limités à poser seulement un diagnostic de la situation. Ils ont fait des propositions de solutions pour une résolution durable de la crise malienne. À ce titre, ils ont préconisé le respect de la Constitution dans toutes ses dispositions, mettre fin à la mauvaise gouvernance. Ils conseillent au président IBK de déclarer publiquement ses biens, de mettre fin au pilotage à vue. Ils souhaitent que le locataire de Koulouba desserre l’étau de la famille autour des institutions et de l’administration. Pour finir, le parti du bélier propose l’organisation d’une table ronde de toutes les forces vives du pays, y compris la diaspora, pour convenir d’une plateforme nationale. Les décideurs maliens doivent insister sur le retour des forces rebelles aux positions d’avant le 17 mai et exiger des groupes qui acceptent l’intégrité du territoire de faire descendre leurs drapeaux.
Boubacar PAITAO