Après la grève des 21 et 22 août, les deux parties renouent le dialogue pour restaurer la confiance et parvenir à un accord. Le second round des négociations entre l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et le gouvernement s’est ouvert hier au ministère du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les Institutions, sous la conciliation du doyen Mamadou Lamine Diarra. C’était en présence du ministre du Travail, Bocar Moussa Diarra, et du secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé.
Les deux parties se retrouvent à nouveau après l’échec du round initial et la grève de 48 heures (21 et 22 août) déclenchée par la centrale syndicale. Depuis, le Premier ministre puis le président de la République avaient entrepris, pour le premier, de déminer le terrain, et pour le second, d’apaiser le climat, afin de préparer le terrain à une reprise des négociations.
Forte de la réussite du débrayage, l’UNTM a tenu, hier, à marquer son territoire. « Que nul ne s’essaie à nous apprendre le nationalisme, le patriotisme. Nous avons acquis l’indépendance et laissé le pays aux hommes politiques », a ainsi soutenu Yacouba Katilé. Les syndicalistes, assure-t-il, ont été les principaux artisans de la démocratie. L’UNTM, prévient-il, non seulement ne se taira plus, mais elle ne laissera plus le pays dans l’imprévoyance, dans l’hégémonisme et pire dans la compromission de son existence même. « Si hier, pour des besoins de sauvegarde des intérêts particuliers, on a manipulé des personnes pour briser l’ardeur patriotique des syndicalistes, aujourd’hui, ces mêmes syndicalistes ont décidé de cimenter leur union », a indiqué le secrétaire général de l’UNTM en référence à un rapprochement avec notamment la CSTM et le syndicat de la magistrature.
Pour ces présentes négociations, Yacouba Katilé réclame l’extinction totale du protocole d’accord du 2 octobre 2011 : le relèvement substantiel de la valeur du point d’indice; la diminution de l’ITS qui s’échelonne de 5 à 30% actuellement ; la matérialisation de la prise en compte des droits des enfants par l’octroi d’allocations à la hauteur de l’importance accordée aux enfants ; l’annulation systématique de la hausse des tarifs d’eau et d’électricité et le relèvement du SMIG comme facteur de réduction de la misère, de la pauvreté.
Face à ce discours très offensif, le ministre Bocar Moussa Diarra a adopté un ton conciliant, soulignant que le bien-être du travailleur et la bonne santé du travail sont une préoccupation partagée : « l’homme, le travailleur que nous sommes chacun, demeure le capital le plus précieux pour lequel rien n’est de trop. Tout, en effet part de lui et tout lui revient ». Le Mali, a jugé le ministre, a besoin aujourd’hui, plus que jamais, d’une union sacrée de tous ses enfants, au delà de tous clivages partisans ou d’intérêts, de tous ressentiments car lorsque la case familiale brûle, il faut d’abord éteindre l’incendie au lieu de s’attarder à en connaître les causes.
Après la grève de deux jours que les deux parties regrettent, elles doivent tout faire afin que les conditions qui l’ont favorisée ne se recréent plus, a-t-il recommandé en rappelant que l’amélioration des conditions des travailleurs reste une priorité du gouvernement, comme l’a réaffirmé avec force le président de la République à l’occasion des entretiens qu’il a eus avec le monde du travail. Le chef de l’Etat, a-t-il indiqué, a instruit au gouvernement de renouer avec l’UNTM un dialogue fécond et constructif. D’où la correspondance adressée par le ministre Bocar Moussa Diarra à tous les partenaires le 29 août dernier pour une reprise du dialogue ce lundi. La séquence permettra de recueillir les propositions de l’UNTM, afin que le vendredi 12 septembre prochain, date des négociations véritables, les deux parties puissent aboutir à une conclusion rapide et heureuse.
Le président de la commission de conciliation, Mamadou Lamine Diarra, a souhaité moins de passion dans les débats afin d’effectuer un travail fécond.
S. DOUMBIA