L'armée malienne a tué dans la nuit de samedi à
dimanche 16 membres présumés d'une secte islamiste, dont des Mauritaniens,
dans le centre du Mali et au sud des régions du Nord contrôlées par des
jihadistes depuis plus de cinq mois, ont annoncé dimanche à l'AFP des
autorités maliennes.
L'armée - qui ne compte aucune perte dans ses rangs - a ouvert le feu sur
le véhicule de ces islamistes présumés qui refusait de s'arrêter dans la
localité de Diabali (environ 175 km au nord de Ségou), ont déclaré plusieurs
sources militaires, des gendarmes et un responsable au ministère malien de la
Sécurité.
Située à 235 km au nord-est de Bamako, Ségou est largement au sud de la
limite des zones du Nord contrôlées depuis cinq mois par plusieurs groupes
islamistes armés, dont Ansar Dine (Défenseur de l'islam) et le Mouvement pour
l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), alliés d'Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi).
Selon des sources militaires, sécuritaires et officielle jointes par l'AFP,
la fusillade a été déclenchée par le refus d'obtempérer, qui a poussé l'armée
à traiter les islamistes présumés, comprenant des Maliens et des Mauritaniens,
"comme des ennemis".
Selon le responsable gouvernemental, il s'agissait de membres de la secte
Dawa, originaire du Pakistan et apparue en Afrique à la fin des années 1990.
La secte compterait plusieurs centaines d'adeptes dans le nord du Mali et
serait présente dans plusieurs pays du Sahel, dont la Mauritanie, pays voisin.
Iyag Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine, est notoirement réputé en avoir été membre.
"Des prédicateurs de la Dawa"
"D'autres personnes membres de cette secte, qui devaient (...) participer à
une réunion la semaine dernière sur le territoire malien, ont été arrêtées", a
affirmé le responsable au ministère de la Sécurité.
"La plupart des hommes tués sont des prédicateurs de la Dawa. Ils sont
mauritaniens et maliens. Ils allaient participer à une rencontre sur le
territoire malien", a déclaré une source sécuritaire sans donner davantage de
précisions.
Cette sanglante fusillade, qui n'a suscité pour l'heure aucune réaction en
Mauritanie, soulève des questions: s'agit-il d'une bavure militaire ou bien
d'une mise en échec d'une progression des jihadistes du Nord? Le Mujao a
déplacé la ligne de front en prenant le 1er septembre, sans combat, la ville
de Douentza (région de Mopti, centre), proche du Nord.
Le Mali est confrontée à une grave crise aggravée par un coup d'Etat
militaire le 22 mars. Le putsch a accéléré la chute des trois régions
administratives du Nord - Kidal, Gao et Tombouctou - aux mains des groupes
armés, mêlant au départ rebelles touareg, islamistes et divers trafiquants.
Les islamistes ont, par la suite, évincé leurs ex-alliés rebelles touareg
de ces zones.
Ils prônent l'instauration de la charia et commettent des brutalités en son
nom. Ils ont également menacé de représailles les pays et soutiens d'une force
militaire que l'Afrique de l'Ouest se dit disposée à envoyer au Mali pour
l'aider à recouvrer ses zones occupées.
Bamako a précisé ne pas souhaiter de troupes combattantes, mais un appui
notamment en moyens logistiques, aériens et en renseignements.