Dans une déclaration rendue publique sous la signature de son président, Cheick Oumar Sissoko, le parti pro-junte ne fait pas dans la dentelle contre Mme Mary Berth Léonard, accusée d’immixtion dans la situation politique du Mali. En demandant au gouvernement de transition d’ « organiser des élections dans les plus brefs délais possibles et d’engager des négociations avec les groupes armés modérés ». Mme le diplomate américain s’est attirée les foudres du parti Sadi, qui qualifie cette déclaration « irresponsable » et « peu respectable du peuple malien au regard de la situation que traverse notre pays ». Morceaux choisis.
Derrière les formules de politesse utilisées dans la correspondance, se trouve un malaise bien réel exprimé à travers des mots très durs contre le diplomate. Dans une lettre de protestation adressée en fin de semaine à l’Ambassadrice des Etats unis au Mali, le parti Sadi dénonce ce qu’il qualifie d’ « immixtion des Américains dans la crise au Mali », après les récentes déclarations de Mme Mary Berth Léonard.
« Le parti Sadi ne comprend pas que votre excellence choisisse ces moments de souffrances et de fragilité pour procéder au chantage et à la pression sur des responsables sans légitimité du gouvernement dit d’union nationale », assène la lettre de protestation, qui ajoute que ce gouvernement n’est en réalité qu’ « une grossière combinaison entre les rejetons de l’ex dictateur général Moussa Traoré, du pseudo démocrate Alpha Oumar Konaré et du régime déchu ».
Négocier avec les « groupes modérés » ?
Dans une récente sortie dans la presse, Mme Mary Berth Léonard demandait au gouvernement Cheick Modibo Diarra la tenue d’élections rapides et l’ouverture de négociations avec les forces occupantes au Nord. Surpris par cette déclaration, le parti Sadi regrette une provocation digne d’un pays qui veut imposer sa volonté au peuple malien. « Nous exhortons le gouvernement de transition à organiser des élections dans les plus brefs délais possibles, et en travaillant avec la Cédéao, d’entreprendre les reformes militaires nécessaires et de s’engager dans des négociations avec les groupes modérés afin d’assurer la sécurité au nord et de défendre l’intégrité territoriale du Mali », avait recommandé l’Ambassadrice des USA au Mali dans un communiqué publié récemment dans la presse. De quels groupes modérés parlez vous ? S’interroge le parti Sadi, qui s’inquiète d’une telle position d’un pays dit « ami » du Mali. Pour le parti de l’opposition, il n’y a pas de doute, il s’agit d’ouvrir la voie à la partition du Mali. Pis, dénonce la formation politique, cette position traduit le « soutien de manière à peine voilée aux positions séparatistes ».
« Notre pays n’acceptera jamais cette partition même si vous l’avez prévue dans votre agenda. Les élections ne valent pas mieux que l’intégrité de notre territoire et la restauration de notre dignité bafouée par les agresseurs venus de l’extérieur conséquemment à l’agression de la Lybie par la coalition dirigée par votre pays », crache le parti Sadi à la figure de Mme Mary Berth Léonard, avant d’ajouter que les déclarations de celle-ci « violent la souveraineté du peuple malien et foulent ainsi au pied le respect que le Mali a pour ses hôtes notamment les diplomates ».
« L’Amérique, démocrate quand ça l’arrange »
Le parti Sadi, qui reste persuadé que l’Ambassade des USA a soutenu le dictateur Moussa Traoré jusqu’au 26 mars 1991, rappelle à Mme le diplomate que « c’est au peuple malien souverain de décider ce qui est bien pour lui ».
« Vous n’avez pas tenu le même langage en Egypte avec et après Moubarak ! Est-ce des réalités sociopolitiques différentes ? » S’interroge le parti Sadi, qui se demande si les USA pensent que l’Afrique noire n’est pas encore majeure.
C’est donc un parti Sadi écœuré par les récentes sorties de Mme Mary Berth Léonard, qui rappelle que la situation politique et sécuritaire actuelle exige des diplomates accrédités au Mali, ainsi qu’aux amis de celui-ci, de la retenue, de la mesure et de l’accompagnement de la volonté de notre peuple. « Nous comprenons que l’hyper puissance de votre pays ne peut vous permettre d’accompagner et de soutenir sans en imposer. Devrions-nous l’apprendre ainsi ? ! », crache le parti Sadi dans sa lettre de protestation. Pour Cheick Oumar Sissoko et ses camarades, il est important pour l’Ambassadrice des USA au Mali œuvre à « sauvegarder le respect que le peuple malien lui accorde et travailler pour l’aider à reconquérir sa souveraineté ». Ceci, précise la lettre de protestation, « n’est que le respect de la Charte des Nations unies en son article 2 ».
