Le Groupe de Suivi Budgétaire du Mali (GSB) a organisé le samedi 8 septembre une conférence de presse, à la maison de la presse. En initiant cette conférence, le GSB voulait partager avec les hommes des medias son analyse de l’impact de la crise politique, économique et sécuritaire au Mali sur le Budget 2012. Il ressort de leur analyse que les ressources de l’Etat ont baissée de 28% (312.4 milliards FCFA) suite à la suspension de l’aide et la diminution des ressources internes. Avec un objectif annuel initial de 1080,09 milliards FCFA à la date de juin 2012, seulement 441,044 milliards FCFA avaient été mobilisées (40,84% de taux de réalisation) soit un écart de 638,408 milliards FCFA par rapport à l’objectif annuel. La conférence était animée par : le président du GSB, Tiémoko Souleymane Sangaré, le chargé de plaidoyer, Omar Dembelé et d’autres responsables du groupe.
Pays enclavé avec des difficultés propres aux pays sahéliens, le Mali, par cette crise, connait une récession sans pareil. Selon les estimations du Groupe de Suivi Budgétaire, la suspension de l’aide au gouvernement de la plupart des bailleurs d’une part et la contraction de l’activité économique qui fait que les ressources internes du pays ont baissé de 16% font que le pays est rentré en récession avec un taux de croissance révisé de moins(−) 1,2%(contre ,5,3% en 2011). Le taux d’inflation s’élève à 5%(contre 3,5% en 2011) du fait de la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers. Un nouveau cadrage budgétaire a été publié, en mai 2012, pour la période 2013-2015. Ce nouveau cadrage qui se base sur : les trois priorités de la transition (la défense, les actions humanitaires en faveur des personnes déplacées, l’organisation des élections) et la mise en œuvre du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la pauvreté, 3e génération(CSCRPIII), a été élaboré sur base des scenarios économiques optimistes(taux de croissance de 7% en 2013, 5,7% en 2014 et 5,3% en 2015) et il dépend en grande partie de la mobilisation des financements extérieurs, toujours incertains. Les secteurs qui ont été les plus affectés par les révisions budgétaires de 2012 sont l’eau (94%), la dette (92%), les transports (84%) et l’agriculture (70%). Selon les constats du GSB, les actions pour un renforcement de la croissance économique ont été le plus touchées par les réductions opérées sur le budget 2012(baisse de 70% du budget initial affecté).
Or, le gouvernement table sur une projection de 7% de croissance attendu en 2013, ce qui est contradictoire. Le GSB recommande à l’Etat, concernant les recettes: d’évaluer les ressources potentielles du pays et d’élaborer le budget en ne comptant que sur les ressources internes pour éviter d’éventuels désagréments ; de développer de nouveaux partenariats avec des bailleurs de fonds, différents de ceux qui ont arrêté les interventions ; de trouver des financements innovants pour contourner les problèmes suscités par l’arrêt des appuis des anciens bailleurs ; d’évaluer et maitriser la dette intérieure ; de recenser les appuis spécifiques accordés par les communautés pour faire face à la crise et analyser la possibilité de l’intégrer au budget à l’aide d’un collectif budgétaire. Pour ce qui est des dépenses, le GSB recommande d’opérer des arbitrages courageux sur certains postes budgétaires pour dégager des économies qui seront affectées aux secteurs sociaux. Une amélioration des procédures de gestion des fonds est recommandée à l’Etat concernant l’exécution des dépenses. Quant à la population, elle pourrait contribuer à l’effort de résolution de la crise à travers une contribution en nature et en espèce. Il est demandé aux Partenaires Techniques et Financiers d’appuyer le gouvernement dans l’organisation des élections à travers une contribution aux dépensés de d’organisation du scrutin.