NOUAKCHOTT - La Mauritanie a qualifié d`"assassinat" collectif" la fusillade ayant fait 16 morts au Mali, dont huit prédicateurs mauritaniens "désarmés", alors que Bamako tentait d`éviter une tension entre voisins en dépêchant un émissaire à Nouakchott et en annonçant une enquête.
Attendu à Nouakchott, le ministre malien des Affaires étrangères, Tièman Coulibaly, n`y était pas encore arrivé lundi soir, selon des sources concordantes mauritaniennes. Il "viendra en Mauritanie, mais je ne sais pas quand", a simplement dit à l`AFP un diplomate.
La présidence et le ministère des Affaires étrangères mauritaniens n`ont pas officiellement communiqué sur cette visite. Et un silence similaire était observé au Mali.
Dans un communiqué publié dimanche, le gouvernement malien avait indiqué que M. Coulibaly a pour mission d`exprimer "de vive voix" aux autorités mauritaniennes "la compassion et les regrets du peuple malien" après la fusillade qui s`est produite à Diabali, localité de la région de Ségou
(centre).
Elle a eu lieu "dans la nuit du samedi (...) au poste de sécurité de Diabali", où "16 personnes ont trouvé la mort. Il s`agit de 8 Maliens et de 8 Mauritaniens tués par balle", avait expliqué Bamako, en exprimant un vif regret. Il ne s`est pas prononcé sur les circonstances de cette fusillade, l`identité des tués et les auteurs des tirs.
Il a ordonné une enquête et promis d`en rendre les résultats publics au Mali et en Mauritanie, ce qui n`a pas empêché le gouvernement mauritanien d`exprimer "sa profonde indignation" dans un communiqué au ton ferme.
Nouakchott a parlé d`un "massacre barbare perpétré (...) par une unité de l`armée régulière malienne" à l`encontre, selon lui, de "prédicateurs musulmans, pour la plupart mauritaniens" et qui étaient "désarmés", en route pour la capitale malienne. Il a dénoncé un "assassinat collectif injustifiable" et exigé "une enquête indépendante" à laquelle il souhaite être associé.
Nouvelles amputations à Gao
Plusieurs zones d`ombres subsistaient lundi autour de cette fusillade, qui s`est déroulée à environ 400 kilomètres au nord-est de Bamako. Donc, largement au sud de la limite des zones contrôlées depuis cinq mois par plusieurs groupes islamistes armés, dont Ansar Dine et le Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao), alliés d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon des sources militaires, sécuritaires et officielle maliennes jointes par l`AFP, il s`agissait d`islamistes arrivés à Diabali dans un véhicule. La fusillade a été déclenchée par le refus d`obtempérer, qui a poussé l`armée à les traiter "comme des ennemis", d`après l`une des sources.
Un responsable au ministère malien de la Sécurité a précisé à l`AFP qu`il s`agissait de membres de la secte Dawa, originaire du Pakistan et présente dans plusieurs pays du Sahel.
Un cousin d`un Mauritanien tué a parlé dimanche à l`AFP d`exécutions, les 16 prédicateurs ayant été selon lui "froidement tués par l`armée malienne". Une thèse reprise également lundi par des membres de communautés arabes et touareg maliennes sur des pages de réseaux sociaux.
D`autres s`interrogeaient sur une possible bavure militaire dans un contexte de nervosité et de suspicion au Mali, où la ligne de partition du pays s`est récemment déplacée avec la prise, le 1er septembre, par les islamistes de la ville de Douentza (région de Mopti, centre), proche du Nord.
Le Mujao et Ansar Dine et leurs alliés, dont des rebelles touareg sécessionnistes et laïcs, ont pris ensemble le Nord en menant une offensive accélérée par un coup d`Etat le 22 mars.
Les jihadistes ont ensuite évincé les rebelles touareg, et promis d`instaurer la charia (loi islamique) dans leurs zones d`occupation.
Au nom de cette loi, ils ont commis plusieurs exactions et ont récidivé lundi à Gao où, selon des témoins, ils ont coupé la main et le pied de quatre hommes accusés d`avoir braqué un car de voyageurs. Un habitant de Gao a indiqué que le Mujao, qui contrôle la ville, a promis le même sort à un cinquième présumé braqueur.
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