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Nord du Mali: nouvelles amputations par les islamistes à Gao
Publié le lundi 10 septembre 2012  |  AFP


Les
© AFP
Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l`unicité du jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l`Islam)


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BAMAKO - Les jihadistes installés depuis plus de cinq mois dans le nord du Mali ont coupé lundi à Gao la main et le pied de quatre hommes accusés de braquage, selon des témoins, poursuivant des amputations commencées début août au nom de la charia (loi islamique) qu`ils prétendent appliquer.
Selon un élu municipal et un habitant de Gao, les amputations ont été effectuées par le Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest
(Mujao), qui contrôle Gao et se partage le vaste nord du Mali avec d`autres
groupes armés, dont Ansar Dine (Défenseur de l`islam).
Le Mujao et Ansar Dine sont des alliés d`Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi) dont des dirigeants sont régulièrement vus dans les zones qu`ils
occupent.
"Les islamistes du Mujao, qui contrôlent Gao, ont coupé aujourd`hui une
main et un pied à chacune des quatre personnes" accusées d`avoir braqué un car
de voyageurs", a déclaré l`élu municipal sous couvert d`anonymat.
Un autre habitant a confirmé cette information, en précisant qu`il
s`agissait de quatre hommes et qu`un cinquième homme accusé des même faits
devait subir le même sort.
Joint par l`AFP, un responsable du Mujao a simplement déclaré: "Nous avons
appliqué la charia à quatre personnes (lundi). Dans les prochains jours, nous
allons continuer à appliquer la charia aux voleurs", confirmant implicitement
les quatre amputations mais sans donner de détails.
Selon l`habitant, les amputations ont été effectuées sur la place de
l`Indépendance de Gao. Les hommes amputés sont accusés d`avoir attaqué en août
un bus de transport entre Gao et Niamey, capitale du Niger voisin.
Un autre résident de Gao a affirmé avoir vu un des hommes se faire amputer
puis être conduit vers un centre de santé tenu par les islamistes, lieu
différent de l`hôpital public. On ignorait l`état des quatre amputés et la
destination des trois autres.
"C`est terrible! (...) Je ne peux que pleurer, la communauté internationale
nous abandonne!", a déploré Abdou Sidibé, député de Gao joint à Bamako, qui a
affirmé à l`AFP avoir appris les amputations des quatre hommes auprès de
plusieurs personnes jointes dans sa ville.
La première amputation publique effectuée par les islamistes dans le Nord
remonte au 8 août à Ansongo, localité située à environ 90 km au sud de Gao. Il
s`agissait d`un homme accusé d`avoir volé une moto, qui a été mutilé devant
des dizaines de personnes par des hommes du Mujao.
La veille, le 7 août, des habitants de Gao mis au courant d`un projet
similaire l`avaient empêché en occupant la place où était prévue l`amputation.
Profitant d`un coup d`Etat militaire le 22 mars qui a déstabilisé le
pouvoir politique à Bamako, les islamistes ont pris le contrôle du Nord Mali
entre fin mars et début avril, en même temps que des rebelles touareg qu`ils
ont, depuis, évincés de ces zones. Le 1er septembre, le Mujao a pris sans
combat Douentza, ville stratégique de la région de Mopti (sud), proche du Nord.
Tous les jihadistes déclarent vouloir imposer la charia dans le Nord,
composé des régions administratives de Kidal, Gao et Tombouctou, ainsi qu`à
Douentza.
Au nom de cette loi islamique, ils ont commis de nombreuses exactions en
toute impunité, en dehors de la résistance d`une frange de la population.
Le 29 juillet, des hommes d`Ansar Dine ont lapidé à mort, en public, dans
la localité de Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils
reprochaient d`avoir eu des enfants sans être mariés.
D`autres couples qu`ils ont jugés "illégitimes", des présumés buveurs
d`alcool, fumeurs, voleurs ou violeurs ont aussi été fouettés en public par
les islamistes dans plusieurs villes, notamment dans la mythique cité de
Tombouctou, où ils ont par ailleurs détruit des tombeaux de saints musulmans
vénérés par la population.
Les autorités maliennes, des organisations de défense des droits de l`Homme
et l`ONU ont dénoncé ces agissements, mais se sont révélées pour l`heure
impuissantes à y mettre un terme.

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