BAMAKO (AFP) - Un militaire malien a qualifié d'"erreur" la fusillade dans le centre du Mali ayant fait 16 morts dont huit Mauritaniens, tués par l'armée, tandis qu'une responsable de la société civile l'a jugée "regrettable" dans des déclarations lundi à un journaliste de l'AFP à Bamako.
"Nous avons voulu éviter de polémiquer. Nous avons donc reconnu notre erreur avant même la fin de l'enquête" ordonnée par le gouvernement malien, a dit le militaire joint au ministère malien de la Défense, sous couvert d'anonymat.
"Nous avons présenté nos condoléances à nos frères mauritaniens, et le
gouvernement a délégué un ministre pour présenter les excuses du peuple malien
au peuple frère de Mauritanie", a-t-il ajouté. A la question de savoir s'il
reconnaissait une "bavure" de soldats, il a rejeté ce mot et répété qu'il
s'agissait d'une "erreur". Il n'a pas voulu s'exprimer davantage.
Dimanche, diverses sources maliennes avaient expliqué à l'AFP que l'armée
malienne avait tiré dans la nuit de samedi sur le véhicule de présumés
islamistes ayant refusé d'obtempérer dans la localité de Diabali (région de
Ségou, centre du Mali).
Le gouvernement malien a exprimé ses regrets pour "ce douloureux
événement", en précisant qu'il y a huit Maliens et huit Mauritaniens tués, et
ordonné une enquête.
Le gouvernement mauritanien a affirmé qu'il s'agissait de "prédicateurs
musulmans, pour la plupart mauritaniens" et "désarmés". Il a dénoncé un
"assassinat collectif injustifiable" et exigé "une enquête indépendante" à
laquelle il souhaite être associé.
"Ce qui est arrivé à Diabali est regrettable", a réagi lundi Mme Fatoumata
Siré Diakité, responsable de la société malienne et membre d'une coalition
politique anti-putsch.
"Je pense c'est un signe avant-coureur de ce à quoi il faut s'attendre dans
le Nord, lorsque l'armée va s'engager dans les combats, c'est-à-dire des
dégâts collatéraux. Notre armée aura besoin de beaucoup de professionnalisme",
a ajouté Mme Diakité.
Des groupes armés, dominés par des islamistes extrémistes, ont pris entre
fin mars et début avril le nord du Mali. Les islamistes ont ensuite évincé
d'anciens alliés de leurs zones, où ils imposent l'application de la charia
(loi islamique) et commettent en son nom des exactions.
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