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Le président du parti Sadi : A Excellence Madame Mary Beth Léonard, Ambassadeur des Etats Unis au Mali
Publié le mardi 11 septembre 2012  |  L'Inter de Bamako




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Objet : Protestation contre l’immixtion de l’Ambassadeur des Etats Unis dans la situation au Mali

Excellence l’Ambassadeur,

Nous vous remercions pour les efforts que le peuple américain déploie pour soulager les souffrances des populations maliennes. Nous vous croyons également défenseur de la liberté.

Nous devons cependant vous rappeler un certain nombre de principes extrêmement importants pour nous. Notre pays, après le 22 mars 2012, a une réelle chance de créer une véritable démocratie permettant à toutes les Maliennes et à tous les Maliens de profiter d’une justice égale pour tous, des élections crédibles et transparentes et l’accès équitable aux services sociaux et aux opportunités de développement.

Le peuple malien et les forces politiques et sociales s’efforcent de sortir d’une véritable crise de confiance créée par le pouvoir déchu. Nous essayons de resserrer les rangs et d’atténuer les souffrances afin de laisser une place au dialogue, de converger nos énergies vers la défense de l’intégrité de notre territoire et redonner confiance à notre peuple.

Le Parti SADI ne comprend pas que votre excellence choisisse, ces moments de souffrances et de fragilité pour procéder au chantage et à la pression sur des responsables sans légitimité du gouvernement dit d’Union nationale. Ce gouvernement dit d’Union nationale n’est en réalité qu’une grossière combinaison entre les rejetons de l’ex dictateur général Moussa Traoré, du pseudo démocrate Alpha Oumar Konaré et du général laxiste et corrompu Amadou Toumani Touré. Malgré tout ceci, le peuple souhaiterait trouver une plateforme minimale pour s’attaquer à ses principales préoccupations : la récupération des régions du nord et l’établissement de la démocratie véritable.

Quand Votre Excellence déclare dans votre communiqué : «Nous exhortons donc le gouvernement de transition à organiser des élections dans les plus brefs délais possibles, et en travaillant avec la CEDEAO, d’entreprendre les reformes militaires nécessaires et de s’engager dans des négociations avec les groupes modérés afin d’assurer la sécurité au Nord et de défendre l’intégrité territoriale du Mali» ; de quels groupes modérés parlez- vous ? Ceci nous inquiète.

Cette position ouvre la voie à la partition de notre pays et vous soutenez de manière à peine voilée les positions séparatistes. Il est remarquable que votre Excellence ne fait aucun cas de la gestion désastreuse de l’équipe déchue d’ATT qui s’est illustrée par son laxisme, sa complicité avec les groupes islamistes, les terroristes, les trafiquants de drogue et les marchands d’otages. Vous ne faites non plus cas des héritiers politiques d’ATT au sein du FDR et d’autres regroupements qui régentent les mêmes réseaux. Votre discours les incite à se cramponner au pouvoir et de continuer à liquider l’espoir né du coup d’Etat du 22 mars 2012, dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo.

Vous disiez fort à propos dans votre discours d’anniversaire du 04 juillet 2012 « Un coup d’Etat a abouti à un redressage complet de la gouvernance démocratique au Mali. Cette affaire a été accompagnée par un évènement aussi bien difficile à témoigner- c’est-à-dire, la chute du Nord aux mains des rebelles, suivie par l’implantation de ceux qui ne partagent pas les idéaux de tolérance et de compassion du Mali».

Notre pays n’acceptera jamais cette partition même si vous l’avez prévue dans votre agenda. Les élections ne valent pas mieux que l’intégrité de notre territoire et la restauration de notre dignité bafouée par les agresseurs venus de l’extérieur conséquemment à l’agression de la Libye par la coalition dirigée par votre pays.

En déclarant «Nous renouvelons nos appels pour que le CNRDRE se retire de la vie politique, et nous demeurons très sceptiques sur l’intérêt de garder quelque rôle que ce soit pour le capitaine Sanogo dans les institutions politiques du pays», vous violer la souveraineté de notre peuple et vous foulez ainsi au pied le respect que notre peuple a pour ses hôtes, notamment les diplomates. Rappelez- vous que votre ambassade a soutenu le dictateur Moussa Traoré jusqu’au 26 mars 1991. C’est au peuple malien de décider de ce qui est bon pour lui comme le peuple américain décide de ce qui est bon pour lui. Vous n’avez pas tenu le même langage en Egypte avec et après Moubarak ! Est-ce des réalités sociopolitiques différentes ? Nous vous le concédons ! Soutenez- vous alors que, l’Afrique noire n’est donc pas encore majeure ?

Excellence, la situation politique et sécuritaire actuelle exige des diplomates accrédités au Mali ainsi qu’aux amis de notre pays de la retenue, de la mesure et de l’accompagnement de la volonté de notre peuple. Nous comprenons que l’hyper puissance de votre pays ne peut vous permettre d’accompagner et soutenir sans en imposer. Devrions-nous l’apprendre ainsi ?

Est-il difficile de comprendre que les élections ne constituent qu’un moyen pour stabiliser une nation ? Elles ne sont pas plus importantes que notre souveraineté, notre intégrité et nos cultures millénaires bafouées par des fanatiques surarmés et financés à coût de milliards grâce aux rançons payées par les gouvernements occidentaux.

Vous êtes vous renseignés sur les raisons qui ont fait que le Prof Dioncounda Traoré, président par intérim, n’a pu encore expliquer au peuple malien les contraintes qui l’ont empêchées d’accomplir sa mission principale, celle d’organiser l’ élection du président de la République pendant la période intérimaire constitutionnelle de 40 jours ? Le candidat de l’ADEMA qu’il était, ainsi que les autres candidats (exception faite du Dr. Oumar Mariko) à l’élection présidentielle du 29 avril 2012 juraient sur tous les cieux que l’élection présidentielle était possible. Certains affirmaient que seule la prise de Bamako pouvait l’empêcher !! Vous agissez aujourd’hui de manière peu diplomatique dans ce sens, et ceci est incompréhensible pour notre peuple et pour notre parti.

Enfin Excellence, nous vous prions de garder une certaine réserve par rapport à la politique intérieure de notre pays notamment en ces moments cruciaux. Notre peuple a de la considération et du respect pour vous et pour le vôtre. Nous méritons la réciprocité.

L’ambassadeur du Mali aux Etats Unis a certainement des points de vue sur la politique intérieure et encore plus sur la politique extérieure du gouvernement des Etats- Unis, mais son statut de diplomate l’empêcherait de les diffuser dans un communiqué de presse.

Vous utilisez votre position comme représentant d’un pays qui domine le monde et qui détient d’importantes ressources financières pour faire pression sur le gouvernement du Mali. Nous ne pouvons le permettre, même si nous ne partageons pas sa vision actuelle de la crise au Mali.

Les amis du Mali, et nous considérons que vous en faites partie, doivent l’accompagner pour l’organisation d’une Convention nationale souveraine qui permettrait de dégager une véritable feuille de route, les priorités de l’action gouvernementale ainsi que les organes pour notre transition vers la démocratie véritable et le changement, toutes choses que la Constitution du Mali ne prévoit pas. Cette Constitution est aujourd’hui violée avec l’accord et la recommandation de «la communauté internationale».

Votre statut de diplomate représentant la grande puissance de cette «communauté internationale» vous exige de sauvegarder le respect que vous accorde notre peuple et travailler pour l’aider à reconquérir sa souveraineté selon ses propres sollicitations. Ceci n’est que le respect de la charte des Nations- unies en son article 2.

Veuillez agréer, Excellence Madame l’Ambassadeur, l’expression de notre haute considération.

Bamako, le 04 septembre 2012

Le Président, Cheick Oumar SISSOKO

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