Les journalistes de 12 radios locales du Mali participent actuellement à une session de formation aux techniques d’animation de débats sur justice transitionnelle. L’atelier se tient au siège de la CAFO à Bamako, et il a été ouvert officiellement par Mme Yaba Tamboura, Conseillère technique genre au ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en présence des représentants de la Mairie et de l’IPAO et des responsables de la CAFO.
Grâce à un projet mis en œuvre par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO), ils se familiariseront avec cette nouvelle thématique et les modalités d’animation de débats critiques sur la question.
Car après une période sombre de son histoire, suite à la rébellion de groupes islamistes au nord, marquée par des exactions et violations de toutes sortes, le Mali traverse depuis les dernières élections une phase transitoire, avec la ferme volonté de panser les plaies et de réconcilier les Maliens.
Mais la réconciliation nationale suppose que justice soit rendue aux victimes des violations des droits de l’homme pendant la phase aigüe du conflit. Pour ce faire, le Mali doit donc appliquer une justice transitionnelle, qui consiste «en des mesures judiciaires et non judiciaires mises en œuvre pour redresser les conséquences des violations des droits de l’homme», à l’image des expériences qui se sont déroulées dans plusieurs pays africains tels que l’Afrique du Sud; la Sierra-Leone, le Togo et la Côte d’Ivoire.
Le dispositif visant à mettre en œuvre la justice transitionnelle ne semble pas encore tout à fait clair au niveau des décideurs. Et au niveau des citoyens ordinaires, la notion même est parfois inconnue et mal comprise, donc exposée au rejet de la part de groupes avides de revanche aveugle, même si une Commission Vérité, Justice et Réconciliation a été mise en place.
Les médias constituent des acteurs décisifs, à la fois pour faire comprendre aux citoyens ce qu’est la justice transitionnelle; contribuer à mieux faire reconnaître les droits des victimes et faire entendre leurs voix, ainsi que celles qui plaident en faveur de la justice transitionnelle et permettre d’accélérer la mise en œuvre par les autorités d’un dispositif de justice transitionnelle, très demandé par différentes organisations de la société civile malienne.
Mais, à l’image des citoyens, ils ne disposent pas de suffisamment de compétences pouvant leur permettre d’ouvrir un débat sur la question. D’où la nécessité de renforcer leurs capacités thématiques en justice transitionnelle et techniques en animation de débats et réalisation de magazines, pour leur permettre d’approfondir la question et de mieux informer les populations.
La matinée de la première journée était consacrée au lancement officiel du projet, en présence des autorités et des acteurs intéressés par ces questions. Ensuite a suivi une partie thématique et une partie technique consacrée à l’animation de débats. 12 journalistes venant de radios locales, dont 4 du district de Bamako et 8 de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti ont été formés sur la thématique et sur comment préparer et organiser les débats.
Une campagne de production de débats sera organisée pendant 3 mois. Chaque radio organisera 3 débats, pour 36 productions au total. Le projet est financé par Trustafrica et prévoit aussi de former les journalistes au journalisme d’investigation et les organisations de la société civile à la communication et à l’utilisation des médias sociaux. Nous y reviendrons.
Ramata Diaouré