A Alger où se déroulent les négociations entre le gouvernement et les groupes armés, la société civile malienne invitée pour donner son point de vue, et apporter des clarifications susceptibles d’éclairer les lanternes du médiateur, dans le laborieux travail de négociation d’un accord de paix, s’est vite retrouvée dans les tourbillons de la division entre société civile du gouvernement et société civile de l’Azawad.
Prenant son bâton de pèlerin, le Haut représentant du président de la République pour les pourparlers inclusifs inter-Maliens, Modibo Kéita haut représentant du président de la république, s’est rendu au Saint Georges Hôtel d’Alger où est hébergée la société civile malienne dans son ensemble. En rendant cette visite de courtoisie, il a été porteur d’un message d’unité, un appel à la société civile pour qu’elle se ressaisisse et renforce son unité.
Les trois premières journées de débats dans les groupes thématiques avaient fait apparaitre au grand jour la diversité certes, mais un fossé profond entre partisans de l’unité et ceux de l’autonomie ou de l’indépendance pour l’Azawad.
Cette donne, presqu’un blocage n’a pas laissé indifférent le Haut représentant du président qui a décidé de rencontrer la société civile dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 septembre 2014. « Ma mission n’est pas à confondre avec celle du gouvernement, c’est une visite de courtoisie et non de discussion, que je vous rends. Car la discussion, c’est entre les groupes et le gouvernement », a dit Modibo Kéita, pour lever toute équivoque.
Il a rappelé le choix du dialogue et de la négociation pour régler le problème. Selon lui, il ne peut y avoir deux vérités, mais une seule pour une même situation. Il a déploré les nombreuses victimes des deux côtés, qui sont toutes des victimes maliennes. Il a mis l’accent sur le déséquilibre entre le sud et le nord, moins développé et défavorisé, alors qu’il s’agit du même pays.
A cause du conflit, il y a des milliers d’enfants qui ne peuvent pas aller à l’école. Allons-nous accepter que cette situation perdure et que nos petits enfants vivent les mêmes difficultés ? s’est -il interrogé. « Je ne fais pas de différence entre la société civile venue de Kidal, de Gao, Mopti ou des camps de refugiés du Burkina Faso. Je suis de la société civile.
Pour moi, il n’y a pas de société civile du gouvernement ou des mouvements, il n’y a qu’une société civile », a déclaré Modibo Keita face à la société civile désignée par les différentes parties en négociation à Alger. Selon lui, malgré les peines, il faut qu’on accepte de reconnaitre que ce qui nous est arrivé, est certes par nos faits, mais aussi par la volonté de Dieu, a-t-il indiqué.
La démarche du Haut représentant du président a été saluée par la société civile. Mais a-t-elle prêté une oreille attentive ? Non, parce que le lendemain, les divergences ont continué à se faire voir. Et les « Azawadistes » ont continué de plus bel à revendiquer leur indépendance.
B. Daou