BAMAKO - Plusieurs dizaines de commerçants arabes maliens ont marché mercredi à Tombouctou (nord-ouest) pour dénoncer la récente fusillade dans le centre du Mali qui a fait 16 morts, dont des membres des communautés arabes maliennes, parlant de "massacre", a appris l`AFP auprès de témoins.
La manifestation, qui a réuni plus d`une centaine de personnes sur la plus grande artère de cette ville, était encadrée par la police islamique mise en place par les groupes jihadistes armés qui contrôlent depuis plus de cinq mois Tombouctou et tout le vaste Nord, ont indiqué ces témoins joints depuis Bamako.
"Tous les commerçants arabes de la ville ont fermé boutique ce (mercredi) matin pour protester contre la mort des Arabes de la Dawa (secte islamiste) à Diabali", localité à environ 400 km au nord-est de Bamako où s`est déroulée la fusillade, a dit un habitant de Tombouctou.
La secte Dawa, originaire du Pakistan, est présente dans plusieurs pays du
Sahel.
"Ils marchent, bien encadrés par la politique islamique, en scandant +Allah Akbar!+ (Dieu est grand) et en brandissant des banderoles écrites en arabe", a confirmé un notable de la ville.
Les auteurs de cette tuerie doivent s`attendre à des "représailles" des islamistes, a indiqué un élève coranique participant à la marche.
"Ce sont les islamistes qui les ont contactés (les manifestants, NDLR) pour leur demander de marcher", a dit un notable de Tombouctou, sans préciser si les manifestants appartiennent ou non à un des groupes jihadistes occupant le Nord et alliés d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon le gouvernement malien, les 16 personnes ont été abattues dans la nuit du 8 septembre à Diabali. Diverses sources maliennes, dont des militaires, avaient auparavant expliqué à l`AFP que des soldats maliens ont ouvert le feu, de nuit, sur un véhicule d`islamistes présumés ayant refusé d`obtempérer. Une autre source a indiqué que les voyageurs étaient membres d`une secte islamiste.
Mardi, le ministre malien de la Défense, le colonel-major Yamoussa Camara, a évoqué la possibilité d`une bavure, en précisant toutefois attendre les conclusions de l`enquête officielle avant de se prononcer.