Auteur d’une très bonne prestation à Blida, la sélection malienne se retrouve pénalisée par une évidente erreur d’arbitrage.
«Un Mondialiste, cela se respecte». Tel était le titre choisi par le quotidien «Le Soir d’Algérie» pour célébrer avec un brin d’immodestie la victoire des Verts (appellation désormais préférée à celle des Fennecs) sur l’Ethiopie. Notre excellent confrère avait certainement oublié qu’en Afrique ce genre de hiérarchie n’a aucune espèce de signification, que les rapports de force entre les différentes sélections sont mouvants et que les prétendus outsiders se font à la fois un devoir et un plaisir de secouer les supposés favoris.
Toutes ces vérités se sont vérifiées mercredi soir au stade Mustapha-Tchaker de Blida où les Aigles auraient pu légitimement prétendre au partage des points, n’eut été le manque de vigilance du trio arbitral camerounais dirigé par Alioum Néant. Indicateur indiscutable de la physionomie de la rencontre, le public chaud bouillant du début de la rencontre qui sifflait toutes les actions maliennes et applaudissait même les mises en touche des siens s’est peu à peu transformé en une masse de supporters inquiets et beaucoup plus silencieux devant l’emprise sur la partie que manifestaient par séquences les protégés de Kasperczak.
Les Aigles ont eu leur tâche relativement facilitée par la tactique mise en place par le nouvel entraîneur des Verts, Christian Gourcuff ex-coach de Lorient et dont l’expérience tant en matière de gestion des matches internationaux qu’en connaissance du football africain reste encore à acquérir.
Le technicien français adepte d’un 4-4-2 quasi immuable lorsqu’il dirigeait le club breton avait expérimenté un 4-3-2-1 dont ses protégés maîtrisaient visiblement mal l’animation. En outre, il avait visiblement donné des conseils de prudence à son arrière-garde dont les éléments se sont abstenus pendant les trois-quarts de la rencontre de toute montée offensive.
Enfin Gourcuff a fait appliquer à ses joueurs un marquage en zone qui a abandonné une appréciable liberté de mouvement au milieu de terrain et aux attaquants maliens. répondant athlétique et finesse technique. Le plan de bataille de Kasperczak, qui dans sa conférence de presse de la veille avait paisiblement indiqué qu’il savait comment jouer l’Algérie, tranchait par sa simplicité. Il reposait sur un pressing haut exercé sur toutes les zones du terrain.
Le procédé avait le mérite de troubler le jeu algérien qui privilégie traditionnellement la remontée en passes courtes et les combinaisons rapides à l’approche des 18 mètres adverses. La question qui se posait était de savoir si les nôtres auraient la résistance physique et la concentration nécessaires pour pratiquer sur la durée une tactique qui toutes proportions gardées se rapproche de celle pratiquée par l’Atletico Madrid face aux cadors d’Espagne et d’Europe, tactique qui repose tout à la fois sur le répondant athlétique et la finesse technique.
La réponse a été positive sur le premier aspect. Malgré un temps de récupération moindre-les Algériens avaient eu 24 heures de repos supplémentaires et avaient été rapatriés d’Ethiopie sur un vol spécial-, les Aigles n’ont jamais donné l’impression de décliner en ce qui concerne le répondant physique. Par contre, ils ont fléchi en milieu de deuxième mi-temps au niveau de la maîtrise tactique.
Les erreurs commises relèvent, à notre avis, du manque d’expérience du haut niveau. En témoigne le carton rouge reçu à la 68è minute par Mamoutou Ndiaye très nerveux qui aurait pourtant du être sur ses gardes puisqu’il s’était vu administrer un jaune douze minutes auparavant pour une faute inutile et qui en outre n’avait pas pris suffisamment en compte l’avertissement verbal donné en première période pour une charge inutilement fougueuse. En témoignent aussi les trois coups francs successifs concédés aux abords des dix-huit mètres maliens après l’expulsion du demi et dont le dernier botté par Riyad Mahrez a amené le but litigieux de Carl Medjhani (80è min).
En témoignent enfin les erreurs d’appréciation de Bakary Sako, trop confiant en ses qualités individuelles et qui n’a pas compris qu’en infériorité numérique, on n’a pas d’autre choix que celui de jouer simple, dépouillé et concentré. Mais toutes ces remarques n’empêchent pas de reconnaître les réels mérites d’une sélection tactiquement disciplinée, qui, malgré qu’elle ait été handicapée par la blessure reçue la veille à l’entraînement par Cheick Tidiane Diabaté, a joué la gagne aussi longtemps qu’elle l’a pu; qui a obligé la sélection algérienne à complètement déjouer en début de deuxième période; et qui a montré un beau sursaut d’orgueil après l’ouverture du score en se ménageant une dernière situation de but. Le Mali a d’ailleurs eu deux occasions quasi idéales d’ouvrir le score.
La première à la 40è minute au terme d’un superbe débordement de Bakary Sako sur le flanc gauche. Le milieu offensif se rabattit ensuite dans la surface de réparation, marqua un temps d’arrêt incompréhensible avant de faire un court centre en retrait sans destinataire alors qu’il lui aurait suffit de glisser une balle coupant la trajectoire de Moustaph Yatabaré qui arrivait en trombe dans l’axe. une grosse frustration.
La deuxième à l’heure de jeu lorsqu’un mouvement de panique de la défense algérienne fit revenir le cuir dans les pieds de Bakary Sako. Surpris par l’aubaine, l’attaquant se précipita pour décocher un tir croisé alors qu’en enveloppant la balle il aurait marqué imparablement dans la cage désertée par le keeper Mbohli.
Ces opportunités maliennes s’équilibraient avec les occasions algériennes dont la plus nette se situe à la 11è minute quand un coup franc tiré par Saphir Taider rebondit sur le poteau gauche de Oumar Sissoko. Le cuir aussitôt récupéré par Mahrez fut centré sur Essaïd Belkalem dont la tête fut repoussée toujours par le poteau gauche. Mais globalement, la sélection algérienne ne valut que par la grosse activité déployée par le demi Yacine Brahimi qui s’efforça sans trop de réussite à éveiller le secteur offensif de son équipe et par l’abnégation du véloce Islam Saifi, extrêmement isolé en attaque.
C’est pourquoi le résultat final a constitué une grosse frustration pour les nôtres. De la place où nous nous trouvions, nous avions eu un très léger doute sur la position du buteur Medjani, étrangement seul lorsqu’il croisa sa tête victorieuse. Mais les images diffusées par la chaîne Bein Sport et la palette montée par les commentateurs de cette télévision satellitaire, que nous avons pu suivre quelques minutes plus tard dans le salon du stade, ne laissaient place à aucune équivoque. L’attaquant algérien se trouvait au moins à un bon mètre derrière les défenseurs maliens au départ du ballon et c’est cet avantage aussi litigieux que décisif qui lui a permis de marquer sans opposition.
Il reste étonnant qu’une telle situation facile à détecter puisque déclenchée par une balle arrêtée tirée aux environs de la pointe gauche des 18 mètres malien, ait échappé à l’arbitre et à son juge de ligne, tous deux idéalement placés. Dans la délégation malienne, amère à juste titre, les commentaires désobligeants ont fusé sur la moralité de l’arbitre camerounais, Néant. Personnellement, nous nous demandons si la brigade camerounaise–qui auparavant maîtrisait plutôt bien la rencontre-n’a pas tout simplement opté pour la solution de la «prudence» sur un épisode qui déterminait littéralement le sort du match. Mais dans un groupe beaucoup plus serré qu’on ne le pense, recevoir à la place du point mérité les commentaires louangeurs de nos amis algériens reste une très mauvaise affaire. Puisque pour notre sélection la course-poursuite se substitue au coude à coude.
(Correspondance particulière)
Mercredi 10 septembre au stade de Blida (Algérie)
Algérie-Mali : 1-0
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