Il est difficile d’enlever dans les esprits des groupes armés l’Azawad. Et leurs faits et gestes à Alger le démontrent à suffisance.
Le lobby qui se cache derrière l’Azawad continue son offensive, ce malgré les négociations en cours à Alger. La confusion est telle que même l’Etat malien n’a pas pu s’empêcher de tomber dans le piège des séparatistes.
En témoigne le fait que c’est le ministre des Affaires étrangères qui est chargé de négocier en face des groupes armés. Alors qu’en la matière, c’est plutôt le ministre de l’Intérieur qui doit jouer ce rôle.
De mémoire des Maliens, c’est la première qu’on assiste à une telle erreur dans la gestion de la crise du Nord. Pour l’accord de Tamanrasset, en 1990, le Mali a été représenté par un ministre de l’Intérieur.
A la faveur de la signature de l’accord d’Alger en 2006, c’est le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a paraphé le document au nom du Mali. C’est le même procédé en 2013, lors du très salutaire accord de Ouagadougou avec le ministre de l’Administration territoriale.
Le choix d’un ministre de l’Administration territoriale se justifie par le fait qu’il s’agit d’un conflit interne. Alors que le rôle d’un ministre des Affaires étrangères intervient quand il est question de conflits entre deux pays. Ce qui est loin du cas malien. Du coup, certains esprits croient durs comme fer que les autorités maliennes ont tout simplement capitulé devant les revendications des groupes armés.
Comme pour en rajouter à la confusion, en lieu et place d’une seule société civile habilitée à représenter tout le Mali, à Alger, nous avons affaire à deux (la société civile du Mali et celle de l’Azawad), sans que personne ne bronche.
Au moment où des débats chauds opposaient les participants d’Alger II, des manifestations de soutien à l’Azawad sont orchestrées dans plusieurs villes du Nord sous contrôle des groupes armés.D’ailleurs, un noyau important des responsables du MNLA et du HCUA sont toujours à Kidal et fait un travail d’endoctrinement.
Auparavant, une plate forme a été adoptée à Ouagadougou par la coordination (MNLA, HCUA, MAA) et les groupes politico-militaire où la principale recommandation était le statut politique particulier pour les régions du Nord.
Le hic est que même les groupes qui disent reconnaître l’intégrité du territoire continuent d’utiliser le nom Azawad (la Coalition du peule de l’Azawad et la dissidence du Mouvement arabe de l’Azawad, Haut conseil de l’unité de l’Azawad). « S’ils se reconnaissent dans le Mali un et indivisible, ils doivent se démarquer du terme Azawad », souligne un observateur.
Des actions diplomatiques
Pour confirmer la thèse selon laquelle le MNLA et ses alliés n’ont jamais renoncé à leur projet de République de l’Azawad, un représentant a été désigné en Europe. Il s’agit de l’ancien porte-parole du groupe, Moussa Ag Assarid, qui avait proclamé en son temps l’utopique indépendance de l’Azawad sur le plateau de France 24.
Sur le vieux continent, il est appuyé par un grand lobby d’où son coup aux Pays-Bas. La stratégie est simple, il met en place d’abord des centres culturels et même temps, il mène des activités diplomatiques en sourdine.
Autre fait qui démontre que le MNLA tient à l’Azawad, un groupe restreint est en train de sillonner des pays arabes et la moisson a été belle, les sympathisants ne se comptent plus.
Plus grave, les autorités maliennes qui ont signé un accord de cessez-le-feu ne parviennent pas à imposer à la partie adverse son respect. Dans ces conditions troubles, il est difficile d’imaginer que les groupes armés ont enterré leur projet de République de l’Azawad.
Au contraire, le MNLA et ses alliés en rêvent toujours les jours. C’est pourquoi, Alger II ne fera pas mieux que les précédentes négociations.
Alpha Mahamane Cissé