Tôt dans la matinée du jeudi 11 septembre, les participants à la Marche pour la paix avaient pris d’assaut la cour de la Bourse du travail. L’objectif de la marche, initiée par des organisations de la société civile, des institutions de défense des droits humains et des victimes de violations des droits de l’homme, était de susciter une large mobilisation contre l’impunité et les violations des droits de l’homme.
C’est avec des slogans comme «Oui à la paix, non à l’impunité» que la marche s’était ébranlée de la Bourse du travail en direction de la Cité ministérielle. Sur les banderoles, les organisateurs proclamaient «Sans justice, pas de paix, ni de développement».
Certaines d’entre-elles exhortaient les pouvoirs publics à arrêter et à juger Houka Houka (un juge islamique récemment libéré). D’autres clamaient «Oui à la réconciliation nationale, à la paix, à l’unité du Mali. Stop à l’impunité, aux atteintes à l’indépendance de la justice, aux libérations extrajudiciaires, aux viols, à l’esclavage et aux violences sexuelles».
Au département de la Justice, les manifestants ont été reçus par le ministre Mohamed Ali Bathily. L’honneur revint au Directeur général d’Amnesty International du Mali, Salim Dédéou Traoré, de présenter le mémorandum des institutions de défense des droits de l’homme au ministre. Il était entouré du Président de l’AMDH, Maître Moctar Mariko et des responsables des organisations présentes.
Le mémorandum stipule: «Nous, organisations et institutions de défense des droits humains, citoyens maliens, marchons aujourd’hui en faveur de la lutte contre l’impunité, pour une paix et une réconciliation durables. Nous demeurons préoccupés par la situation actuelle des droits de l’homme dans notre pays, à l’heure où se poursuivent à Alger les pourparlers entre le gouvernement et les groupes armés».
Et Saloum D. Traoré d’indiquer que les organisateurs de la marche souhaitaient que les négociations respectent les dispositions de la Constitution du pays et de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Un accord qui rappelle la détermination des parties à édifier un Etat de droit, démocratique et prospère, et garantit les droits de tous les citoyens.
Après avoir reçu le mémorandum des mains du porte-parole des marcheurs, le ministre Mohamed Ali Bathily a appuyé la requête relative à l’Etat de droit. Mais, relèvera-t-il, il faut une corrélation entre l’Etat et le droit. «Les armes ont détruit notre pays. Nous sommes en train de préparer et de réparer le retour, la force et la reconstruction de l’Etat. Tous les crimes commis sont imprescriptibles. On continue toujours de juger les criminels de 1945. Notre pays ne se soustraira pas à cette règle. Aucun crime ne restera impuni», a promis le Garde des Sceaux.
Le ministre de la Justice a également rappelé que notre pays avait signé un protocole d’accord avec la Cour pénale internationale (CPI) pour confier à celle-ci les responsables de tous les crimes commis de mars 2012 à nos jours, avant de promettre que les revendications des marcheurs seraient minutieusement traitées.
La marche était organisée par Amnesty international Mali, l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), l’Association malienne des juristes (AJM), l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF) et le Groupe pivot droit et citoyenneté des femmes (GP/DCF).
Ont également pris part à la manifestation la Coalition malienne pour la défense des droits de l’Homme (COMADDH), l’Association citoyenneté pour la promotion des droits de l’Homme (ACPDH), la Plate-forme du droit économique, social et culturel (DESC-Mali), les Associations et collectifs des victimes, Avocats sans frontières, l’organisation de lutte contre l’esclavage TEMEDT, le Centre d’assistance à promotion des droits humains (CAPDH), l’Observatoire des droits humains et de la paix (ODHP), le Conseil national de la société civile (CNSC), la Fédération nationale des collectifs d’organisations des femmes du Mali (FENACOF/Mali) et la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
Pierre Fo’o Medjo