Le 15 septembre 2012, ce sera exactement deux ans que la jeune vedette de la musique malienne Fatoumata Dramé dite Chéché nous quittait, suite à un accident tragique sur la route Kayes-Bamako, le 15 septembre 2010. Puisque selon le poète, les roses se fanent sous le soleil, mais jamais dans le cœur des amoureux. C’est pour dire que le monde du showbiz qui a porté son deuil se souvient encore d’elle. Nous aussi, ne l’avons pas oubliée. C’est pourquoi nous lui consacrons notre rubrique «Le Coin Des Artistes» pour la rappeler à ses fans qui ont encore en mémoire sa voix fluette et ses pas de danse qui en avaient fait une vraie bête de scène.
Fatoumata Dramé dite «Chéché» s’en est allée à la fleur de l’âge, emportée par un cruel accident de la route. A propos d’elle, la valeur n’a point attendu le nombre des années. Partie pour être une valeur sure, la reine de Mouroudia (sa localité d’origine dans la région de Koulikoro) avait pourtant très tôt dominé les podiums, qu’elle survolait comme une étoile perdue dans un ciel décoloré. Chéché faisait vibrer les cœurs les plus solides aux sons langoureux de sa musique orchestrée à partir d’un mélange ingénieux des instruments traditionnels et modernes. Sa voix criblait les oreilles de volupté et berçait d’innocentes gamines presque de son âge. Ces parents, ami(es), collaborateurs et collaboratrices, bref tous ceux qui l’ont côtoyée pendant sa courte existence de 25 ans, n’ont conservé d’elle que gentillesse, civilité et surtout un sens élevé des relations humaines et se souviennent encore d’elle.
On se rappelle encore, comme si c’était hier, que Fatoumata Dramé dite Chéché, fille d’Almamy (joueur de Souraka n’goni) et de Feue Koumba Koné, née en 1986 à Bamako, originaire de Mouroudia, cercle de Nara, région de Koulikoro, débordant de talent, quittait la Mauritanie avec son groupe. La veille, ils venaient d’y donner un concert qui restera mémorable. Sur le chemin du retour à Bamako, l’attendait, toute cruelle, aveugle et insensible, la mort.
Chéché a été à bonne école
Chéché était la deuxième fille d’une famille de sept enfants. Elle a commencé à chanter depuis l’âge de 9 ans. Pour donc bien réussir dans sa carrière musicale, elle est partie d’abord faire ses premiers pas chez une grande chanteuse de son village, en la personne de Dialou Damba. C’est après que la petite Chéché a vite intégré le groupe d’une des divas de la musique malienne, Hadja Fatoumata Koné dite «Sirani». Auprès de Babani, elle a passé 10 longues années d’apprentissage laborieux. L’expérience et le style acquis après sa brillante formation auprès de ses deux grandes dames de la culture malienne, lui ont permis de se frayer rapidement son chemin vers la gloire. Ce projet paraissait même hasardeux aux yeux de beaucoup de nos compatriotes qui doutaient encore de ses capacités réelles pour réussir le pari de la régularité de la production de qualité. Mais elle y parvint, et de quelle manière ! Chéché avait fini par gagner les cœurs avec une kyrielle de tubes à succès, dont notamment le morceau «Mourouni» qui a fait un grand tabac au plan musical.
En ce qui concerne ses œuvres:
Fatoumata Dramé dite «Chéché» a signé avant son voyage du non retour deux albums. Aye dèmè (Aidez-moi) et Mogoya (l’humanité) en quatre ans seulement. Faut-il rappeler que dès la sortie de son 1er opus intitulé «Aye dèmè» (Aidez- moi), la reine de Mouroudia a fait un succès et a vite conquis le jeune public malien et international. Son second opus, «Mogoya» (l’humanité) n’a pas cessé de cartonner partout dans le monde et a permis la confirmation aux plans national et international.
A noter cependant que Chéché n’était pas seulement une étoile filante dans la musique moderne. Elle était également une des reines du «sumu», cette cérémonie festive qui regroupe les femmes autour des chants et danses à l’occasion des mariages ou baptêmes. Elle avait fait aussi beaucoup d’autres opus en featuring avec des artistes de renommée comme sa «maîtresse et homonyme» Fatoumata Koné dite Sirani, Djiby Dramé du Sénégal, pour ne citer que ceux-ci. Au moment où elle tirait sa révérence, elle se préparait à participer au concours Découvertes RFI où elle fut inscrite par le truchement d’un de ses sponsors qui avait chargé l’un des doyens de la presse, consultant en marketing et communication de monter le dossier. Il s’agit de Amadou Bamba Niang, qui garde encore par devers lui les doubles des éléments constitutifs du dossier.
Deux ans après, les Maliens et Maliennes se souviennent de Chéché
Le mercredi 15 Septembre 2010 restera gravé dans l’esprit des Maliens et Maliennes car c’est à cette date que Chéché a abandonné ses nombreux fans inconsolables. Les témoignages post-mortem fusaient de partout à travers le monde. Sa filleule qui l’imitait lors de la 2e édition de l’émission de télé réalité mini-star avait rendu muette toute la salle du Palais de la culture, à travers la chanson de la diva Oumou Sangaré portant sur la mort, à savoir «Saya magni» (la mort n’est pas bonne).
A la veille du deuxième anniversaire de son décès, nous tenons à lancer un vibrant appel à toutes les organisations artistiques et culturelles de notre pays, pour qu’elles mettent tout en œuvre afin que soit institutionnalisée une journée dédiée à nos artistes disparus. Une journée où les gens vont se souvenir d’eux à travers leurs musiques, des photos et des témoignages. Ce ne serait que rendre à César ce qui appartient à César.
Dors en paix Chéché ! Nos prières t’accompagnent.
Seydou Oumar N’DIAYE