La rencontre devra déboucher sur des nouvelles orientations qui régiront la pratique de l’activité dans notre pays.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a donné jeudi le coup d’envoi des travaux du premier Forum national sur l’orpaillage dont la cérémonie d’ouverture s’est déroulée au Centre international de Conférence en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre des Mines, Dr Boubou Cissé. Le président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, les autorités administratives du District et des régions, les représentants des organisations internationales accréditées dans notre pays et des partenaires techniques et financiers, ont également pris part à l’événement.
Initié par le ministère des Mines, en collaboration avec la Chambre des Mines du Mali (CMM), le Forum national sur l’orpaillage se veut un cadre d’échanges et de discussions sur le devenir d’un secteur qui n’a de cesse de faire parler de lui en bien et en mal. Il s’agira pour le millier de participants venus de tous les horizons du pays et de la diaspora d’inventer de nouvelles stratégies et d’orientations devant aboutir à une réforme, voire une normalisation du secteur de l’exploitation artisanale du métal jaune dans notre pays.
Le Mali a, de par son histoire, une réputation en matière d’exploitation de l’or. Les écrits scientifiques et légendaires racontent le fameux voyage de l’empereur Kankou Moussa aux Lieux Saints de l’islam avec pas moins de 8 tonnes d’or. Ce périple de l’empereur, marqué par sa générosité envers les nécessiteux, aurait même fait chuter le cours du métal jaune sur les marchés de l’Orient à l’époque.
Après ce temps de l’abondance, l’or continue à jouer un rôle important dans l’amélioration des conditions de vie des 2 millions d’individus repartis entre les trois districts aurifères de Kayes, Koulikoro et Sikasso où l’on répertorie environ 300 sites d’orpaillages.
Seulement voilà, au regard des incidents et autres accidents qui surviennent très souvent dans les placers, il urge de réglementer le secteur conformément aux règles et lois en vigueur comme stipulées dans le Code minier, document de référence en la matière. C’est tout le sens de la tenue du présent Forum national qui, durant trois jours, va cerner tous les contours formels et les stratégies politiques en vue de redessiner un nouveau visage de l’orpaillage dans notre pays. Témoignages des acteurs clés (orpailleurs, élus locaux, responsables d’ong et des services techniques), sessions thématiques, autant d’activités qui meubleront les journées du Forum.
Le ministre des Mines, Dr Boubou Cissé, a souligné la pertinence de l’initiative du Forum national au regard des incidents et autres accidents qui endeuillent régulièrement le secteur. Pour le ministre Cissé, ces drames démontrent à quel point la question de l’exploitation artisanale de l’or requiert aujourd’hui une attention urgente. Il a appelé à des actions pour faire cesser les drames et créer des mécanismes pour que les populations tirent le maximum de bénéfices de cette activité millénaire.
Dr Boubou Cissé a indiqué l’orpaillage d’aujourd’hui s’est détourné des valeurs qui le caractérisait, notamment sa cohérence avec l’organisation politique, l’éducation familiale, les valeurs sociales, l’éthique individuelle et l’économie locale. Le secteur de l’orpaillage a été laissé libre de se développer sans réglementation alors s’agit d’un métier connu dont le savoir se transmettait de génération en génération. Il a promis l’engagement et la détermination de son département à tout mettre en œuvre pour l’émergence d’une nouvelle ère d’orpaillage dans notre pays.
Avant de procéder à l’ouverture des travaux, le président de la république, Ibrahim Boubacar Keita, a souligné la nécessité d’organiser les orpailleurs en coopératives pour barrer la route aux spéculateurs urbains. Selon IBK, l’un des défis majeurs du secteur c’est de faire en sorte que l’activité profite plus aux premiers acteurs que sont les orpailleurs. Il a annoncé qu’il donnera quitus au gouvernement de prendre en main ce sous-secteur minier. Une telle démarche permettra de passer d’un orpaillage informel à un orpaillage normatif, respectueux de l’environnement, de la dignité humaine et créateur de richesses et d’emplois.
Le chef de l’Etat a mis l’accent sur le respect des couloirs d’orpaillage qui sont des endroits délimités en la matière. Nul ne sera permis d’occuper un site qui serait au préalable autorisé par l’administration, a-t-il martelé.
L. DIARRA