Ce projet colossal vise la réhabilitation et la reconstruction des infrastructures endommagées ainsi que la redynamisation rapide de l’administration.
L’autocitation est un art délicat. Mais nous avons déjà écrit plusieurs fois, avant même la présidentielle de 2013, que la reconstruction et la réhabilitation des Régions du Nord seront des chantiers prioritaires du nouveau président de la République. Cet enjeu majeur s’impose comme une évidence puisqu’elle il était formulé dans les premières lignes du Plan de relance durable (PRED), présenté à Bruxelles le 15 mai 2012 par notre pays à la communauté internationale et aux partenaires au développement. Ce document avait permis à notre pays, fraichement débarrassé des djihadistes et autres terroristes, de recueillir une sympathie et un soutien sans précédent de la Communauté internationale. La conférence de Bruxelles qui marquait la renaissance de notre pays sur la scène internationale a aussi permis de récolter près de 3,3 milliards d’euros soit plus de 2.145 milliards de Fcfa de promesses d’aide provenant de 56 bailleurs bilatéraux et multilatéraux. Une année après l’entrée en fonction du président de la République Ibrahim Boubacar Keita, l’urgence et l’opportunité des chantiers de reconstruction, est plus que jamais réaffirmée et figure parmi les priorités du gouvernement. En effet, la crise sécuritaire a plongé les Régions du Nord et une partie de celles du Sud dans une dégradation sans précédent des infrastructures administratives et sociales. L’invasion de ces parties de notre pays par les bandits armés et leurs alliés djihadistes a eu pour conséquences un mouvement massif des populations fuyant le théâtre des opérations militaires et abandonnant leurs foyers et leurs biens.
Les occupants se sont adonnés à des destructions d’édifices publics et privés, des équipements sociaux, économiques, culturels et des moyens logistiques. Dans les Régions de Tombouctou, Gao et Kidal, le bilan des dommages subis est lourd. Presque tous les édifices publics ont été détruits. Dans ces zones, pratiquement tout est à refaire. Même les Régions de Mopti et Ségou ont été touchées en partie. Ces actes de destruction ont anéanti les infrastructures dans ces régions déjà éprouvées par les aléas climatiques, l’enclavement, l’aridité de la zone, la grande vulnérabilité des populations et des systèmes de production. De quoi faire de la reconstruction et la réhabilitation un impératif pour le retour de la vie normale dans le Septentrion du pays. Le défi du retour à la normale. C’est dans ce cadre qu’un plan pour la relance durable du Mali été élaboré. Ce document traduit la volonté des autorités et l’ensemble des partenaires techniques et financiers de notre pays de conduire les changements nécessaires pour amorcer un développement structuré en harmonie avec la vision nationale du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) tout en prenant en compte la vulnérabilité des Régions du Nord. Pour mettre en œuvre cet ambitieux plan, le gouvernement a élaboré un Programme d’urgence pour la relance du développement dans les Régions du Nord (PURD/RN), qui concerne les 5 régions administratives touchées par la crise (Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal). Ce programme vise la réhabilitation de la voirie, des bâtiments publics, des écoles et dispensaires, etc. Pour le ministre de la Planification, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Cheickna Seydi Ahamadi Diawara, au-delà des destructions physiques et de la perte en capacité humaine, c’est bien aussi la capacité des instances de gouvernance territoriale (gouverneurs et leurs équipes, les démembrements de l’Etat et les collectivités locales) à relever le défi de la relance qui est en jeu. « Le retour complet de l’administration de commandement nécessite prioritairement cette réhabilitation/reconstruction des bâtiments administratifs et résidences des représentants de l’Etat à tous les niveaux ainsi que leur équipement en moyens logistiques (véhicules, motos, pinasses, etc.) et en matériels informatiques et de communication. Pour les collectivités territoriales, il s’agissait prioritairement de réhabiliter ou créer les bureaux et équipés les représentations, afin de renforcer les ressources humaines au niveau de ces collectivités », a-t-il développé. Le ministre Diawara ajoutera qu’environ 37% des écoles des Régions du Nord ont été endommagées, pillées ou complètement détruites par les occupants. « L’accès des populations aux soins de santé a été également compromis par la destruction de plusieurs centres de santé. La réhabilitation et la construction de ces infrastructures sociaux de base, leur rééquipement et réapprovisionnement constituent des conditions fondamentales à la reprise de la vie dans les zones concernés », a-t-il explicité. C’est donc conscient de ces défis vitaux que les autorités ont entrepris des actions d’urgence en faveur des régions touchées. Une première évaluation faite par le département de l’administration territoriale estimait les besoins à plus de 101 milliards de Fcfa. Cependant le retraitement effectué par les services techniques du ministère de la Planification, de l’Aménagement du Territoire et de la Population sur la base de la mercuriale et en isolant divers charges de fonctionnement et les petits équipements, a conduit à un montant d’environ 25,3 milliards de Fcfa pour les besoins prioritaires. Ainsi, si le budget de 2013 avait prévu 11 milliards pour le démarrage des travaux, celui de 2014 apportera plus de 24 milliards. Ce programme multisectoriel est donc piloté par le département de la planification en collaboration avec tous les départements concernés. La maîtrise d’ouvrage est assurée par les gouverneurs des régions tandis que la maîtrise d’ouvrage délégué a été confiée à l’Agetier et l’Agetipe. Actions majeures et concrètes. En effet, l’urgence qui a prévalu à l’élaboration de ce programme a motivé sa mise en œuvre en priorité. Ainsi, aujourd’hui les travaux de type I, c’est-à-dire les travaux ne nécessitant pas d’intervention complexes sont achevés dans toutes les Régions du Nord et les bâtiments concernés par ces travaux sont à ce jour occupés par leurs bénéficiaires. Quant aux travaux de type II qui nécessitent des interventions plus complexes, ils connaissent des taux d’avancement très satisfaisants. « Dans la région de Ségou, les travaux sont achevés, tandis que dans les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, les taux d’avancement sont respectivement de 94%, 71% et 88%. Il convient de noter que plusieurs bâtiments concernés par les travaux de type II ont fait l’objet de réception provisoire et/ou sont en cours de réception. Il s’agit entre autres de bureaux et logements de certaines directions régionales (Contrôle financier, Palais de justice, Trésor public, Budget, Impôts) dans la région de Gao. Dans la région de Tombouctou, les bureaux de la direction régionale des impôts ont été réhabilités », a révélé le ministre Diawara, ajoutant que les travaux dans la région de Kidal avaient été achevés avant les événements de mai dernier. Cheickna Seydi Ahamadi Diawara précise que les critères de retraitement des besoins ne tiennent compte essentiellement que des réhabilitations, ne prennent pas en compte les nouvelles constructions sauf dans les zones dépourvues d’infrastructures à réhabiliter. « Le programme se limite aux infrastructures de l’administration (gouvernorats, services techniques etc.) ainsi qu’aux équipements roulants et aux mobiliers de bureaux nécessaires au fonctionnement des services. La particularité de ce programme a été l’implication effective des entreprises locales pour la mise en œuvre des travaux de réhabilitation. Sur les 85 entreprises sélectionnées après appels d’offres, 64 sont des entreprises locaux soit 100% à Kidal, 50 à Gao, 62% à Tombouctou, 27% à Mopti et 67% à Ségou », a indiqué le ministre Diawara qui ne cache pas sa satisfaction. Il faut dire que ce programme d’urgence est aujourd’hui l’un des actions majeures et concrètes de cet an I du quinquennat IBK. Programme très structurant et surtout très ambitieux, il vise la consolidation la paix et la sécurité à travers le développement socio-économique des Régions affectées par la crise. Il s’agit d’assurer la paix et la sécurité à travers la restauration de l’autorité de l’Etat et le renforcement de la cohésion sociale, la réhabilitation des infrastructures de l’administration publique, le renforcement de la sécurité alimentaire et la nutritionnelle, la promotion des activités génératrices de revenus des populations affectées, la relance des petites et moyennes entreprises (PMI, PME) et l’accès des populations aux services sociaux de base, bref le relance de notre pays.
Doussou DJIRE
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L’ APPORT APPRECIABLE DES BAILLEURS DE FONS
La reconstruction et la réhabilitation sont des chantiers prioritaires de la relance de notre pays. En effet, la crise sécuritaire a plongé les Régions du Nord et une partie de celles du Sud dans une crise multidimensionnelle sans précédent. Pour sortir de ce marasme, notre pays et ses partenaires sont plus que jamais mobilisés. Ainsi, parallèlement au programme d’urgence pour la relance du Développement dans les Régions du Nord (PURD/RN), les partenaires de notre pays ont élaboré d’autres programmes d’urgence en faveur de la reconstruction, de la relance économique ainsi que du retour de l’administration dans les régions touchées. Au niveau de la Banque mondiale, le Projet de reconstruction et de relance économique (PRRE) en faveur des collectivités territoriales a été mise œuvre. Ce projet vise à réhabiliter les infrastructures de base et rétablir les activités productives des communautés touchées par la crise. Les composantes du projet sont entre autres la réhabilitation des infrastructures publiques locales (50 millions de dollars soit 27,7 milliards de Fcfa), l’appui aux investissements productifs (35 millions de dollars soit 19,4 milliards de Fcfa), l’engagement communautaire et la gouvernance locale (10 millions de dollars soit 5,5 milliards Fcfa) et la gestion, le suivi et l’évaluation du projet (5 millions de dollars soit 2,7 milliards Fcfa). En outre, le Fonds national de stabilisation économique et sociale est également en place. Cet important fonds qui bénéficie de l’engagement des partenaires techniques et financiers de notre pays de 2012, a permis de fournir l’assistance technique et financière nécessaire à notre pays pour sa stabilisation socio-économique. Il est piloté par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’objectif principal de ce fonds est de soutenir les activités prioritaires de stabilisation du pays en atténuant les effets immédiats de la crise socio-économique durant la période transitoire par la résorption de certaines dépenses prioritaires non couvertes, en attendant le retour des appuis budgétaires.
Il a permis aussi d’assurer le financement des secteurs sociaux de base et de certaines interventions dans les secteurs permettant la relance des activités économiques. La reconstruction mobilise également l’Union européenne qui, à travers l’Agence luxembourgeoise de développement, a injecté plus 3,2 milliards de Fcfa dans un système rapide de soutien en matériels et de relance des services sociaux de base dans les 108 communes des régions de Tombouctou, Gao, Kidal et certaines communes des régions de Mopti et Ségou. Bref, notre pays peut compter sur ces partenaires pour la réalisation de ce grand chantier. A ce jour, les travaux de réhabilitation se poursuivent normalement, cela au grand bonheur des populations des zones concernées. D. D.