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Etats Unis d’Amérique-Afrique : Les Noirs américains et nous
Publié le samedi 20 septembre 2014  |  Le 26 Mars




L’intérêt des Noirs d’Amérique pour leurs frères d’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. De William Dubois au révérend Sullivan en passant par Ralph Bunch. Andrew Young. Carmichoël Stockeley, Jessie Jackson et j’en passe, les Afro-Américains ont tenté à travers les générations de renouer le contact et le dialogue avec l’Afrique. Ce n’est donc pas la volonté qui fait défaut. Mais, il faut avouer que jusqu’ici, les résultats ont été médiocres, sinon catastrophiques. Pourquoi ?

L’Afrique n’est pas Israël. Les Noirs ne sont pas des Juifs. Je m’explique. Le peuple juif a connu, depuis l’époque de Nabuchodonosor jusqu’à l’ère nazie, des sévices extrêmes (déportations massives, exterminations systématiques) qui l’ont dispersé aux quatre coins du monde. Mais, il avait emporté avec lui des valeurs essentielles qui lui ont permis, partout où il s’est retrouvé de se recomposer selon un schéma quasiment superposable à l’image de la patrie-mère : les traditions, la langue, l’écriture et (surtout) la religion.
Ce sont ces valeurs qui ont permis aux juifs (même de couleur noire comme les Falashas d’Ethiopie), de continuer à travers les siècles et l’espace à entretenir une mystique commune qui ne pouvait qu’aboutir au retour physique ou mental vers la « terre promise » : la patrie d’origine.
L’Afrique est multiple : ce n’est pas sans raison qu’Hervé Bourges à parlé des « 50 Afriques » encore que ce chiffre ne me parait pas suffisant ! C’est cette multiplicité des langues, des religions, des coutumes, des biotopes, etc qui explique une grande partie l’absence d’une mystique commune africaine. C’est elle qui explique le naufrage culturel des Noirs américains et leur incapacité à se forger une continuité identitaire avec la mère patrie.
Il faut avouer que le rythme et le tam-tam sont un bien mince héritage quand on a perdu jusqu’à sa langue et son nom !
La couleur de la peau peut être un caractère anatomique commun, mais pas nécessairement un substratum culturel.
Les Falashas ont bien quitté leurs frères noirs d’Ethiopie pour rejoindre leurs frères blancs d’Israël. Les Sonrhaï de Tombouctou sont bien plus proches de l’Arabe marocain que du Xosa d’Azanie qui, en dépit de l’apartheid partage beaucoup de plus de choses avec l’Afrikaner.
L’éclatement interne de l’Afrique ne pouvait que favoriser le démembrement sociologique de sa diapora. C’est pourquoi, il existe aujourd’hui deux types d’Afro-Américain : ceux qui aiment ardemment et passionnément l’Afrique et ceux qui s’en fichent éperdument comme de leurs vieilles chaussures trouées. Il n’y en a pas un troisième.
Le premier groupe, les militants de la cause africaine, sont une toute petite minorité.
Ce sont les miraculés intellectuels de la traite des nègres et de trois siècles de déstructuration de la personnalité.
Le second groupe, c’est l’écrasante majorité des Afro-Américains. Ce sont les miraculés physiques de l’esclavage. Ils ne gardent come souvenir de l’Afrique que la couleur de la peau et n’ont comme perspective que de fondre dans le melting-pot de l’Américain dream, le fameux rêve américain. Parmi eux, des femmes et des hommes de génie.
Comme Michael Jackson qui s’était carrément blanchi le teint.
Comme Barbara Hendrick qui n’a jamais donné un concert en Afrique et qui pourtant patronne des téléthons de charité en Europe.
Comme Bill Cosby qui n’a jamais investi un sou en Afrique alors qu’il s’était donné les moyens de racheter une des plus grande chaine de télé des USA.
Comme Ron Brown, l’homme qui a propulsé Bill Clinton lui-même dans le rang des présidentiables du parti démocrate. Mais, ces hommes et ces femmes sont, je le répète, plus occupés à s’intégrer à l’Amérique que de secourir l’Afrique.
J’ajoute même qu’ils sont plus proches de l’Amérique blanche que de l’Amérique « noire » qui, après trois siècles de présence sur le nouveau continent continue à souffrir de graves inégalités sociales.
Finalement, le lobby noir américain, si tant est qu’il existe a beaucoup plus de tâches urgentes à exécuter là-bas à New York-Harlem qu’à Kinshasa.
Les Afro-Américains de bonne volonté comme Jesse Jackson et Sullivan peuvent toujours courir. Je ne pense pas qu’ils puissent mobiliser, la machine américaine pour tirer l’Afrique du bourbier. Quelques juteux contrats de part et d’autres de l’Atlantique, pas plus. Mais ce serait déjà heureux.

A. Traoré
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