La première session ordinaire de la Cour d’assises de Mopti au titre de l’année judiciaire 2014, a démarré le 15 septembre et prendra fin le 2 octobre.
Deux semaines durant, la cour statuera sur 39 affaires inscrites au rôle, caractérisées par des infractions de crime contre les personnes dont 4 cas de viol, 3 de pédophilie, 2 de meurtres, 2 d’assassinats, 9 de coups mortels ; 2 d’infanticide ; 1 d’enlèvement de personne. On note aussi 1 cas de coups et blessures volontaires aggravés, 2 cas d’infanticide et des infractions contre les biens ; 3 cas de vols qualifiés, association de malfaiteurs, 3 cas d’incendies volontaires et 1 affaire de faux et usage de faux.
Mahamadou Berthé, le procureur général près de la Cour d’appel de Mopti, a dans son réquisitoire rendu hommage aux plus hautes autorités du pays à travers le département de la Justice pour les efforts de reconstruction, de restauration des structures et le retour de l’administration dans les régions particulièrement frappées par la crise. Il a adressé une mention spéciale au département de tutelle pour son engagement dans le cadre du renouveau du service public de la justice, la lutte contre l’impunité et le respect des droits humains. Mahamadou Berthé a félicité la chaîne juridictionnelle du ressort de la Cour d’appel de Mopti dont la perspicacité a permis l’établissement des dossiers inscrits au rôle.
Sur la provenance des dossiers, la juridiction de Djenné se distingue avec 14 dossiers criminels transmis, suivie de celle de Gao (7), Mopti (6), Tombouctou et Koro (2 chacune) et celles de Douentza, Bankass, Goundam, Niafunké, Ménaka et Ténenkou, avec chacune un dossier.
Le procureur a aussi souligné que le taux élevé des infractions contre les personnes, particulièrement les coups et blessures, atteste que l’édifice criminogène est assez implanté, la violence en cours dans nos cités, nécessitant l’adoption d’une pédagogie appropriée. La politique qui sous-tend ces assises est le principe de la légalité, le respect des droits humains, la lutte contre l’impunité. « En conséquence vous jugerez conformément à la loi. Ceux qui seront retenus dans les liens de la prévention seront condamnés à la mesure de leurs forfaits, ceux qui auront été déclarés non coupables seront blanchis et acquittés », a-t-il conclu en s’adressant au président, aux conseillers et aux assesseurs de la cour.
Le bâtonnier, Me Simon Lougué, s’est félicité de la tenue de cette session un an après la précédente, malgré la situation toujours particulière caractérisée par le dysfonctionnement de nombre de juridictions relevant du ressort de la Cour d’appel de Mopti. Il a remercié le gouvernement, à travers le ministère de la Justice, pour les efforts consentis dans le cadre du respect des droits de la personne humaine.
Selon le représentant du barreau, chaque session d’assises est une occasion rêvée, non seulement pour les avocats, mais aussi pour toutes les personnes éprises de justice. « Les accusés attendent d’être jugés pour connaitre leur sort, œuvrons tous pour que la justice soit distribuée sur l’ensemble de notre pays et sur le ressort judiciaire de la cour d’appel de Mopti. Ne confondant pas le pardon à l’impunité vous saurez rendre des décisions conformément à chaque cas », a-t-il indiqué, en confiant au président l’ensemble des accusés de la session.
D. COULIBALY
AMAP-Mopti
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Mopti : UNE MYSTERIEUSE ET TERRIBLE SERIE D’ASSASSINATS
Les tueurs en série constituent, heureusement, une espèce plutôt rare dans notre pays. Et quand les meurtres et assassinats se suivent dans une contrée bien donnée, le choc est énorme. Comme c’est le cas actuellement dans le cercle de Mopti où une série d’assassinats sauvages a été enregistrée ces dernières semaines. En espace d’un mois, 5 assassinats et une tentative de meurtres ont été perpétrés.
Les actes sauvages ont été commis dans les communes rurales de Konna, Sio, Socoura et dans la ville de Mopti. Le cas de Konna remonte à la deuxième quinzaine du mois de juillet avec la découverte du corps sans vie d’un homme adulte. A côté du cadavre était posé le pilon dont l’assaillant s’est servi pour fracasser le crâne de sa victime.
Quelques jours après ce meurtre qui avait suscité beaucoup d’émotion, dans la nuit du 31 juillet au 1er août, le berger de la ferme laitière Ndiabou du village de Mandio sur la RN 6 dans la commune rurale de Sio, Allaye Bory Tékenda, et sa femme, Fatoumata Diakayeté, en état de grossesse avancée, étaient retrouvés égorgés à leur domicile. Signalons au passage que la ferme laitière a été réalisée grâce à un financement du projet PACR (Projet d’appui aux communautés rurales).
A peine les populations se remettaient de cet acte ignoble que le ou les tueurs frappaient à nouveau. Cette fois-ci à Sévaré, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 septembre. Très tôt le dimanche matin, le commissariat de Sévaré fut informé que Issa Goro, un commerçant âgé de 40 ans, a été retrouvé assassiné dans sa boutique située à juste 300 mètres du commissariat …
Dans la foulée, la police sera saisie de deux autres cas survenus dans le village de Barbé dans la commune rurale de Socoura (cercle de Mopti). Aly Dicko, 23 ans élève terminaliste au lycée Hamadoun Dicko de Mopti, a été retrouvé mort et son compagnon de chambre, Mamadou Koumaré 30 ans, grièvement blessé.
Le constat a été fait que Issa Goro et Aly Dicko ont été assassinés dans les mêmes conditions. Le meurtrier s’est servi d’un instrument pointu pour transpercer ses victimes au niveau de l’oreille.
Quant à Mamadou Koumaré, deux briques en ciment ont été utilisées pour tenter de lui fracasser le crâne. A l’arrivée de la police et de l’équipe médicale ce dernier était dans un état comateux. Il a aussitôt été évacué à l’hôpital Sominé Dolo.
La nouvelle de cette série de meurtres s’est vite répandue comme une trainée de poudre. La psychose est à son comble et on se perd en conjecture pour interpréter cette folie meurtrière qui s’est abattue sur le cercle.
La députée élue à Mopti, Belco Samassékou dite « Bessouka », a assisté aux funérailles pour présenter les condoléances des élus de la nation et apporter une aide psychologique et morale aux familles éprouvées par les crimes. Elle s’est ensuite rendue à l’hôpital Sominé Dolo pour souhaiter un prompt rétablissement au blessé, Mamadou Koumaré.
Elle a exhorté la population à coopérer étroitement avec les forces de sécurité en les aidant avec des informations utiles pour que les auteurs de ces crimes odieux et leurs éventuels commanditaires puissent être retrouvés et punis conformément à la loi.
Le commissaire de police, Karamoko Diané, et ses hommes sont sur les dents. Ils ont promis de faire toute la lumière sur ces assassinats dans les meilleurs délais possibles et mettre hors d’état nuire leurs auteurs. A la date du jeudi dernier, 8 suspects avaient été interpellés.
D. COULBALY