Après Gao la semaine dernière, Tombouctou a manifesté dimanche pour marquer son rejet de tout projet de partition de notre pays. Les habitants de la Cité des 333 Saints ont battu le pavé pour s’opposer au « fédéralisme » et à « l’autonomie », exigés par les mouvements armés lors des pourparlers en cours à Alger avec le gouvernement. Jamais une marche n’avait rassemblé autant de monde dans la Cité mystérieuse. Selon les organisateurs, environ 12 000 à 13 000 personnes ont pris part à la manifestation.
Cette marche pacifique a été initiée par toutes les associations de jeunes, de femmes, de toutes les communautés. Les différentes associations avaient prévu d’organiser séparément des marches. Finalement, elles ont opté pour une action unitaire qui a démarré sur la place publique de Sankoré. Le cortège est passé par la rue Kalémé, la foire Yobou pour aboutir aux bureaux du gouvernorat de la région.
Sur tout le parcours, les marcheurs ont brandi des banderoles hostiles à l’Azawad et entonné en chœur : « nous ne sommes pas d’accord, nous refusons la partition, vive le Mali un et indivisible ». Le gouverneur de région, le colonel major Mamadou Mangara, entouré des membres de son cabinet, du préfet du cercle, du sous-préfet, des élus a accueilli les marcheurs. Leur porte-parole, Boubacar Mahalmadane dit Jansky, a lu une déclaration : «En cette mémorable journée internationale de la paix, nous communautés de la région de Tombouctou, toutes ethnies confondues (Sonrhaï, Arabe, Touareg, Bella, Peulh, Bozo, Bambara …), fidèles à notre foi inébranlable au Mali de nos rêves, le grand Mali éternel riche de sa diversité ethnique et culturelle, pétri de valeurs de solidarité, de partage, d’acceptation de l’autre dans la diversité, de vivre dans un ensemble harmonieux et de cohésion sociale multi séculaire ayant forcé l’admiration et l’estime universelles, réaffirmons avec force l’attachement à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale d’un Mali un et indivisible, à la forme républicaine et à la laïcité de l’Etat. »
Les communautés de Tombouctou, par la voix de leur porte-parole, ont exprimé leur volonté renouvelée d’instaurer un véritable Etat de droit, fort, conforme à leur éthique, à leur brillant passé fait de confiance mutuelle, de solidarité et de convivialité dans un climat de paix et de sérénité.
Les organisateurs de la marche se sont dit convaincus que seul un dialogue franc, honnête, transparent et largement inclusif dans un climat apaisé, permet de rechercher et trouver les solutions les plus appropriées aux problèmes politico-institutionnels, de défense et de sécurité, de développement économique, social et culturel, de réconciliation, de justice.
Pour parer aux insuffisances constatées dans la gestion des problèmes brûlants qui sont à la base de cette crise sans précédent qui a ébranlé notre pays, estiment-ils, il est urgent de se tourner vers l’avenir en se plaçant dans la dynamique de mise en œuvre d’une justice transitionnelle débarrassée de toute complaisance.
Les communautés de la région de Tombouctou ont lancé un cri du cœur en direction de l’ensemble de nos concitoyens de l’intérieur et de l’extérieur pour qu’ensemble nous traduisions dans les faits la volonté unanime que nous sommes un peuple et un seul peuple.
Elles ont réaffirmé leur soutien à l’Etat malien, leur confiance aux autorités dans leur engagement à construire le Mali de notre rêve. Les communautés de la région de Tombouctou se sont engagées dans la défense de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale au prix de tous les sacrifices.
Une copie de la déclaration a été remise au gouverneur qui a promis de transmettre le message aux autorités. Mamadou Mangara s’est ensuite dit très satisfait de ce bel exemple d’engagement patriotique dont les populations ont su faire montre aux yeux du monde entier. Il a assuré que « ce Mali pluriel avec ses diversités ethniques, culturelles, son brassage ethnique, son immensité ne s’effritera jamais et qu’il sera remis aux générations futures avec toute son unicité, dans la paix qui la toujours caractérisée ». Pour lui, la seule chose qui vaille aujourd’hui, c’est la paix des cœurs et des esprits afin de faire face au sous développement.
La marche était encadrée, sur tout son parcours, par les agents de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale, pour éviter les dérapages et éventuellement des infiltrations. Les forces de sécurité nationales étaient épaulées par la police de la MINUSMA.
M. SAYAH
AMAP-Tombouctou