Plus de 130 gouvernements, compagnies, groupes représentant la société civile et peuples autochtones se sont engagés, mardi au siège des Nations Unies à New York, à protéger le poumon de la planète en réduisant de moitié la déforestation d'ici à 2020 avant d'y mettre fin d'ici à 2030.
A l'occasion du Sommet de l'ONU sur le climat, ces entités ont adopté une « Déclaration de New York sur les Forêts » qui appelle également à la restauration de 350 millions d'hectares de forêts et de terres agricoles, soit une superficie plus vaste que le territoire de l'Inde.
Combinés, ces trois objectifs permettraient d'éviter l'émission d'une quantité de dioxyde de carbone estimée entre 4,5 et 8,8 milliards de tonnes par an d'ici à 2030, soit l'équivalent des émissions produites par le milliard de voitures circulant actuellement sur toutes les routes du monde.
La déforestation est une importante source d'émissions de dioxyde de carbone et contribue grandement aux changements climatiques lorsque les arbres, qui emmagasinent le carbone, le libèrent dans l'atmosphère quand ils sont brûlés par l'homme pour faire place à des terres cultivables.
La Déclaration, qui est un document politique non légalement contraignant, a été approuvé tant par des pays développés que par des pays en développement, par des compagnies multinationales actives dans les secteurs de l'alimentation, du papier ou de la finance, par des organisations de la société civile et par des peuples autochtones de pays divers comme le Pérou ou le Népal. Elle vise à infléchir les politiques forestières à l'approche des discussions multilatérales de Paris sur le climat prévues en 2015 et à stimuler l'action des entreprises pour éliminer la déforestation de leur chaîne d'approvisionnement.
« La Déclaration de New York vise à réduire la pollution climatique d'un équivalent supérieur aux émissions annuelles des Etats-Unis », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. « Les forêts sont non seulement un élément crucial de la solution du problème climatique mais elles sont extrêmement bénéfiques pour tous les membres de la société », a-t-il ajouté.
En appui à cette Déclaration, plusieurs engagements spécifiques ont été annoncés mardi :
- Plus de 20 grandes compagnies du secteur alimentaire ont promis de s'approvisionner désormais en huile de palme produite sans déforestation. Parmi elles, les trois plus gros fournisseurs d'huile de palme se sont engagés à coopérer dans ce but.
- Le Consumer Goods Forum, une coalition de 400 compagnies dont le revenu combiné est supérieur à 3.000 milliards de dollars, a appelé les gouvernements à conclure un accord juridiquement contraignant sur le climat lors des discussions de Paris en 2015 qui inclue les dispositions de REDD+ (réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts et accroissement des stocks de carbone en forêt), y compris d'importantes allocations d'argent aux pays qui réduisent la déforestation.
- D'importants bailleurs de fonds ont annoncé des financements pour des projets visant à mettre fin à la déforestation.
- Une coalition de peuples autochtones d'Asie, d'Afrique, d'Amérique centrale et du bassin de l'Amazone s'est engagée à protéger les 400 millions d'hectares de forêts tropicales qui sont sous leur contrôle.
- Le Pérou et le Libéria ont annoncé leur intention de réduire la déforestation de 80% si les pays développés créent de nouveaux mécanismes d'incitation économique.
- La République démocratique du Congo, l'Ethiopie, le Guatemala, l'Ouganda et plusieurs autres pays doivent s'engager à restaurer un total de plus de 30 millions d'hectares de terres dégradées.
- Plusieurs pays européens se sont engagés à mettre en place de nouvelles politiques en matière de marchés publics visant à privilégier les sources d'approvisionnement durables en matières premières à fort impact sur les forêts comme l'huile de palme, le soja, la viande de bœuf et le bois.