Dans son troisième roman, La Route des clameurs, le conteur malien revient sur la terreur qui s'est abattue sur son pays. Et dissèque comment la folie s'est emparée des hommes.
Il en est resté traumatisé. Éreinté par des nuits sans sommeil. Bouleversé d'avoir vu son pays sombrer aux mains des fous de Dieu. Dans son troisième roman, La Route des clameurs,
l'écrivain malien Ousmane Diarra revient sur la terreur jihadiste qui a menacé les siens début 2013. Une tragédie venue des sables du Nord-Mali lorsque des colonnes d'hommes surarmés et déterminés transportaient avec eux la haine et l'intolérance vers une capitale terrorisée.
Sur leur chemin, ces êtres sombres et violents anéantissent un islam de paix et ses mausolées, décapitent traditions séculaires et autres croyances, prêchant brutalement une obéissance au Coran rigoriste et intransigeante, sinon réinterprétée. La terreur engendre une folie collective dirigée dans ce roman bouleversant par un calife inculte et assoiffé de pouvoir. Elle transforme des enfants en tueurs de "mécréants", détruit un peuple et assèche l'inspiration des artistes. Face à son emprise, un garçon et son père, peintre éclairé, qui a bien connu celui qui s'est proclamé calife et qui doit désormais l'affronter.
Conteur et bibliothécaire à l'Institut français de Bamako, Ousmane Diarra, 54 ans, a vécu cette sinistre période. Animiste, adorateur des cultures et de sa nation, "le vieux lézard" est resté obsédé par les souffrances de ce Mali en proie à des barbares qui hantaient villes et villages. Alors, dans sa maison de Bamako, entouré de ses enfants, le griot s'est mis à écrire. Comme pour adoucir sa plume et trouver la paix, il confie la narration au fils du peintre, qui, avec une naïveté teintée de lucidité, nous guide depuis l'atelier aux toiles asséchées et aux tableaux sombres jusqu'aux mystères dont se drapent ces terroristes qu'il est contraint de rejoindre.
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