La guerre qui oppose deux ténors de la Copam, Younouss Hamèye Dicko et Hamadoun Amion Guindo montre éloquemment le degré de pourrissement de certains de nos hommes publics… Aujourd’hui, pour des raisons évidentes de poste, la Copam vole en éclat.
Un coup d’éclat ou coup de théâtre, peu importe le qualificatif que l’on puisse attribuer à ce désastre. La Coordination des patriotes du Mali (Copam), née à la suite du coup d’Etat du 22 mars dernier, pour dit-on, soutenir la junte, est désormais en pièces détachées. Et pour cause, le samedi 08 septembre dernier, Younouss Hamèye Dicko de (l’Adr), Mohamed Tabouré du (Mp22), organisent une conférence de presse à la Ccim, pour destituer Hamadoun Amion Guindo et Adama Traoré de leurs postes, respectivement président et conseiller technique de la Copam. Ils sont accusés de désertion et trahison. Pour rétorquer, les intéressés animent, eux aussi, le lendemain dimanche 09, une conférence de presse. Pour eux, c’est une dissidence qui s’est départie d’eux et que la Copam va continuer jusqu’à la convention nationale.
La Copam vole en l’éclat. C’est le moins qu’on puisse dire. Car, les 4 regroupements qui la composent (la Copadem, l’Adr, le Rpdm et le Mp22) n’arrivent pas à s’attendre sur 2 points. Le premier est relatif à la formation du Gouvernement CMD II et le 2ème au statut et règlements.
Le Film des vieux amis qui se donnent des coups de pieds…
Hamadoun Amion Guindo et Younouss Hameye Dicko, étaient des bons amis, jusqu’à la formation du Gouvernement CMD II. Du moins ils partagent des intérêts. Voilà la passe d’armes entre eux.
« Hamadou Amion Guindo n’est plus le président de la Copam, de même qu’Adama Traoré n’est plus le représentant de la Copam au sein du Comité technique chargé de l’élaboration des termes de référence de la convention nationale », a déclaré Younouss Hameye Dicko, en substance. Avant de poursuivre : « les deux sont destitués de leurs postes par suite de leur propre désertion des rangs de la Copam et ont refusé de se soumettre à la dénonciation et la sanction unanime de leur gestion antidémocratique et affairiste de la coordination ».
Mais comment ? s’interroge Hamadoun Amion Guindo, du fait que : « c’est moi qui t’a amené à la Copam. Ils disent qu’ils nous ont débarqués », poursuit-il, « faux parce que c’est la Copadem (créée depuis avant la chute d’ATT) qui a servi de socle à la Copam et son siège servait aussi de siège pour la Copam. On ne peut pas venir trouver quelqu’un chez lui et le débarquer », ironise, Hamadoun Amion Guindo.
«Siaka Diakité, le président du Fdr, bien qu’on ne partage pas la même vision, vaut mieux que Hamadoun Amion Guindo. Puisqu’il n’a pas trahi ses amis du Fdr, alors le nôtre (Hamadoun Amion Guindo), est un syndicaliste affairiste, antidémocrate, traître et escroc. Il s’est caché derrière la coordination, pour nous piller et voler, avec sa série de manœuvres de racolage de CV qui a été étalées au cours de la formation du gouvernement d’union nationale », fulmine Younouss Hameye Dicko. « De même, ils auraient tenté de diviser les rangs de plusieurs regroupements composant la Copam aux fins d’affaiblir cette derrière et la casser au profit de leurs commanditaires», a-t-il expliqué.
Selon le président de l’Adr, Younouss Hamèye Dicko, «ceux qui avouent qu’ils sont allergiques aux règles et au fonctionnement démocratiques n’ont plus de place dans l’organisation et ce n’est pas la fin de la Copam, elle continue et se renforce davantage ».
Hamadoun Amion Guindo de rétorquer : « je n’ai pas racolé des Cv. C’est en tout 8 CV issus de la Copadem, le Rpdp et l’Adr (les 3 composantes qui ont décidé d’aller au gouvernement) que la Copam a envoyé au Premier ministre, lequel nous avait promis 5 postes ministériels. Une liste a été dressée à cet effet. C’est Kébé étant à la tête de la liste qui a été choisi ». « Je comprends l’amertume de Younouss H. Dicko, qui a son âge voulait coûte que coûte devenir ministre. Raison pour laquelle, il se promène toujours avec son Cv caché sous son bras. Je lui ai dit qu’il a été 2 fois ministre et qu’il doit laisser la place aux jeunes. Il m’a répondu qu’il n’a pas duré longtemps au poste de ministre… ».
Quid des statuts et règlements
Selon Hamadoun Amion Guindo, il était question d’élaborer un règlement intérieur. « Nos amis politiques (Adr et MP22) voulaient qu’on élabore au sein de la Copam des statuts et règlements. Mais, il se trouve que la Copam est composée de partis politiques et d’organisations de la société civile qui ne peuvent pas avoir le même statut », a-t-il expliqué.
Avant d’ajouter : « c’est pourquoi nous avons demandé de rester comme ça en attendant la tenue de la convention nationale prévue les 17 et 18 septembre prochain et qu’après chacun pouvait aller dans son rôle : les partis politiques (Adr et MP22) pour la conquête du pouvoir et les organisations de la société civile (Copadem et Rpdp) pour servir de veille démocratique ». M. Guindo regrette la non adhésion de certains de ses camarades qu’il appelle ‘’dissidents’’. « Il ont préféré claquer la porte. Mais la Copam va continuer jusqu’à la convention nationale. Ce sont les gens de l’Adr et du MP-22 qui sont partis sinon l’Rpdp et la Copadem sont restées », a-t-il conclu.
En tout état de cause, le torchon brule entre les responsables de la Copam. Principalement entre Hamadoun Amion Guindo et Younouss Hamèye Dicko, tous, pourtant coupables de complicité et d’incitation à la violence sur la personne du président de la République. Ils sont actuellement en train de purger une peine de 6 six mois de prison avec sursis. Juridiquement le vieux Younouss, même en cas de repêchage, ne pouvait pas être ministre. Agitateur devant l’éternel ! Pour lui, c’est l’occasion rêvée d’être ministre encore. Un fruit qu’il a déjà gouté par le passé.
Les deux protagonistes n’ont engagé qu’une lutte pour défendre leur tube digestif, contre vents et marrées.