Dans un climat sociopolitique très agité, marqué par la montée du fanatisme religieux, sommes-nous en mesure de garantir le bon déroulement de la Dawa ?
La Dawa serait une secte originaire du Pakistan, et qui aurait fait son apparition en Afrique vers les années 1990. Elle compterait des adeptes un peu partout dans le monde et serait particulièrement présente dans plusieurs régions du Sahel. Et en début de semaine, huit ressortissants Mauritaniens parmi 16 occupants d’un véhicule, sont morts à Diabali dans la quatrième région du Mali, à la suite de fusillades. Ils sont tous membres de la confrérie Dawa, et se rendaient à Bamako pour célébrer leur rencontre annuelle. Vu les dangers que peut susciter une telle rencontre dans un climat sociopolitique très agité, sommes-nous en mesure de garantir son bon déroulement ?
Quel avantage à organiser une telle rencontre fut-elle religieuse, dans un contexte marqué par une insécurité grandissante ? Les autorités doivent-elles autoriser la ténue de la Dawa, quand on sait que la majeure partie du pays est occupée par des islamistes radicaux, déterminés à instaurer la charia sur l’étendue du territoire malien ? Pendant que le président Dioncounda s’attèle à solliciter l’intervention de la communauté internationale pour venir nous tirer d’affaire, doit-on créer les conditions d’une autre invasion ? Il serait hasardeux d’autoriser une rencontre de cette envergure, quand on sait que des frères maliens subissent des atrocités de la part d’islamistes qui prétextent appliquer la charia, dans un pays de surcroit laïc. A moins que les autorités veuillent voir le drapeau noir d’Ançardine flotter au-dessus de nos têtes sur la colline de Koulouba.
Et en ce moment seulement, elles réaliseront les dangers de cette permissivité. Les autorités doivent attendre le retour à la normalité pour envisager une telle aventure au risque de nous porter préjudice. Car notre pays est au plus mal, humilié et fragilisé par une attaque terroriste, rendue possible du fait de dirigeants insouciants et irresponsables. Autoriser cette autre rencontre reviendrait à en rajouter à nos malheurs, parce que la situation actuelle commande que tout acte, susceptible de porter un coup quelconque à notre tranquillité déjà mise à rude épreuve, soit évité davantage. Les maliens n’ont plus qu’assez de cette vie chère, aggravée par la menace terroriste et le refus des bailleurs de nous venir en aide tant qu’il n’y a pas d’élections libres justes et transparentes.
La sagesse recommande donc d’attendre la fin de cette période d’incertitude et le rétablissement de l’ordre constitutionnel normal et en ce moment seulement, nous pouvons envisager toute rencontre, à condition qu’elle ne porte pas atteinte à l’intérêt national.