Dans le pipeline des contrats militaires, trois figurent présentement en bonne place et font l’objet de toutes les attentions et convoitises de la part principalement de ces opérateurs économiques-vautours et ces cadres véreux de l’administration qui n’ont aucunement pitié de ce pays, fût-il convalescent. Ce qui intéresse au premier chef, c’est le bénéfice tiré de ces juteux contrats passés sans concurrence réelle. Cela, en violation flagrante du code des marchés publics.
Le recours intempestif et généralisé au « secret défense » pour faire passer des marchés surfacturés à l’Etat est devenu monnaie courante dans notre pays. En dépit de la situation de crise aigue dans laquelle se débat le Mali d’aujourd’hui pour préserver son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale.
Les audits réalisés par le Bureau du Vérificateur Général (BVG) et la Section des comptes de la Cour suprême, qui ont conclu aux mêmes recommandations, à savoir que les contrats passés par l’armée ont été surfacturés à hauteur de 29 milliards FCFA, attestent de l’étendue de la corruption qui a atteint tous les pans et échelles de la haute administration de l’Etat. En effet, dans cette affaire de détournement présumé de deniers publics, ce sont plusieurs ministres et hauts cadres qui seront épinglés. Ce qui laisse supposer que la Haute Cour de Justice sera actionnée, avant le très hypothétique procès d’ATT pour lequel cette juridiction a été spécialement installée, pour juger bientôt des ministres qui seront mis en accusation devant elle.
Un pot-de-vin supposé de 4 milliards FCFA
Selon des sources proches du dossier, malgré la récente découverte de marchés surfacturés passés gré à gré par l’armée à hauteur de 29 milliards FCFA et l’annulation d’une dizaine de contrats militaires, ce sont sept gros contrats qui sont, présentement, en voie d’être négociés. Parmi ceux-ci, trois gros marchés retiennent l’attention car ils porteraient sur quelque 126 milliards FCFA que les autorités seraient en train de négocier.
L’un avec une société malienne pour l’achat de véhicules à hauteur de 20 milliards FCFA. Les deux autres concerneraient la réparation par une société sud-africaine de trois avions de l’armée de l’air (lesquels?) et l’achat auprès d’une société belge de deux hélicoptères de combat pour un montant cumulé de 106 milliards FCFA.
Si, apparemment, aucun problème ne se pose en matière de transparence en ce qui concerne les deux contrats en négociation avec les sociétés étrangères, tel ne semble pas être le cas des 20 milliards FCFA que le gouvernement s’apprêterait à conclure avec un concessionnaire de la place pour l’achat de véhicules pour l’armée. En effet, selon des sources dignes de foi, un pot-de vin supposé de 4 milliards FCFA serait proposé à des dirigeants pour enlever ce juteux marché.
En tout cas, le fait de passer par des opérateurs économiques de la place pour l’achat d’engins ou autres matériels militaires est, aujourd’hui, l’objet de grosses suspicions de la part d’une opinion qui, de plus en plus, émet de sérieuses interrogations sur la probité de ses dirigeants.
Dans ces conditions, il serait difficile pour cette opinion d’envisager que des pots-de vin, à hauteur de plusieurs milliards FCFA, n’ont pas été perçus sur ces juteux marchés passés le plus souvent dans l’opacité la plus totale. Des sommes qui tombent dans les poches de dirigeants politiques cupides et pas du tout soucieux de l’intérêt de leur pays. Une opinion publique qu’ils souhaiteraient voir muselée afin de continuer à s’abreuver du sang de ce peuple patient mais conscient des détournements de fonds auxquels se livrent certains dirigeants de notre pays.
En tout cas, il est temps que de tels comportements prennent fin si, toutefois, le souci des autorités demeure la bonne gouvernance, la lutte contre la délinquance financière et…pour la récupération de l’ensemble du territoire national des griffes des forces rebelles. Ce qui ne saurait être sans une totale transparence qui mettra à l’abri les fonds publics de la gabegie. A défaut d’un changement de comportement, l’appât du gain facile finira par ôter toute crédibilité à des dirigeants sous le regard desquels les maigres ressources de la nation sont détournées pour des intérêts individuels égoïstes. Au détriment de ceux d’un pays qui n’a jamais été autant meurtri que présentement.
Mamadou FOFANA