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Mouton de Tabaski : La relative accalmie des prix
Publié le mardi 30 septembre 2014  |  L’Essor
Mali:
© aBamako.com par A.S
Mali: Fête de tabaski marché des moutons à Bamako
L’Aïd El Kébir, c’est mardi prochain. A quatre jours de ce grand rendez-vous religieux et social, les préparatifs vont bon train. Dans nos familles, toute l’attention se concentre désormais sur l’acquisition du précieux mouton destiné à commémorer le sacrifice d’Abraham. Cette préoccupation principale est au centre de toutes les causeries aussi bien dans les ménages que dans les bureaux.




Les nouvelles sont relativement bonnes concernant l’approvisionnement des marchés, l’embonpoint des bêtes et les prix de vente.

Le compte à rebours s’accélère. L’Aïd el Kébir, « la Grande fête », communément appelée chez nous Tabaski ou plus prosaïquement Fête des moutons, frappe déjà à la porte. Comme de tradition, la rédaction de l’Essor se fait le devoir de communiquer à ses lecteurs les grandes tendances du marché au fur et à mesure que la date cruciale s’approche. Certes, nos reportages et nos analyses ne prétendent pas à l’exhaustivité, car le marché des veilles de fête se révèle exceptionnel autant par ses incertitudes que par son imprévisibilité. Ce marché se trouve sous la pression constante de la spéculation et il affiche chaque année de nouvelles réalités en fonction de l’évolution socioéconomique du pays. Cependant, depuis quelques années, un scénario se répète de manière quasi inexorable, scénario qui s’écrit sous la dictée des spéculateurs lesquels ont souvent le dernier mot.

C’est une lapalissade que de dire que la plus importante fête de l’année est source de préoccupation et de crainte pour les chefs de famille qui ont la responsabilité d’offrir à Madame et aux rejetons des habits de fête, ainsi que de mettre en place les dotations spéciales pour la nourriture de fête et l’acquisition du précieux mouton pour le sacrifice. Un vrai casse-tête qui se décline en une infinité de pronostics, d’interrogations et de grands calculs. Le marché est-il assez achalandé ? Le mouton sera-t-il moins cher cette année ? Comment se présentera la fourchette des prix ? Faut-il acheter tout de suite ou attendre les derniers jours ? Comment mobiliser les fonds nécessaires à l’acquisition du mouton de sa préférence ? Autant de questions qui produisent chez les chefs de famille un stress qui ira en s’accentuant au fur et à mesure que le jour « J » se rapprochera.

Cette année, un tour des différents « garbals » de la capitale fait apparaître un constat a priori rassurant. De Niamana à Faladiè en passant par Niamakoro, Sabalibougou, jusqu’à Lafiabougou Koda, N’Tomikorobougou, Hippodrome, Sans fil et Bankoni marché et même sur les marchés occasionnels, partout une réalité s’impose : les marchés sont bien approvisionnés. La disponibilité de bêtes réduit donc le risque de spéculation, phénomène qu’encourage inévitablement la pénurie.

Au garbal de Sabalibougou installé sur les hauteurs de la colline de ce quartier à côté de la Maison de la femme et de l’enfant, la mer blanchâtre que constituent les milliers de bêtes se voit de loin. Ici, des dizaines de camions déversent sans discontinuer leur cargaison de moutons. Certains marchands assurent les ventes individuelles alors que d’autres discutent des achats groupés qu’organisent certains services de l’administration et du privé, représentés par des responsables syndicaux. Ici, le rôle de maître des lieux est assuré par Habibou Denon, chef du Garbal. Ce sexagénaire est chargé aussi bien de coordonner l’installation des nouveaux marchands que de s’assurer la cohésion et la sérénité entre les exploitants du Garbal.

UNE CHUTE ENCORE POSSIBLE DES PRIX. Ce grand marchand encadre à lui seul plus de 300 têtes de moutons. Son diagnostic est sans équivoque. « Le marché est assez achalandé, il y a des moutons pour toutes les bourses », indique-t-il sans détour. Dans notre pays, explique-t-il, aujourd’hui, les bêtes proviennent essentiellement de cinq zones. « Nara et Nioro dans le Sahel occidental aux quelles s’ajoutent Niono, Douentza et Koutiala. Dieu merci, cette année, il y a de nombreuses bêtes dans ces zones et leur embonpoint est exceptionnel. Cependant, les périodes de veille de Tabaski étant ce qu’elles sont, on ne peut empêcher certaines particularités de s’imposer et de peser. Le véritable problème actuellement, c’est le prix du transport et les tracasseries aux postes de contrôle. Mais même malgré ces difficultés, les prix pratiqués en 2014 sont abordables par rapport à ceux des années passés », a-t-il insisté. Selon notre interlocuteur, un bon mouton de fête se négociera cette année entre 40.000 et 100.000 Fcfa. Les amateurs de gros béliers devront, eux, dépenser entre 100.000 à 150.000 Fcfa.

Pour Sidi Mohamed Dicko qui fait le même métier que Denon, le véritable problème demeure celui du transport. « Aujourd’hui, louer un camion de transport d’animaux des zones de Niono, Nara, Nioro, Koutiala impose un débours qui se chiffre entre 500.000 à 750.000 Fcfa pour 200 têtes, soit 2.500 Fcfa par tête. En outre, plus la fête s’approche, plus ces frais sont revus à la hausse et atteignent souvent le double de ce qu’ils étaient au départ. Si vous devez aller dans la zone de Douentza (région de Mopti ou Gao), il faut prévoir 5000 à 6000 Fcfa par tête. Il faut prendre en compte aussi les frais supplémentaire qu’imposent des différents postes de contrôles le long du trajet, soit 10.000 à 15.000 Fcfa par poste », explicite notre interlocuteur qui assure qu’un mouton qui a été acheté à 15.000 Fcfa dans les zones d’approvisionnement et qui aurait pu être cédé entre 20.000 à 25.000 Fcfa se retrouve vendu sur le marché Bamako entre 40.000 à 60.000 Fcfa.

Alassane Sow, un baron du grand garbal de Niamana, se veut lui aussi rassurant. Pour lui, si les arrivages se poursuivent à ce rythme, il y a aura ni pénurie, ni flambée. Les prix seront acceptables, surtout que l’embonpoint des bêtes est exceptionnel cette année. « Mais, temporise-t-il, les spéculateurs sont toujours là, prêts à imposer leur jeu favoris qui de faire bondir vers le haut les prix. C’est pourquoi nous invitons les clients à se rendre pour leurs acquisitions dans les garbals et les lieux de ventes réguliers ». Ce spécialiste du bétail déplore, en plus du long et difficile trajet que doivent emprunter les animaux, le surenchérissement des aliments bétail dont les prix ont pris l’ascenseur à l’occasion de la fête ainsi que les énormes difficultés liées à la sécurisation des lieux de vente. « Si l’Etat nous aide notamment dans l’aliment bétail, l’eau et la sécurité, les prix pourraient encore chuter », ajoute un vendeur.
Cependant, dans ces garbals, l’heure pas encore au grand rush des acheteurs. Le constat est identique dans les points de vente qui se sont ouverts un peu partout sur les les artères de la ville. Toutefois, les rares clients qui se présentent sont là pour se faire une idée sur les prix et apprécient l’état général des bêtes proposés.

ENTRE 50.000 ET 80.000 FRANCS CFA. « J’ai déjà été dans deux garbals, j’ai pu me faire une idée sur les prix et les catégories de moutons que je veux. Après avoir fait mes calculs, je pense que je prendrai deux moutons de 60.000 et 50.000 Fcfa, pour ma famille et ma veille mère. J’avais l’habitude d’élever chaque année mes moutons de Tabaski, mais je n’ai pas pu le faire cette année. Je suis obligé de me rabattre sur ces endroits pour en trouver. C’est accessible pour le moment, mais peut-être à deux jours de la fête ou à la veille même de la fête les prix peuvent chuter ? », s’interrogeait ce chef de famille rencontré au garbal de Faladié.

Mamadou Diarra, croisé au garbal de Quartier Sans-Fil, assure que les prix sont acceptables pour le moment. « A partir de 60.000 Fcfa, on peux avoir un mouton. Comme les arrivages continuent, je pense que les prix vont encore chuter. Ici, j’ai vu de vrais béliers vendus entre 80.000 Fcfa et 100.000 Fcfa. Mais je n’ai pas pris de risque. Avec le peu d’économies que j’ai, je viens de m’acheter ce bélier à 70.000 Fcfa. Car les prix pourraient tout aussi bien repartir à la hausse dans les prochains jours ».

« Il y a les moutons, mais il n’y a pas d’argent », lance ce chef de famille très remonté. « La rentrée scolaire, c’est quelques jours avant ou après la fête. Il faut donc s’acquitter des frais de scolarités des enfants, des outils scolaires, des cartables et même des tenues. Sans parler de ma facture d’électricité qui a presque doublée, tout cela avec un salaire de moins de 150.000 Fcfa. Bref on s’en remet à Dieu », lance-t-il très découragé. Mme Soumaré Mariam, mère de famille, reconnaît le caractère très dispendieux de ce grand rendez-vous. « Moi, j’ai décidé de prendre en charge l’habillement des enfants, mais même avec ça, il y a la rentrée scolaire aussi à préparer. Vous savez avec la conjoncture actuelle, il est difficile de savoir comment se comporteront les étiquettes », lance la maîtresse de maison.
Telle est la tendance du marché de bétail à moins de deux semaines de la fête. Les acheteurs ne se précipitent guère et se renseignent surtout sur la fourchette des prix pratiqués. Sur ce point, les indications que nous avons donné peuvent varier du jour au lendemain. Le marché reste extrêmement volatile et les prix sont susceptibles de s’emballer à tout instant sans que personne ne puisse expliquer pourquoi. Pour le moment, il faut juste savoir que pour se procurer un bon mouton, il faut débourser entre 50.000 et 80.000 francs CFA. Mais une mise en garde n’est pas inutile : dans les garbals et les marchés réguliers, les prix sont plus raisonnables que ceux pratiqués sur les lieux de ventes occasionnels.

La saignée financière reste donc inévitable pour les chefs de famille qui ne cessent de multiplier les initiatives pour en atténuer les effets. A cet égard, les offres promotionnelles des banques de la place et les systèmes d’achats groupés ou de bons d’achat mis en place dans certains services sont les bienvenus. Mais, comme à l’accoutumée, le plus grand nombre d’acheteurs mise sur une ultime baisse des prix et attendra la veille de la fête pour acheter un mouton. Un pari qui comporte une haute part de risques que nous essayerons d’évaluer jusqu’à la veille du jour « J ».
D. DJIRÉ
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