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Chronique du vendredi / Est-ce Iyad ou la Dawa le danger ?
Publié le vendredi 14 septembre 2012  |  Le Républicain




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Le Nord malien est livré à la loi des jihadistes qui pour certains, versent dans le narco-terrorisme. Le Sud craint son infiltration au moment où l’islam politique prend pied à la faveur des carences de la « gouvernance démocratique » et du piédestal -pas seulement ?- offert à ses leaders. En Afrique du Nord, en sautant les dictatures ont fait aussi sauter les baillons d’un islam qui il est vrai pour l’instant relève plus du repli identitaire que du tour de vis fondamentaliste.

Et, ces heures-ci, l’assassinat -qui n’écarte pas du tout la piste Al Qaeda, donc Aqmi par association- de diplomates américains à Benghazi n’est pas pour calmer les passions récentes autour de l’Islam dans notre sous-région et en particulier dans notre pays. Celui-ci devra désormais ajouter à ses soucis l’affaire dite de Diabaly où seize religieux dont quatre érudits mauritaniens de grande notoriété sont morts sous les balles de militaires maliens. Les religieux concernés se rendaient à Bamako pour participer à un congrès international de la Dawa.

Bavure ou assassinat gratuit, l’affaire a mis en exergue ce courant au point d’amener le gouvernement à interdire la tenue prévue de longue date d’un congrès de la Dawa dans notre capitale. Principe de précaution oblige. Mais il est aussi plausible que le courant fortement médiatisé ces jours-ci nous ait fait peur. A raison ? La question est simple, la réponse peut ne pas l’être. Car la Dawa se définit, selon Wikipedia, comme « une invitation au non musulman à écouter le message de l'Islam » la qualifiant plus loin de « technique de prosélytisme religieuse utilisée par différents courants musulmans pour étendre leur aire de diffusion ».

D’ailleurs, nombre de spécialistes affirment que « cette technique consiste à envoyer des missionnaires dans la population » et que les missionnaires ainsi mobilisés « appellent pacifiquement les gens à la religion musulmane via un serment d'allégeance qui signifie : croire en Dieu et attester que Muhammad (Psl) est son prophète et son messager ». Le grand penseur arabe Ibn Khaldoun a profondément étudié la question de la Dawa qui est pour lui une école de dévotion à Dieu et d’apprentissage de l’humilité et du sens de la solidarité. Le penseur retient de la Dawa huit missions toutes exaltantes, toutes pacifiques et pacifistes.

Nulle part il n’est question de violence ni de conversion par le glaive. D’où viennent donc nos peurs vis-à-vis de ce courant qui n’est pas une secte dans la mesure où elle ne prône d’autre salut que celui d’une observance stricte des préceptes de l’islam ? D’un point de vue doctrinal, nos peurs peuvent provenir du fait que la Dawa est bel et bien un produit de la doctrine Khareijite qui professe l’islam des sources. Et celui-ci, par association et par déformation, renvoie en 2012 au salafisme tel que prôné par Al Qaeda et ses avatars locaux dont Iyad Ag Ali et son cousin d’Aqmi, l’émir Abdelkrim. Il faudra pourtant se demander si Iyad est comme il est parce qu’il est passé par la Dawa ou parce qu’il utilise la Dawa pour d’autres enjeux.

En dépit de l’excellente étude anglo-saxonne ‘from Dawa to radical islam’ qui trouve à juste titre que la Dawa sert de plus en plus à une « ré-islamisation » de ceux qui sont déjà musulmans. L’étude pointe l’endoctrinement de type salafiste auquel la Dawa peut aboutir, d’où ses « dangers sécuritaires ». Transposé au Mali de 2012, le débat sur la Dawa est d’autant plus pertinent que nous n’avons qu’une perception empirique de l’évolution de l’islam local.

Or nous devons savoir appréhender celui-ci, non pas par le prisme de l’après 11 septembre, mais par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Le radicalisme signifiant d’abord la mort de l’islam tolérant et ouvert dans une République qui appartient aussi aux chrétiens et aux animistes.

Adam Thiam

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