Ceux-ci assurent qu’ils éprouvent de plus en plus de mal à emprunter les parcours réservés aux mouvements des animaux. Face à la récurrence du problème, le ministre promet de convoquer prochainement une concertation nationale sur les pistes de transhumance.
Le cercle de Kolokani s’attend à bonne campagne agricole. Les cultures se présentent bien. Les animaux affichent un bel embonpoint. Les pâturages sont verts. La pression parasitaire est à l’accalmie. Le constat général a été fait la semaine dernière par le ministre du Développement rural, Bocari Tréta, en mission de supervision de la campagne agricole dans la zone. Le ministre avait rallié le « Bèlèdougou » en provenance de Nara (L’Essor d’hier).
Le président de la chambre locale d’agriculture de Kolokani, Michel Koné, a saisi l’occasion de la visite du ministre pour remercier les autorités pour la baisse du prix des engrais supportée par la subvention de l’Etat. Grâce à cette baisse des prix, la quantité d’engrais mise à disposition à Kolokani est passée de 800 à 1300 tonnes. Et la répartition des fertilisants n’a posé aucun problème. Mais tous les paysans n’ont pu obtenir de l’engrais subventionné en raison de la quantité toujours insuffisante qu’il conviendrait de revoir à la hausse pour la prochaine campagne.
Un autre sujet évoqué par Michel Koné est la campagne d’enregistrement des exploitations familiales agricoles lancée il y a quelques jours à Dialakoroba (commune rurale du même nom). Le moment, estime-t-il, a été mal choisi pour démarrer cette opération car les paysans seront peu enclins à abandonner les travaux champêtres pour se rendre dans la ville de Kolokani afin de faire enregistrer leurs exploitations. Le patron de la chambre locale d’agriculture propose que le département en collaboration avec l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), maître d’ouvrage délégué de cette opération, trouve un moyen d’amener les agents aux paysans dans les villages plutôt que l’inverse.
Les éleveurs, eux, souhaitent avoir à leur disposition, une quantité suffisante d’aliment bétail en prévision de la saison sèche. En réponse à cette doléance, le ministre Tréta a expliqué que l’aliment bétail ne saurait être une nourriture exclusive et devrait plutôt être considéré comme un complément nutritif d’appoint indispensable. Le ministre a encouragé les éleveurs à entretenir des parcelles fourragères et à stocker des herbes destinées à la nourriture des animaux pour diminuer la pression sur l’aliment bétail qui coûte cher et qui, de toutes les façons, ne sera pas suffisant pour tous les animaux.
Par ici, le cheptel est effectivement important : 94.388 bovins, 100.080 ovins, 148.455 caprins, 2806 équins et 491.990 sujets de volaille. L’élevage est confronté à des difficultés comme l’occupation des pistes de pâturages et de transhumance par des parcelles agricoles. Les éleveurs assurent éprouver de plus en plus de mal à emprunter les parcours normalement réservés aux mouvements de leurs animaux. Face à la récurrence de ce problème, le chef du département a promis de convoquer prochainement une concertation nationale sur les pistes de transhumance, les espaces pastoraux (à réhabiliter et immatriculer) et les cultures fourragères.
Un autre problème rencontré dans l’élevage à Kolokani est le fonctionnement timide du centre de collecte de lait de Nossombougou.
Ce centre construit par le Projet de développement pour la valorisation de la filière lait (Prodevalait) a été inauguré en 2011. Mais il fonctionne à peine aujourd’hui. D’aucun assurent que l’étude de faisabilité du projet n’a pas été complète. Elle n’aurait pas pris en compte les désidérata des éleveurs installés dans la ceinture de lait de la périphérie de Nossombougou et aurait ignoré la faible productivité de la race locale appelée « Mèrè ». La femelle de cette race ne donne qu’entre 1 et 2 litres de lait par trait dans le meilleur des cas. Or, les élevages villageois sont exclusivement constitués de cette race peu productive. Si l’amélioration génétique avait été intégrée dans le projet grâce à des croisements avec le zébu maure ou l’insémination artificielle avec d’autres races exotiques, la productivité des races locales en aurait été rehaussée, a observé le ministre Tréta.
De fait, après son inauguration en grande pompe, le centre a aussitôt été confronté à un approvisionnement irrégulier en lait par les éleveurs installés dans la périphérie de Nossombougou. Ces derniers approchés par les soins de l’association qui gère le centre, ont refusé de livrer leur produit. Ils ont assuré, selon les responsables de l’association, n’avoir pas été associés au montage du projet. L’association achète le litre de lait à 300 Fcfa pour le revendre après conditionnement à 400 Fcfa au client.
Le ressentiment est si profond chez certains éleveurs que ceux-ci assurent qu’ils ne collaboreront jamais avec l’association. Même si cette dernière leur propose un bien meilleur prix pour leur lait. Conséquence de ce boycott, le centre ne collecte que 30 petits litres de lait par jour alors que sa capacité théorique est de 400 litres journaliers.
Pour ne rien arranger, la rivalité entre les associations d’éleveurs de Nossombougou et celles résidant dans le bassin laitier, a aussi contribué à exacerber le conflit d’intérêt. Une concertation élargie s’impose pour rebattre les cartes et concilier les attentes de tous les acteurs afin de rendre l’outil de promotion de la production laitière rentable, a préconisé le ministre du Développement rural.
M. COULIBALY