L’heure de la vérité a sonné, et elle ne donne plus lieu à des discours creux, mais aux actes. En décrétant l’année 2014 “Année de lutte contre la corruption”, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, ignorait certainement que les sangsues de la pègre Bamakoise avaient fini par miner tous les compartiments de l’État, avec un seul mot d’ordre : sucer jusqu’aux os les maigres ressources du pays. Des escrocs à col blanc et autres caïds du crime organisé pour qui l’état de l’abîme dans lequel le Mali est plongé depuis le 22 mars 2012 était un alibi tout trouvé pour s’enrichir sur le dos des Maliens. Obnubilés par l’appât du gain facile, à trop vouloir avoir tout et tout de suite, ces sangsues de la République ont fini par éveiller les soupçons du Fonds Monétaire International (FMI), qui s’est finalement intéressé à certains contrats passés au Ministère de la Défense et aux factures d’achat de l’avion présidentiel.
"Il semble qu’on ait voulu me salir", affirme Sidi Mohamed Kagnassi. © DR
Sidi Mohamed Kagnassi. © DR
A la conclusion des audits exigés par le FMI, un pan a été levé sur ce qu’il conviendrait d’appeler “trahison du peuple” par des hauts cadres de l’État. En effet, sur le seul contrat d’achat d’équipements militaires pour l’Armée passé à la société Guo Star, on aura décelé une surfacturation de plus de 29 milliards de Fcfa. C’est du moins ce qu’affirme M. Christian Josz, chef de la récente mission du Fmi au Mali. En effet, déclare M. Christian Josz, “le Bureau du Vérificateur Général (Bvg) a pu déceler des erreurs à partir des factures pro forma du fournisseur, en les comparant à celles de l’intermédiaire Guo-Star. Ainsi, contrat par contrat, il est arrivé à la conclusion que sur les 69 milliards (il s’agit du contrat de fournitures militaires de 69 milliards de Fcfa, ndrl), la marge de Guo-Star était de 29 milliards ! Il s’agissait d’un contrat signé de gré à gré, signé de manière opaque, ce qui est illégal.”
Et le patron de la société Guo Star n’est autre que Sidi Mohamed Kagnassi, Conseiller Spécial à la présidence de la République.
Cette importante manne financière devait-elle tombée dans le compte en banque du seul Conseiller Spécial? La question importe beaucoup, mais très peu face à celle qui consiste à savoir si le président IBK va continuer de s’accommoder de la présence d’un tel conseiller à ses côtés ? Rien, pour le moment, n’indique le contraire dans la mesure où la société de ce Conseiller un peu très spécial ne figure pas dans la liste des sociétés sanctionnées pour transactions douteuses par annulation pure et simple des contrats qui les liaient au Ministère de la Défense…
Comme si le temps des épreuves était arrivé pour IBK, l’occasion lui est donnée de s’assumer et donner suite à son objectif d’une “année de lutte contre la corruption”, et de ne protéger personne.
Est-ce à dire que des têtes vont tombées tant du côté de Koulouba qu’au niveau du Gouvernement ? En effet, puisqu’il est établi que certains Ministres sont mouillés dans ces scandales financiers, des sanctions venant du premier magistrat du pays sont fortement attendues par les Maliens. En attendant donc la réaction officielle du président sur ces scandales qui éclaboussent son régime et qui jettent du discrédit sur l’État malien, le mieux à faire est de prier pour que ces malversations financières à outrance n’amènent d’autres partenaires techniques et financiers à geler leur aide au Mali.
Assane SY DOLO