Il offrira des opportunités d’emplois à des jeunes âgés de 15 à 40 ans, dont une moitié de filles
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a procédé hier dans la salle Balla Moussa Kéita du Centre international de conférence de Bamako (CICB), au lancement officiel du Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entreprenariat des jeunes ruraux (FIER).
C’était en présence du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, du ministre du Développement rural, Bocari Treta, du représentant du Fonds international de développement agricole (FIDA), Ides de Willebois, de membres du gouvernement et de représentants des institutions et organisations professionnelles.
Les spécialistes estiment que, chaque année, environ 180.000 jeunes ruraux arrivent sur le marché du travail avec des difficultés extrêmes à trouver des débouchés professionnels. Cette situation conduit les jeunes à quitter les zones rurales et à aller à la recherche d’opportunités dans les grandes villes ou à l’étranger. La disponibilité en emplois décents dans les centres urbains est pourtant faible et le secteur informel ne peut leur offrir que des activités précaires.
Pour faire face à la problématique de l’emploi des jeunes ruraux, le gouvernement a élaboré une politique nationale de formation professionnelle orientée vers la promotion de l’emploi avec des options stratégiques de renforcement des dispositifs de formation continue et d’apprentissage. Le Programme décennal de la formation professionnelle pour l’emploi (PRODEFPE) concrétise ces orientations.
C’est dans ce cadre que le projet FIER a été initié et financé à hauteur de 26,29 milliards Fcfa pour une durée de 8 ans (2014-2021). Le FIDA contribue pour plus de 16 milliards Fcfa, le gouvernement pour 1,74 milliard, le Programme d’amélioration de la productivité agricole au Mali (PAPAM) pour 4,2 milliards Fcfa, les institutions de micro-finance (IMF) pour 2,4 milliards Fcfa et les bénéficiaires pour 1,95 milliard Fcfa. Le Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entreprenariat des jeunes ruraux interviendra, pour un début, dans les régions de Koulikoro (cercles de Banamba, Kangaba et Kolokani) et de Sikasso (cercles de Kadiola, Kolondiéba et Yorosso). Progressivement, il s’étendra à toutes les régions du Mali, à raison de 3 cercles par région.
Selon le coordinateur, Héry Coulibaly, le projet FIER cible 100.000 jeunes ruraux, dont 50% de filles, de 15 à 40 ans en quête d’une situation professionnelle. Cette cible se subdivise en deux catégories. La première concerne les jeunes de 15 à 17 ans pour lesquels des dispositifs de formation préprofessionnelle adaptés sont prévus afin de les préparer à l’insertion. Les jeunes âgés d’au moins 18 ans répondant à des profils ou trajectoires différents, seront, eux, appuyés dans leur choix soit pour initier une activité génératrice de revenus (AGR) soit pour promouvoir une micro-entreprise rurale (MER).
Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, a rappelé que l’accord de financement du projet FIER, signé à Rome en janvier, est entré en vigueur en août dernier. Ce projet est particulier en raison des indicateurs relatifs aux femmes et filles qu’il va concerner au niveau des maisons familiales rurales, des jeunes alphabétisés, des conseillers en entreprises qualifiés et des porteurs d’initiatives par unités mobiles et dans les centres de formation professionnelle.
Le ministre Baby a aussi expliqué que le projet FIER, que son département est fier de porter, va identifier les gisements d’emplois ruraux qui permettront aux collectivités locales de mettre en œuvre leurs schémas directeurs de formations professionnelles et d’emplois.
Ides De Willebois, le directeur de la division Afrique de l’ouest et du centre du FIDA, a salué le partenariat tri-décennal qui lie son institution et le Mali. Ce partenariat qu’il a qualifié de fructueux a permis de financer 13 projets pour un montant cumulé de 537 millions de dollars américains. La mission principale du FIDA est d’investir dans les populations rurales. Il a pour but d’aider les populations rurales pauvres à améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, à accroître leurs revenus et à renforcer leur résilience. L’emploi et l’insertion des jeunes ruraux font partie des missions du FIDA qui est fier d’apporter sa contribution financière, a ajouté Ides De Willebois.
La carrière agricole très lucrative. Nouredine Zakaria Touré, le président de la Fédération nationale des jeunes ruraux (FENAJER), a remercié les autorités d’avoir pensé à cette couche défavorisée, pauvre voire très pauvre, que sont les jeunes ruraux. Il a apprécié le fait que le projet FIER va définir le profil professionnel, améliorer la formation et les compétences professionnelles, trouver un emploi rémunérateur sur le marché du travail rural et créer les entreprises agricoles ou non-agricoles en fonction des projets.
Nouredine Zakaria Touré s’est par ailleurs, félicité du fait que le projet FIER va contribuer à résorber le chômage et lutter contre la pauvreté en milieu rural, améliorer les conditions de vie et d’existence des populations et augmenter leurs revenus. Le choix porté sur le secteur agricole tient au fait que celui-ci recèle d’immenses opportunités de promotion des jeunes ruraux, a analysé le président de la FENAJER.
Ses propos ont été corroborés par un documentaire de 5 minutes sur ces différentes opportunités. Le petit film a présenté le témoignage d’un jeune paysan, Seydou Kamaté, qui cultive un champ de riz à l’Office du Niger. Celui-ci a vivement exhorté les jeunes à embrasser la carrière rurale, estimant que « la terre en ment pas ». Installé par l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ), le jeune paysan a assuré obtenir des rendements de 7 à 8 tonnes par hectare. Du coup, il n’a rien à envier à un salarié en terme de revenus. Sur un ton ironique, il a relevé que son embonpoint était suffisant pour déterminer son degré d’aisance.
Le président Ibrahim Boubacar Kéita a apprécié ce témoignage et noté que le projet FIER s’adresse à une cible qui a en vraiment besoin, car la jeunesse rurale est la vraie force de travail. « Ceci est une conviction très forte de ma part. Je m’engage à l’horizon 2018, à créer au moins 200.000 emplois. Parce que j’ai conscience du potentiel de mon pays en matière de productions végétales, animales, halieutiques, minières, forestières et de l’artisanat. J’ai conscience du génie créateur de la jeunesse, de son sens du devoir et de sa volonté d’autonomie », a indiqué le chef de l’Etat. L’Etat, a-t-il assuré, donnera les moyens indispensables pour le combat contre le sous-développement, le combat pour un mieux-être. Il a exhorté les jeunes à relever tous les défis qui sont les leurs.
M. COULIBALY