La chaine publique doit apporter un changement tant dans la forme des émissions que dans le contenu des programmes qui doivent être attrayants pour générer à la fois un lien affectif et émotionnel avec les téléspectateurs mais aussi des ressources financières.
L’Office de radiotélévision du Mali (ORTM) a tenu hier, au ministère de l’Economie numérique de l’Information et de la Communication, la 34ème session ordinaire de son conseil d’administration. Les travaux étaient dirigés par le premier responsable de ce département, Mahamadou Camara, président du conseil d’administration. C’était en présence du directeur général de l’ORTM, Bally Idrissa Sissoko, et de l’ensemble des administrateurs.
A l’ordre du jour : le compte rendu de la 33ème session, l’examen du rapport d’activités de l’exercice écoulé et le contrôle des tâches de la session précédente. Autres points discutés : le projet d’accord d’établissement et un document sur l’annulation des créances douteuses de l’ORTM de 2003 à 2009.
Dans son discours d’ouverture, le ministre Mahamadou Camara a, évoqué les pourparlers inter-maliens d’Alger dont notre pays attend avec espoir, l’heureux aboutissement. Il a abordé la question de la transition en cours vers le numérique dont la date butoir est fixée au 17 juin 2015 avant d’en venir à la restructuration, au rôle et à la mission de l’ORTM appelé à jouer un rôle prépondérant dans tous ces événements.
Pour le ministre Camara, « le rôle de l’ORTM doit être déterminant dans la réussite de l’action gouvernementale en fournissant des programmes destinés aux Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur autour de trois objectifs communs définis par le gouvernement ». Il s’agit de la réconciliation nationale, de l’Etat de droit et la bonne gouvernance et de la reconstruction citoyenne.
« C’est par une intensification de la sensibilisation que l’ORTM doit amener les Maliens à se réconcilier avec eux-mêmes, respecter la loi et l’autorité de l’Etat, et à retrouver certaines valeurs perdues. C’est dans ces domaines que votre mission de service public doit prendre tout son sens », a estimé le ministre de l’Economie Numérique de l’Information et de la Communication.
Sur le plan des programmes, l’ORTM doit s’acquitter encore davantage de son rôle de pionner dans le domaine de la promotion de l’information d’utilité publique, civique et pluraliste, selon le ministre. Pour atteindre cet objectif, les magazines, les émissions de reportage, d’enquêtes et de débats sur les grandes questions de la nation et du reste du monde qui ont été créés devront s’orienter vers les nouvelles préoccupations du gouvernement et des populations nées de la situation post-crise, a préconisé le patron du département de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication.
« Au delà de cette mission civique, l’ORTM doit également mettre un accent particulier sur les grands débats autour des questions nationales et les chantiers de développement du gouvernement », a-t-il aussi souhaité. De l’avis du ministre Camara, « la production et la programmation des séries et feuilletons maliens et africains devront être renforcées, conformément à la politique de proximité et de renforcement de nos valeurs culturelles que nous voulons poursuivre ».
S’exprimant sur le plan des infrastructures, le ministre a confirmé la poursuite de la réalisation des grands projets de l’ORTM. Il s’agit notamment des travaux de construction, d’équipements, de production et de diffusion de TM2. « L’ambitieux projet de construction de la Tour de la Radio et de la Télévision va demander un réaménagement profond du projet pour lui donner une ambition plus grande », a-t-il annoncé. Mahamadou Camara a expliqué à ce propos : « après deux appels d’offres infructueux, la direction de l’ORTM a décidé de résilier la convention avec l’AGETIPE. Ainsi, les fonds logés au niveau de ce service seront rapatriés à l’ORTM. Les démarches sont en cours pour l’exécution du marché avec la direction des marchés publics ».
En ce qui concerne la numérisation des archives audiovisuelles, le ministre Camara a rappelé qu’à la demande de la direction de l’ORTM, des experts de l’Institut national de l’audiovisuel de France ont fait un état des lieux des conditions de conservation des documents historique de l’ORTM et une évaluation des moyens techniques et humains mis au service des archives analogiques et numériques.
Pour ce qui est de la transition numérique décidée par l’UIT, de l’avis du ministre de la Communication, au regard des enjeux à caractère technologique, économique et juridique, le passage au numérique constitue pour notre pays en général et pour l’ORTM en particulier, une révolution à mener. Le département, a-t-il assuré, s’emploie, à travers la Commission nationale de transition de l’analogie vers le numérique, à garantir que notre pays ne manque pas le rendez-vous du 17 juin 2015.
UN CHANGEMENT STRUCTUREL.
L’ORTM, a estimé à ce propos Mahamadou Camara, doit saisir l’opportunité de l’avènement de la Télévision numérique terrestre « TNT » pour s’assurer un meilleur positionnement stratégique dans un environnement concurrentiel. « C’est une redoutable opportunité pour nous de changer, réformer, voire transformer l’ORTM », a jugé le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, avant d’avertir que « si nous ne le faisons pas, nous courrons le risque de voir, bientôt, nos meilleurs éléments s’en aller vers le privé. Nous risquons aussi de perdre des revenus publicitaires, car les annonceurs s’orienteront vers les programmes des chaînes à plus forte audience. A terme, il existe donc un risque de perte d’influence de l’ORTM, ce qui s’assimile à un nouvel affaiblissement de l’Etat dans le secteur-clef de la communication ».
La radio et la télévision, du point de vue du ministre de la Communication ont, une influence sociale indéniable sur les auditeurs et les téléspectateurs. « Les programmes diffusés doivent donc répondre aux attentes des auditeurs et des téléspectateurs en prenant en compte leurs préoccupations quotidiennes », a-t-il recommandé. Il a souligné à ce propos le changement à apporter à la chaine publique tant dans la forme des émissions (générique, décor, habillage, etc..) que dans le contenu des programmes qui doivent être attrayants pour générer à la fois un lien affectif et émotionnel avec les téléspectateurs mais aussi des ressources financières.
La réforme de l’information avec un nouveau journal télévisé plus moderne est en cours, a annoncé le ministre Camara pour qui le changement sera aussi structurel. Un audit a été réalisé. Le rapport a été déposé avec un plan d’action pour la mise en œuvre des réformes souhaitées par tous les acteurs de l’Office. Un accent particulier sera également mis sur la formation et le perfectionnement des cadres.
Sur le plan du dialogue social, l’amélioration des conditions de travail passe, selon Mahamadou Camara, par la mise en œuvre de nouveaux instruments qui permettront à l’Office d’obtenir des résultats plus efficients dans un cadre juridique approprié. Dans cette logique, il a noté que la direction et le syndicat ont procédé à la relecture de l’Accord d’établissement à la demande du conseil d’administration.
Pour l’atteinte des objectifs fixés et les missions assignées, le ministre de la Communication a invité les administrateurs et l’ensemble du personnel de l’ORTM à « opérer un cap, celui de la performance et de l’innovation au quotidien de l’ORTM, pour le Mali et les Maliens ».
Il a enfin rendu hommage aux partenaires techniques de l’ORTM notamment le CIRTEF, CFI, l’IUT et Cap TV pour leurs efforts à visant à explorer les voies et moyens d’améliorer l’outil technique, la méthode de travail, et le renforcement des capacités des agents de l’Office.
S. TANGARA