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La révision Constitutionnelle dont nous avons vraiment besoin
Publié le samedi 15 septembre 2012  |  Balazanba




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Il y a quelques jours des pluies diluviennes ont cause des morts et des destructions. Quel ne fut le désespoir dans les quartiers populeux de Dakar et ailleurs dans le pays. Le Président Macky Sall en a profité pour proposer un changement majeur dans le régime politique : la suppression du Senat. Le budget prévu pour cette institution servirait à « faire amende utile » en secourant les victimes des inondations et…peut être mieux : assainir Dakar. S’il y a inondation à Dakar ce n’est pas la faute au Senat, ce n’est pas non plus la pluie mais plutôt le résultat d’une mauvaise planification urbaine mais voilà une opportunité pour le nouveau président de se débarrasser d’une institution décriée et probablement inutile. L’inondation est une excuse politique qui peut bien servir les objectifs immédiats de Macky Sall ; mais à long terme, il devra être un peu plus créatif car très souvent, toute solution politique a tendance à crée d’autres problèmes politiques. Le régime défunt d’ATT voulait, au forceps, imposer une révision constitutionnelle ; il en avait mis les moyens et malgré la menace sur l’intégrité du territoire, ATT était disposé à faire passer une révision de la Constitution pour satisfaire peut être son ego politique à quelques jours de la fin de son deuxième et dernier mandat. L’histoire a tourné autrement. Tant mieux ! Peut-être la crise servira d’opportunité pour faire ce qui doit être fait au lieu de faire ce qu’un groupe de politiciens mal inspirés voudraient faire. Peut-être pas ! Ce ne sont pas les hommes de qualité qui manquaient autour du projet de révision constitutionnelle et le Ministre qui devait conduire les reformes est un des meilleurs juristes du Mali, selon moi. Cependant,  ces hommes avaient une mission hautement politique, autrement, ils pouvaient être amenés à agir contre leur propre conviction.
S’il y a encore le besoin d’une révision constitutionnelle après 20 ans de pratiques démocratiques, à mon humble avis, c’est le régime politique entier qui devra être revu. Le régime semi présidentiel a montré ses limites en Afrique. Il est bon dans les pays où les Institutions fonctionnent de façon efficace comme en France et où le système n’est pas lié à «un chef » fusse-t-il charismatique. Au Mali, l’essentiel du pouvoir est entre les mains du Président de la République qui « se cache derrière » un Premier Ministre qui n’a point les coudées franches pour concevoir des politiques de développement national. Surtout lorsqu’il s’agit d’un Premier Ministre de convenance, non issu d’un Parti politique majoritaire.
Le président Alpha Oumar Konaré en 10 ans a eu 5 Premiers Ministres; les titulaires du poste semblaient changer à chaque fois qu’une petite crise secouait Bamako. Le seul dont le souvenir reste vivace est Ibrahim Boubacar Keita (IBK) qui semblait se donner les moyens d’agir et de prendre des décisions -même impopulaires- en tant qu’homme d’Etat. Mais hélas, il versera, lui aussi, dans le clientélisme; s’est montré peut être trop pressé d‘être Kalif à la place du kalif. Mal lui en a pris ! 
ATT a aussi « usé » 4 Premier Ministres, tous indépendants comme lui. Aucun ne venait ni de l’ADEMA ni de l’URD deux partis qui, mis ensemble avaient la majorité des sièges à l’Assemblée Nationale. Sous ATT, on a rendu le Parti politique quasiment inutile. En fait au Mali, tout le monde veut être président. On aurait pu avoir 20 candidats lors des élections avortées parce qu’une fois à Koulouba, on contrôle le pays : les hommes, l’appareil d’Etat et la distribution de la richesse.
Un régime parlementaire serait bien plus bénéfique pour le Mali et beaucoup de pays francophones africains. Dans un régime parlementaire, le Premier Ministre a la réalité du pouvoir ; il vient du Parti ou de la coalition majoritaire à l’Assemblée Nationale. Les citoyens ont la chance d’avoir des hommes et des femmes de qualité pour les représenter dans ce cas, parce que les partis politiques prendraient moins de risque à soutenir des candidatures de « complaisance ». Dans un régime parlementaire, le débat démocratique est une réalité et sa qualité plus élevée. Il y a forcément une opposition dans un régime parlementaire. Sans opposition, la démocratie n’est plus une réalité.  Je crois fermement qu’en optant pour un régime parlementaire, le nombre de Partis politiques se trouvera réduit. Imaginez une Assemblée nationale où on trouverait Soumana Sacko, Soumaila Cissé, IBK, Moussa Mara, Yeah Samake, Oumar Mariko, Mountaga Tall, Tiebile Dramé,  Mme Diallo Aminata Sidibé - pour ne citer que ceux-ci- chacun avec un projet politique et un agenda législatif ! Le Mali s’en porterait mieux.
Le poste de Président deviendra plus protocolaire et honorifique comme il l’est en Ethiopie, Allemagne, Inde et en Israël. Au Mali, on pourra élire le Président parmi les Fonctionnaires de classe exceptionnelle ayant servi au moins 20 ans, les Officiers Généraux à la retraite, les Personnalités dans le domaine des sciences, des lettres et des Arts qui n’ont pas été militants actifs de partis politiques etc. Les candidatures (au moins 3 à chaque fois) seront proposées par le Premier Ministre et soumises au vote du Haut Conseil des Collectivités. Je mettrais fin au Conseil Economique Social et Culturel. Son apport à la définition des politiques nationales est quasiment nul. Cela nous économiserait un peu et comme au Sénégal, l’argent ira ailleurs comme par exemple dans le soutien de l’Etat central aux collectivités décentralisées.
L’autre aspect de notre système politique que je changerais est le mode d’élection des Maires. Selon la loi, les maires sont élus parmi les membres du Conseil municipal ; ce qui veut dire que ces braves maires entrent pratiquement par la porte arrière. Ils sont très souvent méconnus de leurs administrés, sont plutôt connus pour les transactions foncières et la richesse ostentatoire qu’ils n’hésitent pas à exhiber. Ils s’illustrent aussi par la médiocrité des services de la municipalité. La Commune de Ségou a traversé des moments où la Mairie ne pouvait honorer ses factures d’électricité à temps; en conséquence, il n’y avait pas souvent de courant. On peut aisément imaginer les conséquences sur les services que la Mairie est supposée rendre aux citoyens. On ne peut changer le Maire tant que le petit arrangement politique qui l’a mis en place demeure. Je soutiens donc qu’il faut élire le Maire au suffrage universel direct des habitants de la Commune. Ainsi, les candidats au poste de Maire sont obligés de se faire connaitre à l’avance ; faire campagne dans tout le territoire de la Commune; proposer un projet de développement de la Commune etc. Ils pourront ainsi être tenus de répondre de leur gestion. La transition est une réelle opportunité pour des changements politiques volontaires et bien inspirés ; une période de réorientation à la lumière des leçons apprises.
Je prêche peut être dans le désert ! Au Mali on n’aime pas le changement ou si…le changement dans la continuité.
 
Balazanba
14/09/2012

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